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MBS : Jérusalem et Ryad se rapprochent « chaque jour » de la normalisation

Selon un haut fonctionnaire US, Benjamin Netanyahu sait qu'il "devra faire des choses très difficiles" sur le front palestinien qui reste un élément important de tout éventuel accord

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane participant au dialogue informel des dirigeants de l'APEC avec les invités lors du sommet de l'APEC de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique, à Bangkok, en Thaïlande, le 18 novembre 2022. (Crédit : Athit Perawongmetha/Pool Photo via AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane participant au dialogue informel des dirigeants de l'APEC avec les invités lors du sommet de l'APEC de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique, à Bangkok, en Thaïlande, le 18 novembre 2022. (Crédit : Athit Perawongmetha/Pool Photo via AP)

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a déclaré mercredi que « chaque jour, nous nous rapprochons » de la normalisation des liens entre l’Arabie saoudite et Israël, tout en précisant que la question palestinienne reste un élément « très important » du processus.

Ces commentaires représentaient les rares remarques publiques en anglais de ben Salmane concernant l’effort de normalisation, offrant un degré supplémentaire d’optimisme quant à ses chances, quelques heures après que le président américain Joe Biden et le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont discuté de la question lors d’une réunion en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.

Ben Salmane, le dirigeant de facto de l’Arabie saoudite connu familièrement sous le nom de MBS, a fait ces commentaires lors d’une interview avec Fox News, qui a publié plusieurs brèves séquences de la conversation qui ont été diffusées dans leur intégralité mercredi soir.

Le prince héritier a longtemps été considéré comme moins hostile à Israël que son père, le roi Salman, déclarant à The Atlantic l’année dernière : « Nous ne considérons pas Israël comme un ennemi, mais comme un allié potentiel, avec de nombreux éventuels intérêts communs. »

« Mais nous devons résoudre certains problèmes avant d’en arriver là (…). Nous espérons que le conflit entre Israéliens et Palestiniens soit résolu », a-t-il précisé.

Dans l’interview de mercredi, ben Salmane a déclaré : « Pour nous, la question palestinienne est très importante. Nous devons résoudre cette partie (…). Et nous avons une bonne stratégie de négociation jusqu’à présent. »

« Nous devons voir où nous allons. Nous espérons parvenir à un accord qui facilitera la vie des Palestiniens et permettra à Israël de jouer un rôle au Moyen-Orient », a-t-il ajouté, exprimant clairement son désir d’améliorer les conditions de vie des Palestiniens, plutôt que de garantir un État à proprement dit. C’est depuis longtemps l’objectif de l’Arabie saoudite, qui a lancé en 2002 l’initiative de paix arabe, qui proposait à Israël de normaliser ses relations avec l’ensemble du monde arabe uniquement après avoir négocié avec les Palestiniens une solution fondée sur la coexistence de deux États.

Ben Salmane a toutefois souligné qu’il ne prévoyait pas de négliger complètement les Palestiniens.

Le haut fonctionnaire de l’Administration Biden qui a informé les journalistes après la rencontre Biden-Netanyahu mercredi soir a déclaré que le Premier ministre israélien comprenait également l’importance de la question palestinienne dans les pourparlers de normalisation.

« Il y a un consensus entre tous les dirigeants au sujet de cette étape historique entre Israël et l’Arabie saoudite : tous les dirigeants impliqués devront faire des choses très difficiles. Et cela inclut le Premier ministre d’Israël, doublé d’une composante liée à la question fondamentale entre les Israéliens et les Palestiniens », a déclaré le haut fonctionnaire de l’administration tout en refusant d’approfondir sur ce à quoi cette composante pourrait ressembler.

Cela marquerait un changement dans la façon de penser de Netanyahu qui, par le passé, a cherché à minimiser publiquement l’importance de la composante palestinienne dans les pourparlers de normalisation saoudiens. Netanyahu a longtemps été réticent à faire des concessions aux Palestiniens et il est aujourd’hui limité par une coalition radicale qui s’oppose majoritairement à une solution à deux États.

Cependant, l’Administration Biden maintient depuis longtemps que des mesures visant à faire progresser de manière significative la solution de deux États sont essentielles pour que l’accord aboutisse, car les concessions seront nécessaires pour apaiser les critiques à l’égard de l’Arabie saoudite dans le monde musulman et arabe, et pour convaincre suffisamment de démocrates progressistes au Sénat de renoncer à leurs réserves sur le bilan de Ryad en matière de droits de l’Homme afin de soutenir l’accord.

Un haut fonctionnaire israélien a déclaré à la presse, sous couvert d’anonymat, après la rencontre entre Biden et Netanyahu, que le Premier ministre avait dit au président que « les Palestiniens devraient faire partie du processus mais ne devraient pas avoir un droit de veto sur le processus », ce qui est le plus proche de la position américaine et saoudienne.

Contraint par ses partenaires de la coalition d’extrême-droite qui s’opposent à la création d’un État palestinien, Netanyahu cherche à limiter les concessions à des projets économiques visant à améliorer les conditions de vie des Palestiniens et à aider l’Autorité palestinienne (AP) à court d’argent, a déclaré mardi au Times of Israel un fonctionnaire au fait de la question.

Un responsable a également déclaré qu’il y a « de bonnes chances de réussir » à trouver un chemin vers un accord de normalisation israélo-saoudien. Il a estimé qu’il y avait 50.1 % de chances de réussir. Le responsable a précisé que Netanyahu n’allait pas changer la composition de sa coalition dans l’unique but de conclure un accord avec Ryad. Il a toutefois clarifié qu’il était ouvert à l’idée d’inclure de nouveaux membres alignés avec les principes de la coalition.

L’AP, lors de ses discussions avec des responsables saoudiens et américains, a fait part de son désir d’obtenir le soutien des États-Unis pour la reconnaissance du statut d’État palestinien à l’ONU, la réouverture par les États-Unis de leur consulat à Jérusalem qui a toujours servi les Palestiniens, l’abandon de la législation du Congrès qualifiant l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) d’organisation terroriste, le transfert par Israël de territoires de Cisjordanie sous contrôle palestinien et la destruction des avant-postes illégaux en Cisjordanie, selon des responsables familiers de la question.

Le président américain Joe Biden, à droite, rencontrant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à New York, le mercredi 20 septembre 2023 (Crédit : Susan Walsh/AP Photo)

Dans ses remarques publiques au début de sa rencontre avec Biden, Netanyahu a réitéré sa conviction qu’un accord de normalisation israélo-saoudien « contribuerait grandement à la fin du conflit israélo-arabe, à la réconciliation entre le monde islamique et l’État juif et à l’instauration d’une paix véritable entre Israël et les Palestiniens ».

Le haut fonctionnaire israélien a déclaré qu’il y avait « de bonnes chances que nous réussissions » à trouver une voie vers un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, lui donnant une chance de 50,1 %.

« Ils se sont mis d’accord pour créer des groupes de travail. L’accent a été mis sur la manière de faire avancer l’accord, et non sur la question de savoir s’il faut le faire. Ils sont entrés dans les détails », a déclaré le fonctionnaire.

La secrétaire d’État adjointe américaine aux affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, s’est montrée légèrement moins optimiste mercredi, déclarant lors d’une interview en direct lors d’une conférence d’Al-Monitor à New York que le chemin vers un tel accord était « long et sinueux » et que les États-Unis essayaient de « faire office de sage-femme » dans les négociations.

Le haut fonctionnaire de l’Administration Biden qui a informé les journalistes après la rencontre Biden-Netanyahu a déclaré : « Il y a une convergence de vues fondamentale non seulement sur l’importance de cette question, mais aussi sur certains des contours de ce qui serait nécessaire ».

« La normalisation est une question très compliquée (…) Personne n’a jamais dit qu’elle était à portée de main », a ajouté le responsable. « Nous avons fait des progrès, mais (…) il y a encore du chemin à faire avant d’y arriver ».

Le responsable de l’administration a déclaré que Biden et Netanyahu avaient eu une discussion « constructive » sur la question « de manière assez approfondie » lors de leur rencontre à New York.

Des militants anti-refonte protestant contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de sa rencontre avec le président américain Joe Biden, à New York, le 20 septembre 2023. (Crédit : Luke Tress/Times of Israel)

Le roi Abdallah de Jordanie a lui déclaré qu’il soutenait l’effort livré par les États-Unis de négocier un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite tout en insistant sur le fait qu’il n’était pas envisageable pour autant de « larguer la Palestine ». Cela semble être l’une des première fois que le Jordanien évoquait les efforts livrés par l’administration Biden. « Le meilleur accord est celui où toutes les parties quittent la table légèrement mécontentes », a ajouté Abdallah.

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a, lui aussi, exprimé un soutien similaire.

En échange de la normalisation de ses relations avec Israël, l’Arabie saoudite demande un pacte de défense majeur avec les États-Unis, d’importants contrats d’armement et la coopération des États-Unis pour la mise en place d’un programme nucléaire civil sur le sol saoudien. Washington attend de Ryad qu’il réduise ses relations économiques et militaires avec la Chine et la Russie.

Interrogé sur la question de savoir si les États-Unis et Israël sont d’accord sur la demande saoudienne d’assistance américaine pour la mise en place d’un programme nucléaire civil, le responsable de l’administration a déclaré : « Quoi que l’on fasse en matière de coopération nucléaire civile avec l’Arabie saoudite ou avec quiconque, cela se fera dans le respect des normes strictes de non-prolifération des États-Unis. »

Un responsable israélien a déclaré, après la rencontre entre Netanyahu et Biden qu’il y avait une « coordination complète » entre Israël et les Etats Unis sur la question du programme nucléaire saoudien. Israël s’est longtemps opposé à ce projet s’il inclut l’enrichissement d’uranium sur le sol saoudien.

Dans un autre extrait de l’interview accordée à Fox News, ben Salmane a déclaré que l’Arabie saoudite devra se doter d’une arme nucléaire si l’Iran le fait.

« S’ils en obtiennent une, nous devrons en obtenir une », a-t-il déclaré.

Ben Salmane a déclaré que l’Arabie saoudite est « préoccupée » lorsqu’un pays acquiert une arme nucléaire. Toutefois, il a laissé entendre que personne n’utiliserait l’arme nucléaire, car cela signifierait déclencher une « guerre avec le reste du monde ». « Le monde ne peut pas vivre un autre Hiroshima », a-t-il ajouté, en référence à la ville japonaise en grande partie détruite par une bombe nucléaire américaine pendant la Seconde Guerre mondiale.

Quant à la demande saoudienne d’un pacte de défense mutuelle avec les États-Unis, le haut responsable de l’administration a déclaré : « L’accord comporte un volet sécurité et un certain nombre d’éléments qui sont fondamentalement dans l’intérêt des États-Unis. » « C’est l’une des raisons pour lesquelles nous poursuivons évidemment cet objectif, mais aussi en raison des dimensions mondiales potentielles. »

En ce qui concerne les tensions en Cisjordanie, le représentant de l’administration a réaffirmé que les États-Unis étaient « préoccupés par la violence des résidents d’implantations et par la violence terroriste », semblant faire le distinguo entre les deux. Biden et Netanyahu ont discuté « d’idées très constructives sur la manière d’aller de l’avant » dans ce domaine.

En ce qui concerne les efforts du gouvernement israélien pour radicalement remanier le système judiciaire, le fonctionnaire a déclaré que « les deux dirigeants ont compris qu’il fallait trouver une solution qui implique un compromis ».

Le fonctionnaire a résumé la réunion en « un échange très constructif, très franc – et finalement, nous l’espérons, productif – que seul le président Joe Biden pouvait avoir avec Bibi Netanyahu », en utilisant le surnom du Premier ministre israélien.

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