Miki Zohar : Le gouvernement va droit au « divorce »
Le député et chef de la coalition Miki Zohar décrit un "gouffre" entre le Likud et Kakhol lavan, et une situation critique ; des décisions "doivent être prises" sur l'avenir commun
Le gouvernement est incapable de bien fonctionner et va s’effondrer, a déclaré dimanche le chef de la coalition, le député Miki Zohar, alors que les deux principaux partis de la coalition restent très divisés sur un certain nombre de questions.
Zohar, du parti du Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a déclaré au radiodiffuseur public Kan : « Il y a un abîme béant entre nous et Kakhol lavan sur de nombreux sujets au niveau idéologique. »
Le gouvernement d’union, formé après trois élections successives peu concluantes et finalement constitué le 17 mai, est assailli depuis par des querelles et des blocages entre le Likud de droite et le parti centriste Kakhol lavan, dirigé par Benny Gantz.
« Nous ne parvenons pas à fonctionner correctement en tant que coalition », a déclaré M. Zohar.
« C’est comme un couple qui veut divorcer et qui à tout moment » va entamer une procédure pour mettre fin au mariage, a-t-il dit. « C’est le sentiment du moment : que peu importe ce que nous faisons, cela va se terminer entre nous et Kakhol lavan. »
« Comme pour le moment la coalition n’est pas stable, la détérioration ne fera que continuer », a-t-il estimé, sans pour autant exclure la possibilité que la situation se stabilise, permettant au gouvernement de continuer à fonctionner pendant de nombreux mois.
Zohar a déclaré qu’au cours du mois dernier, il a senti la situation se détériorer et que dimanche, elle a atteint « le pire point depuis la mise en place du gouvernement ».
« Nous sommes à un moment critique où nous devons décider où nous allons », a déclaré M. Zohar. « Si la décision prise par Gantz et Netanyahu est que nous ne maintenons pas de gouvernement, nous devrons essayer de mettre en place un gouvernement alternatif ou aller vers des élections. »
Entre autres désaccords, les parties sont actuellement à couteaux tirés sur la question de savoir s’il faut adopter un budget d’un an, comme le préconise Netanyahu, ou un budget de deux ans proposé par Kakhol lavan.
Dans un climat de profonde méfiance entre les deux partis, M. Gantz s’est engagé à ne pas revenir sur sa demande de budget biennal, comme le stipule l’accord de coalition, tandis que le ministre des Finances du Likud, Israel Katz, a déclaré qu’il présenterait une proposition pour 2020 seulement.
En cherchant à revenir sur son accord de coalition avec Gantz et à n’adopter qu’un budget pour le reste de l’année en cours, Netanyahu invoque l’incertitude créée par la crise du coronavirus.
Netanyahu pourrait également soutenir l’option d’un an pour se laisser la possibilité de dissoudre le gouvernement l’année prochaine en ne votant pas un budget 2021 – la seule option qui, selon son accord complexe et alambiqué avec Gantz, lui permettra de renvoyer le pays à de nouvelles élections sans que Gantz ne devienne automatiquement Premier ministre dans l’intervalle.
La date limite actuelle est le 25 août. Si le budget n’est pas adopté d’ici là, des élections seront automatiquement organisées en novembre.
Les deux parties pourraient également se diriger vers un autre différend concernant un projet de loi controversé de l’opposition qui permettrait à la Knesset de contourner la Cour suprême. Zohar a déclaré samedi qu’il chercherait à obtenir le soutien de Netanyahu pour la législation du parti d’opposition de droite Yamina qui sera proposée cette semaine. Kakhol lavan a rapidement répondu qu’il s’opposerait au projet de loi et a appelé le Likud à faire de même.
Netanyahu et Gantz se sont également affrontés lors de la réunion du cabinet de dimanche, en raison des manifestations anti-gouvernementales à l’échelle nationale de citoyens qui demandent au Premier ministre de démissionner en raison de son procès pour corruption. Alors que Netanyahu a condamné les rassemblements comme étant anti-démocratiques, Gantz a insisté sur le fait que les gens avaient le droit de protester.
Selon un article de Haaretz paru le mois dernier, Netanyahu aurait décidé de convoquer de nouvelles élections en raison de la décision du tribunal de district de Jérusalem selon laquelle les témoins commenceront à témoigner à son procès pénal en janvier, avec des audiences qui auront lieu trois fois par semaine.
Selon l’article, M. Netanyahu craint que les requêtes adressées à la Cour suprême de justice ne lui interdisent de continuer à exercer ses fonctions de Premier ministre pendant son procès, et que le procureur général Avichai Mandelblit ne soutienne cette position, ce qui permettrait aux juges de statuer plus facilement en faveur des plaignants.
Des proches non nommés de Netanyahu auraient déclaré que le principal objectif du Premier ministre en retournant aux urnes était de reprendre le contrôle du ministère de la Justice et qu’il mènerait une campagne massive contre le système judiciaire avant les élections. L’actuel ministre de la Justice, Avi Nissenkorn de Kakhol lavan, a défendu le système judiciaire face aux affirmations sans fondement de Netanyahu et de ses alliés selon lesquelles il serait victime d’une « tentative de coup d’Etat politique ».
Netanyahu a rejeté cette information et d’autres comme étant « absurdes », mais a averti qu’un retour aux urnes se produirait effectivement si sa coalition n’adoptait pas un budget d’Etat le mois prochain.
Deux sondages réalisés par la télévision et publiés le mois dernier ont montré que le Likud de Netanyahu perdrait du terrain si des élections étaient organisées maintenant – non pas au profit de Gantz, mais du parti de droite Yamina, dirigé par Naftali Bennett, qui siège actuellement dans l’opposition.
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