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Meurtre de Mireille Knoll : Le procès s’est ouvert devant les assises de Paris

"Il faudrait un miracle pour que la vérité sorte de la bouche" des accusés, a déclaré Me Goldnadel, l'avocat des fils de Mireille Knoll ; le procès est prévu jusqu'au 10 novembre

Une photo de Mireille Knoll, survivante de la Shoah, assassinée, et des fleurs sont placées sur la clôture entourant son immeuble à Paris, le 28 mars 2018. (Crédit : François Guillot / AFP)
Une photo de Mireille Knoll, survivante de la Shoah, assassinée, et des fleurs sont placées sur la clôture entourant son immeuble à Paris, le 28 mars 2018. (Crédit : François Guillot / AFP)

L’affaire avait provoqué indignation et émoi en France et à l’étranger. Le procès de deux hommes, accusés du meurtre à caractère antisémite de Mireille Knoll, une vieille dame juive tuée chez elle en 2018, s’est ouvert mardi à Paris.

Yacine Mihoub, 31 ans, lunettes sur le nez et gilet sur le dos, et Alex Carrimbacus, 25 ans, vêtu d’une chemise bleue, ont pris place dans la petite salle d’audience du palais de Justice.

Les deux hommes, qui s’étaient rencontrés en prison, se rejettent la responsabilité du meurtre.

« Il faudrait un miracle pour que la vérité sorte de leur bouche », a déclaré Me Gilles-William Goldnadel, l’avocat des fils de Mireille Knoll, avant d’entrer dans la salle avec ses clients. Mais le « dossier est accablant », a-t-il estimé, parlant d’une affaire « d’antisémitisme crapuleux ».

« Ce sont des monstres », a lancé le fils, Daniel Knoll, devant les journalistes. « On attend un verdict très sévère. On voudrait que tous les tarés de France sachent qu’ils seront condamnés sévèrement », a-t-il asséné.

Après l’appel des témoins, le président Franck Zientara a débuté la lecture du rapport.

Le 23 mars 2018, les pompiers sont appelés pour un incendie dans un immeuble modeste de l’est parisien. Au deuxième étage, ils découvrent le corps en partie carbonisé de Mireille Knoll, en travers de son lit médicalisé, les jambes ballantes.

La femme de 85 ans, atteinte de la maladie de Parkinson et qui ne peut se déplacer seule, a été frappée de 11 coups de couteau, notamment à la gorge.

Mireille Knoll, 85 ans, une survivante de la Shoah qui a été retrouvée assassinée dans son appartement parisien, en mars 2018. (Crédit : Autorisation)

L’enquête a très vite permis de découvrir que Yacine Mihoub et Alex Carrimbacus étaient sur place. Mais ce qui s’est passé dans le petit appartement reste flou, tant les versions des deux hommes, qui s’accusent mutuellement, sont opposées.

Alex Carrimbacus, un marginal sans domicile fixe avec des antécédents psychiatriques, soutient que Yacine Mihoub lui a proposé de le rejoindre pour un « plan thunes ». Yacine Mihoub, fils de la voisine qui connaissait Mireille Knoll depuis l’enfance et enchaînait les verres de Porto chez la vieille dame, assure lui qu’il avait simplement proposé de venir passer « un bon moment ».

Sur place, selon Alex Carrimbacus, la discussion s’envenime quand Yacine Mihoub accuse Mireille Knoll de l’avoir « balancé » et envoyé en prison. Il la porte dans sa chambre, « l’égorge » aux cris de « Allah Akbar ».

Yacine Mihoub soutient lui qu’Alex Carrimbacus a tout de suite cherché à voler Mireille Knoll, demandant à son arrivée si elle était « blindée ». Il empile fourrures et bibelots. Puis Yacine Mihoub entend un cri dans la chambre, il voit Alex Carrimbacus poignarder la vieille dame. Chacun accuse l’autre d’avoir décidé de mettre le feu.

Deux versions « peu crédibles », estimeront les enquêteurs, dont la tâche est compliquée par la propension particulièrement développée de Yacine Mihoub et Alex Carrimbacus à « mentir » et « manipuler ».

Les deux hommes avaient été condamnés plusieurs fois pour des vols et violences.

La mère de Yacine Mihoub, accusée d’avoir nettoyé le couteau du crime, comparaît, libre, à leurs côtés. L’arme aurait été retrouvée la semaine dernière.

Des femmes participent à une marche silencieuse en mémoire de Mireille Knoll, une survivante de la Shoah de 85 ans poignardée à mort dans son appartement parisien, pour dénoncer le racisme et l’antisémitisme, à Paris, le 28 mars 2018. (Crédit : AP/Thibault Camus)

« Ambivalence »

Les juges d’instruction ont choisi de retenir le caractère antisémite sur la base d’une discussion rapportée par Alex Carrimbacus. Il a affirmé avoir « cru entendre » Yacine Mihoub « parler des moyens financiers des Juifs, de leur bonne situation », et Mireille Knoll intervenir « pour expliquer que tous les Juifs n’avaient pas de bonne situation ».

L’enquête a par ailleurs montré « l’ambivalence de Yacine Mihoub vis-à-vis du terrorisme islamiste qui prône notamment l’antisémitisme », ont noté les juges, en précisant toutefois que personne ne l’avait jamais entendu proférer de propos antisémites.

« Le mobile antisémite n’existe que parce que (Alex Carrimbacus) a essayé de dessiner un mobile » et que les juges n’ont « pas eu le courage d’abandonner ce chef d’accusation sous la pression publique », a affirmé avant l’audience l’un de ses avocats, Me Charles Consigny.

« Contrairement à Yacine Mihoub », Alex Carrimbacus « n’avait aucune raison d’en vouloir à Mireille Knoll », avait de son côté estimé son avocat Karim Laouafi.

Sarah Halimi. (Crédit : autorisation de la Confédération des Juifs de France et des amis d’Israël)

Le drame, survenu un an après le meurtre à Paris de Sarah Halimi, une sexagénaire juive jetée de son balcon, avait entraîné une grande « marche blanche » dans Paris et relancé le débat sur un « nouvel antisémitisme » lié à l’islamisation de certains quartiers.

Mireille Knoll a été tuée « parce que Juive » avait clamé le président Emmanuel Macron, une indignation partagée notamment aux États-Unis et en Israël, face au sort de cette femme qui avait fui Paris en 1942 pour échapper aux rafles antisémites.

La maire de Paris Anne Hidalgo a inauguré mardi dernier une allée de la capitale nommée en mémoire de Mireille Knoll.

Le procès est prévu jusqu’au 10 novembre.

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