Mort d’Eliyahu Rips, mathématicien ayant affirmé avoir trouvé un code caché dans la bible
Né en Lettonie de survivants de la Shoah, Rips s'était installé en Israël en 1972 ; ses recherches avaient été à l'origine de "La Bible, le code secret", de Michael Drosnin
Eliyahu Rips, un scientifique qui avait affirmé avoir identifié un code secret dans la Bible, est décédé le 19 juillet à l’âge de 75 ans, a signalé vendredi le New York Times.
Né le 12 décembre 1948 en Lettonie – ses parents étaient des survivants de la Shoah – Eliyahu Rips s’était révélé être un prodige du monde des mathématiques, une discipline qu’il avait commencé à étudier à l’âge de 16 ans à l’université de Lettonie.
Cinq ans plus tard, il avait été interné dans un hôpital psychiatrique après avoir tenté de s’immoler aux abords de de l’université, en signe de protestation contre l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie. Il avait été sauvé par des passants, mais il avait été gravement brûlé.
Il était resté dans cet établissement pendant deux ans – et il était devenu célèbre pour ses recherches en théorie géométrique des groupes. Il avait quitté l’hôpital en 1971 suite à une pétition réalisée par la communauté mathématique et il s’était installé en Israël un an plus tard. Il avait obtenu son doctorat à l’université hébraïque en 1975.
En 1994, Rips avait publié un article dans la revue Statistical Science avec Yoav Rosenberg et Doron Witztum, dans lequel les auteurs affirmaient avoir trouvé un code secret dans le livre biblique de la Genèse.
En utilisant une méthode appelée « séquences équidistantes de lettres », les trois hommes déclaraient avoir trouvé les noms et dates de naissance de plusieurs érudits juifs ayant vécu des milliers d’années après la rédaction de la Bible.
La méthode avait consisté à prendre tous les mots de la Torah et à les comprimer en un seul volet de 304 805 lettres.
Un programme de recherche informatisé avait ensuite cherché les lettres placées à une distance prédéterminée les unes des autres, les utilisant pour former des noms et des phrases ayant une signification.
L’article avait inspiré un livre à Michael Drosnin, qui avait déclaré avoir trouvé des prédictions d’événements importants dans la Genèse et dans les quatre autres livres de la Torah en utilisant cette méthode.
Dans ce livre, Drosnin avait écrit qu’il avait prédit l’assassinat de feu le Premier ministre Yitzhak Rabin un an avant qu’il ne se produise, et qu’il s’était rendu en Israël pour l’en avertir.
Il avait également dit avoir trouvé des prédictions de l’assassinat du président américain John F. Kennedy en 1963 et de la mort de la princesse Diana, en 1997.
En 1997, Rips, Witztum, Rosenberg et Drosnin avaient remporté la récompense parodique du prix Nobel, le prix Ig-Nobel, qui récompense les contributions sortant de l’ordinaire qui « font rire et réfléchir ». Les quatre lauréats avaient reçu le prix dans la catégorie littérature.
Lorsqu’il avait été publié pour la première fois, l’article écrit notamment par Rips avait suscité à la fois enthousiasme et scepticisme – mais en 1999, une équipe de chercheurs dirigée par le Dr. Brendan McKay avait publié un article de 45 pages démystifiant la méthode dans Statistical Science.
McKay avait également répondu à un défi lancé par Drosnin, qui a déclaré que « quand mes détracteurs trouveront un message crypté portant sur l’assassinat d’un Premier ministre dans Moby Dick, je les croirai ».
McKay avait ensuite présenté la preuve qu’il avait utilisé la même méthode pour trouver des références faites, entre autres, aux assassinats de Martin Luther King, JFK, Rabin, Abraham Lincoln et à la mort de la princesse Diana.
Au fil des ans, Rips avait pris ses distances par rapport au livre de Drosnin et aux travaux ultérieurs des décrypteurs de la Bible qui devaient ultérieurement utiliser la méthode – même s’il n’avait jamais démordu de la véracité de son travail original.
Selon le New York Times, Rips laisse derrière lui son épouse Dvorah, cinq enfants et plus de 30 petits-enfants.