Michigan U renvoie une fonctionnaire de la DEI suite à des propos antisémites
Rachel Dawson a déclaré à des professeurs juifs "nous ne travaillons pas avec les Juifs" car "ils sont riches, privilégiés et se débrouillent tout seuls"
JTA – L’Université du Michigan a licencié une directrice de son bureau de la Diversité, de l’Equité et de l’Inclusion (DEI) en raison des commentaires antisémites qu’elle a adressés à des professeurs juifs lors d’une conférence au printemps.
Le New York Times a été le premier à faire état de ce licenciement, qu’une personne connaissant bien l’organe directeur de l’université a confirmé vendredi à la Jewish Telegraphic Agency.
Cette évolution survient dans un contexte de tensions généralisées sur la manière dont les Juifs s’intègrent dans les programmes d’éducation et de formation au sein des universités et d’autres institutions.
Rachel Dawson, l’employée en question, était directrice d’un bureau chargé des initiatives multiculturelles. Elle a été officiellement licenciée jeudi, après que plusieurs membres du conseil d’administration de cette faculté ont été irrités par la réaction initialement laxiste de l’établissement à ses remarques, selon la source, qui n’a pas été autorisée à s’exprimer publiquement sur l’incident.
En mars, Dawson avait déclaré en privé que « l’université est contrôlée par de riches Juifs », que « nous ne travaillons pas avec les Juifs » car « ils sont riches et privilégiés et s’occupent d’eux-mêmes », que « de riches donateurs et des membres juifs du conseil d’administration contrôlent le président » et « réduisent au silence » les étudiants du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, et que « les Juifs n’ont pas d’ADN génétique qui les relierait à la Terre d’Israël », d’après une enquête sur ses commentaires consultée par la JTA.
L’université a commandé une enquête à un cabinet d’avocats externe à la suite d’une plainte déposée par la section du Michigan de l’Anti-Defamation League (ADL). Ce rapport d’enquête indique que certaines des citations de Dawson sont paraphrasées. L’enquête a conclu « qu’il n’est pas possible de déterminer avec certitude si Mme Dawson a fait les remarques exactes qui lui sont attribuées », car Dawson a nié avoir fait plusieurs des remarques dont l’ADL l’accuse. Celles-ci n’ont pas été enregistrées.
Great news from the University of Michigan: Administrator Rachel Dawson has been fired after making vile antisemitic remarks.
Dawson claimed Jewish students don’t deserve diversity support because they’re “wealthy and privileged” and alleging the university is “controlled by… pic.twitter.com/AoTd8l4pkx
— StopAntisemitism (@StopAntisemites) December 13, 2024
Mais après avoir examiné les SMS et autres documents rédigés par les professeurs juifs présents à la conférence qui avaient entamé la conversation, les enquêteurs ont écrit : « Nous concluons que le poids des preuves disponibles soutient le rapport de l’ADL Michigan. »
Selon le New York Times, l’université avait initialement l’intention d’imposer une formation sur l’antisémitisme à Dawson. Mais dans une série de courriels envoyés en octobre, un régent juif a exhorté le président de l’université à la licencier, affirmant qu’elle n’avait pas été « tenue pour responsable d’une manière significative » et qu’elle devait être « licenciée immédiatement ».
Ce régent, Mark Bernstein, est un avocat réputé et un démocrate qui a participé à une série d’actions en faveur des droits civiques à l’échelle de l’État ainsi qu’au conseil d’administration de Bend the Arc, un groupe juif progressiste de défense des droits civiques. Il n’a pas encore répondu à une demande de commentaire de la part de la JTA.
Cependant, la source au fait de la situation a déclaré à la JTA qu’au-delà de ce que le New York Times a rapporté, d’autres régents voulaient également que Dawson soit licenciée et étaient en général mécontents de l’attitude du bureau DEI à l’égard des Juifs.
Alors que des campements anti-Israël étaient actifs sur le campus au printemps, au cours desquels certains manifestants avaient installé une grande pancarte sur laquelle on pouvait lire « Vive l’Intifada », les recteurs ont demandé au vice-provost et responsable de la diversité de l’université d’évaluer les performances du bureau de la DEI. Elle lui a attribué un « A- », ce qui a horrifié les régents, selon la source.
Carolyn Normandin, directrice de l’ADL du Michigan, s’est félicitée de ce licenciement.
« Nous pensons qu’il est important que l’Université du Michigan prenne des mesures contre un administrateur de la DEI, qui aurait tenu des propos profondément antisémites lors d’une conférence », a écrit Normandin à la JTA. « Nous sommes heureux que les administrateurs de l’université aient jugé notre plainte crédible, et nous pensons qu’il s’agit d’un pas vers le rétablissement de la confiance et la garantie que les étudiants juifs se sentent en sécurité et soutenus. »
Ni l’université, ni l’avocat représentant Dawson n’ont répondu aux demandes de commentaires de la JTA. L’université a supprimé la page personnelle de Dawson de son site web vendredi.
Son avocat a déclaré au New York Times que ses déclarations – faites à deux professeurs juifs d’autres universités qui l’avaient interrogée sur les protections de la DEI pour les étudiants juifs du Michigan – avaient été mal interprétées et « qu’il est profondément troublant que l’escalade de cette situation ait conduit à un licenciement sur la base d’une conversation dans la vie privée de quelqu’un ».
Le licenciement de Dawson a été révélé quelques jours après qu’un autre membre juif du conseil d’administration de l’université, Jordan Acker, a été pris pour cible à son domicile par des activistes anti-Israël qui ont brisé ses fenêtres et vandalisé la voiture de son épouse, et peu après que l’université a annoncé qu’elle réduirait certains aspects de ses initiatives DEI, qui ont suscité des critiques particulières dans un contexte d’escalade des controverses politiques.
L’Université du Michigan, qui compte un grand nombre d’étudiants juifs et arabes, est le théâtre d’un malaise permanent depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza et une vague d’activisme sur le campus. Outre le fait qu’Acker ait été pris pour cible pour la troisième fois, le gouvernement étudiant a récemment été dirigé par des activistes qui ont promis de supprimer tout financement des activités étudiantes si l’université ne se désengageait pas d’Israël. Une poignée d’étudiants juifs de l’université ont déclaré avoir été agressés physiquement au cours des derniers mois, sans que l’on sache si ces incidents étaient liés à Israël.
Jeudi, le programme à but non lucratif Échec au crime a annoncé qu’il offrait une récompense de 8 000 dollars à toute personne ayant des informations permettant de retrouver les personnes qui ont vandalisé la maison d’Acker. L’acte de vandalisme a eu lieu à Huntington Woods, une banlieue progressiste de Détroit où vit une importante population juive.