Mise en examen de Sophia Chikirou : « Nous n’avons pas peur, nous ne sommes pas intimidés », assure Mélenchon
Le chef des Insoumis s'exprimait juste avant sa propre convocation par la police pour "injure publique", après avoir dressé un parallèle entre le président de l'université de Lille et le nazi Adolf Eichmann
« Nous n’avons pas peur, nous ne sommes pas intimidés » après la mise en examen pour escroquerie aggravée et abus de bien sociaux de la députée insoumise Sophia Chikirou, a assuré mardi Jean-Luc Mélenchon.
« Pas une seule de ces accusations n’a le moindre fondement concret », a clamé le chef de file La France insoumise, exprimant son envie de « passer à autre chose » après six années d’enquête sur ses comptes de campagne pour la présidentielle de 2017.
« Moi, ce que je déplore, c’est l’ambiance pourrie que ça crée dans ce pays », a encore déploré M. Mélenchon, qui s’exprimait juste avant sa propre convocation par la police pour « injure publique », dans le cadre d’une enquête préliminaire.
En avril, il avait dressé un parallèle entre le président de l’université de Lille, qui avait interdit une de ses conférences sur la situation en Palestine, et le nazi Adolf Eichmann.
« ‘Moi je n’ai rien fait’ disait Eichmann. ‘Je n’ai fait qu’obéir à la loi telle qu’elle était dans mon pays’. Alors ils disent qu’ils obéissent à la loi et ils mettent en œuvre des mesures immorales qui ne sont justifiées par rien ni personne », avait-il déclaré.
« Je n’avais l’intention d’injurier personne. J’ai essayé d’introduire (…) un débat sur le sens de la responsabilité personnelle », s’est défendu Jean-Luc Mélenchon mardi, citant la philosophe Hannah Arendt.
S’il reconnaît un manque de « prudence », le fondateur de La France insoumise estime que la plainte déposée par l’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, était « une manière de détourner le regard » sur le « génocide ». « Ne regardez pas ailleurs », a-t-il lancé avant d’être entendu par la police.
L’audition, à laquelle il s’est présenté seul, sans avocat, a duré 1h30.
« Je suis tombé sur un OPJ (officier de police judiciaire, ndlr) historien et philosophe donc pour un peu j’y passais la journée », a-t-il souri à sa sortie.
« Je pense que l’on a un devoir de résistance morale. On pourrait finir tous par ne plus rien dire et douter de nos libertés. Il faut qu’il y ait des paroles fortes, de la polémique », a-t-il ajouté.
M. Mélenchon a également estimé que la parole n’était plus libre en France. « En ce moment ? C’est le défilé, tout le monde y passe pour un oui ou pour un non », a-t-il assuré, évoquant la volonté du nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, de porter plainte contre le député insoumis Raphaël Arnault après un tweet dans lequel il évoquait un « assassinat » de kanaks.