Netanyahu aux élus arabes pour leur soutien au Hezbollah : “êtes-vous devenus fous ?”
Le Hezbollah tire aussi des missiles sur les villages arabes, a dit Netanyahu après la dénonciation par des députés du ban du groupe terroriste libanais par les pays du Golfe
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a vigoureusement critiqué lundi les députés arabes qui ont condamné les États du Golfe pour avoir placé sur la liste noire du terrorisme l’organisation chiite libanaise du Hezbollah.
« Les pays du monde arabe ont décidé de reconnaitre le Hezbollah comme un groupe terroriste. C’est une nouvelle importante. Même fantastique, » a déclaré Netanyahu lundi soir à la Knesset.
« Mais ce qui n’est pas moins fantastique est que deux partis ici à la Knesset ont condamné cette décision. Continuerez-vous à les condamner quand le Hezbollah tirera des missiles sur vos villages ? Etes-vous devenus fous ? » a demandé le Premier ministre, ajoutant immédiatement « excusez-moi pour l’expression. »
Le Hezbollah s’est ouvertement engagé à détruire Israël, et aurait selon les estimations au moins 100 000 roquettes et missiles visant l’Etat juif.
Le mois dernier, le dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah avait menacé de bombarder les installations de stockage d’ammoniaque de Haïfa, se vantant qu’une frappe d’un missile aurait un impact similaire à une attaque nucléaire.
Hadash et Balad, deux des quatre partis qui composent la plupart de la Liste arabe unie à la Knesset, ont publié des condamnations lundi des États arabes sunnites qui ont désigné la semaine dernière le Hezbollah chiite comme une organisation terroriste. Les deux partis ont affirmé que cette action bénéficiait à Israël.
Le classement dans la liste noire du Hezbollah, annoncée mercredi dernier par les six membres du conseil de coopération du Golfe, est intervenue pendant la détérioration continue des relations entre l’Iran, soutien chiite du Hezbollah, et la puissante Arabie saoudite sunnite. Les monarchies du Golfe avaient déjà sanctionné le Hezbollah en 2013 en représailles pour son intervention armée en Syrie en soutien au président assiégé Bashar el-Assad.
Hadash, qui est dirigé par le leader de la Liste arabe unie Ayman Odeg, a dénoncé le classement dans la liste noire, dont il a déclaré qu’elle venait « au service de l’occupation et de l’occupation continue de la terre arabe. »
Hadash soutient le régime continu des Assad en Syrie.
Balad a suivi l’action de Hadash lundi, postant lundi après-midi une condamnation du conseil de coopération du Golfe sur son site internet. « Même s’il y a des critiques de ses activités, il n’y a pas de justification pour condamner l’organisation, » a déclaré Balad au sujet du Hezbollah.
La critique de Netanyahu suivait celles d’autres députés.
Le ministre des Transports Yisrael Katz, membre important du Likud, le parti au pouvoir, a dit d’Odeh et du député Jamal Zahalka, le dirigeant du parti Balad, qu’ils étaient des « traîtres », déclarant qu’il était « incroyable que des membres de la Knesset cherchent à saboter les intérêts d’Israël. »
« Allez rejoindre [l’ancien dirigeant, en fuite, de Balad] Azmi Bishara au Qatar, ou en Syrie – c’est là-bas que sont les traîtres, » a déclaré Katz, cité dans un communiqué publié par son bureau.
Il a déclaré qu’il avait appelé la commission d’éthique de la Knesset à examiner les déclarations et à prendre des mesures disciplinaires contre les députés.
L’ancien ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman, qui dirige le parti Yisrael Beytenu, a critiqué les députés arabes pour être des « représentants des pires extrémistes de tout le monde arabe ».
Le député Yaakov Peri, de Yesh Atid, a trouvé les déclarations « malheureuses ». Pendant un entretien avec la Deuxième chaîne, il a déclaré qu’elles reflétaient une division profonde entre les arabes d’Israël sur le conflit en Syrie, les laïcs soutenant le régime continu d’Assad, et les musulmans religieux s’opposant au régime d’Assad.
Les députés Balad avaient récemment fait les gros titres pour avoir rendu visite à des familles de terroristes palestiniens. Les députés ont maintenu qu’ils aidaient simplement les familles à récupérer d’Israël les corps des attaquants pour les enterrer, mais une vidéo des trois députés observant ostensiblement une minute de silence avait déclenché un scandale en Israël, et poussé la coalition à rédiger un projet de loi controversé pour autoriser les députés à suspendre leurs collègues.
L’ancien député Azmi Bishara dirigeait le parti Balad jusqu’à ce qu’il fuit Israël en 2007 pour des suspicions d’avoir fourni des informations au Hezbollah pendant la deuxième guerre du Liban en 2006. Bishara a démenti ces affirmations, et dit qu’il ne retournerait pas en Israël parce qu’il ne pensait pas qu’il aurait un procès juste. Bishara habite actuellement à Doha, au Qatar.
Odeh a également fait récemment controverse, accusant le 29 février Israël d’avoir assassiné l’ancien dirigeant palestinien Yasser Arafat.
L’AFP a contribué à cet article.