Nahariya : La crue due à la construction d’un centre commercial
L'ingénieur en chef de la ville du nord affirme qu'un canal en béton construit par l'ancien maire pour remplacer une section de la rivière Gaaton a été la cause de l'inondation
La crue dramatique de la ville de Nahariya, dans le nord du pays, qui a coûté la vie à un homme la semaine dernière, est le résultat direct de la décision prise par la municipalité il y a dix ans de modifier le tracé d’une rivière qui traverse la ville pour faire place à un centre commercial, a déclaré un haut responsable de la ville.
Les récentes pluies torrentielles dans le nord d’Israël ont battu en deux semaines un record de 51 ans de précipitations, avec plus de 400 millimètres de pluie martelant l’ouest et la Haute Galilée, et provoquant des inondations majeures.
Dans la ville de Nahariya ravagée par les inondations, Moti Ben Shabbat, 38 ans, est mort mercredi alors qu’il essayait de sauver des personnes coincées dans une voiture qui s’était renversée.
Mais cette mort était tout à fait évitable, selon une enquête publiée dimanche par Zman Yisrael, le site en hébreu du Times of Israel.
L’ancien maire Jacky Sabag, qui a dirigé la municipalité pendant 30 ans au total jusqu’à ce qu’il perde les élections de 2018, a ignoré les nombreux avertissements des militants qui avaient déclaré que les plans de construction du centre commercial Arena situé à proximité du chemin de la rivière Gaaton, avec un parking souterrain, causeraient un risque d’inondation, ont dit les militants.
This is Moti Ben Shabat (38). He is an Israeli hero.
He came to rescue a mother and her daughter whose car was sinking in a flooding in Nahariya city in northern Israel. He saved their lives but drowned himself.
May his memory be a blessing. ???? pic.twitter.com/s4CiS3de0o
— Hananya Naftali (@HananyaNaftali) January 9, 2020
Les activistes, menés par l’environnementaliste Orit Keren Reich, ont soutenu pendant des années, dans le cadre d’une bataille juridique menée jusqu’à la Cour suprême, que les plans de construction d’une conduite souterraine et d’un canal en béton pour remplacer une section de 500 mètres de la rivière créeraient un étroit goulot d’étranglement qui ne pourrait pas contenir l’eau en cas de fortes pluies.
« Les jours ordinaires, c’est très bien, mais quand il y a une inondation, l’eau est forcée de monter et déborde, car elle n’a nulle part ailleurs où aller », a déclaré Keren Reich à Zman Yisrael.
Bien que la Cour suprême ait reconnu que le processus d’approbation du plan comportait des lacunes, elle a jugé que celles-ci n’étaient pas suffisantes pour annuler entièrement son autorisation, et le centre commercial a été construit.
« J’étais juste assise en attendant qu’un désastre se produise », a dit Keren Reich. « Et maintenant, pour réparer cette réalité tordue que nous aurions pu éviter, l’Etat devra investir une très grosse somme d’argent. »
« Nous avons eu la chance qu’à cause de l’affaire de la Cour Suprême, les planificateurs aient renoncé à un deuxième étage dans le parking, et en aient construit un au lieu de deux. Maintenant ce parking est inondé d’eau et de boue, mais s’il y avait eu un étage supplémentaire, ça aurait été un piège mortel. »
Les affirmations de Keren Reich ont été corroborées par Tal Himi, l’actuel ingénieur en chef de la ville, qui a pris ses fonctions sous la direction du maire Ronen Marelli, vainqueur aux municipales de 2018 et qui a depuis mis fin aux plans visant à interférer davantage avec le tracé du fleuve.
« Le canal en béton à l’entrée est du fleuve dans Nahariya est la cause de la catastrophe qui s’est produite au Gaaton », a-t-il dit à Zman Yisrael. « Il est trop étroit pour endiguer la rivière. »
Himi a soutenu que bien qu’ils soient « mégalomaniaques », les projets de construction initiés par l’ancien maire Sabag n’étaient pas à blâmer.
Au contraire, il a accusé l’autorité locale de drainage, affirmant que celle-ci et Sabag ont été sensibilisés au danger pendant la longue bataille juridique menée par Keren Reich et ses collègues activistes.
Himi a estimé que le coût de réparation des dommages actuels et des travaux de prévention d’une autre catastrophe serait d’au moins 100 millions de shekels (25 millions d’euros) – argent que la municipalité n’a pas. La ville a demandé l’aide du gouvernement.
L’ancien maire Sabag a refusé de commenter le rapport. Le maire actuel, Marelli, a dit : « Nous ne fouillerons pas dans le passé ».