Aryeh Deri, démis de ses fonctions ministérielles, sera vice-Premier ministre
Cette décision fait suite à la décision de la Cour suprême interdisant à Deri d'occuper ces fonctions de ministre de la Santé et de l’Intérieur
Le leader du Shas, Aryeh Deri, conservera son titre de vice-Premier ministre après avoir été démis de ses fonctions ministérielles, a confirmé dimanche son porte-parole.
Ce limogeage de la part du Premier ministre Benjamin Netanyahu est survenu dans le sillage d’un jugement de la Haute cour, qui a estimé que la nomination de Deri à la tête du ministère de l’Intérieur et de la Santé était « déraisonnable à l’extrême ».
La Haute-cour avait pris cette décision en raison des multiples condamnations pénales du chef du Shas et de sa promesse de démissionner de la vie politique dans le cadre d’une négociation de peine conclue pour lui éviter la prison.
Il est difficile de dire si Deri aura la capacité d’assister au réunion du cabinet en tant qu’observateur.
Peu après avoir limogé Deri, Netanyahu aurait quitté la rencontre du cabinet, laissant Deri la diriger.
« J’ai l’intention de continuer à diriger le mouvement Shass, de participer aux réunions des dirigeants des factions de la coalition et d’aider à promouvoir les importantes réformes judiciaires que ce gouvernement a été élu pour promouvoir », a déclaré Deri dans un communiqué. « Aucune décision de justice ne m’empêchera de servir et de représenter mes électeurs », a-t-il ajouté.
De son côté, le leader de Yahadout HaTorah et ministre de la Construction et du Logement, Yitzhak Goldknopf, a indiqué qu’il continuerait à traiter Deri, comme ministre, malgré son renvoi du gouvernement qui a fait suite à un jugement de la Cour suprême.
« Yahadout HaTorah travaillera le plus possible à tout partenariat et à toute initiative permettant de le faire revenir rapidement à la table du gouvernement », a dit Goldknopf dans une déclaration dimanche. « En ce qui concerne nos ministères [les ministères placés sous le contrôle de Yahadout HaTorah], Deri continuera à être ministre de la Santé et de l’Intérieur et c’est ainsi que nous nous rapporterons à lui ».
Netanyahu a renvoyé dimanche Deri pendant une réunion du cabinet. Netanyahu a dit l’avoir fait avec « le cœur lourd » et « une grande tristesse ». Netanyahu s’était engagé à trouver un « moyen légal » pour que Deri puisse continuer à servir l’État d’Israël.
Dans une première réaction, l’ex-Premier ministre et chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a qualifié le gouvernement de « cirque » sur Twitter. « Netanyahu est faible, mais il doit nommer aujourd’hui un ministre de la Santé et un ministre de l’Intérieur à plein temps », a-t-il dit. « Les citoyens d’Israël ne devraient pas payer le prix de la corruption et du désordre de ce gouvernement. » Lapid s’est joint samedi à Tel-Aviv à une manifestation ayant rassemblé quelque 100 000 Israéliens selon les estimations des médias, pour clamer leur refus de la politique du gouvernement Netanyahu, dont ils affirment craindre une dérive antidémocratique.
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Netanyahu est lui-même jugé pour corruption dans plusieurs affaires et son procès est en cours.
En parallèle, la Commission du droit, de la Constitution et de la Justice a discuté du projet de loi présenté à titre privé par son président et portant sur la refonte du système judiciaire du pays.
Les députés de l’opposition, pour leur part, ont boycotté cette session. Le plan soumis par Simcha Rothman de HaTzionout HaDatit diverge du projet du ministre de la Justice Yariv Levin dans la mesure où il prévoit une constitution différente de la Commission chargée de sélectionner les juges, qu’il n’altèrerait pas la procédure de nomination au poste de président de la Cour suprême et qu’il exige un jugement à l’unanimité des quinze magistrats qui siègent à la Cour suprême pour rejeter une loi. Il propose aussi une limitation plus étroite de la notion juridique de « caractère raisonnable ».
Deux manifestants, des étudiants, sont entrés dans la salle où s’était réunie la commission. L’un d’entre eux a qualifié le projet de refonte judiciaire de « coup d’État, d’annulation éhontée de la séparation des pouvoirs. » L’autre a renchéri en affirmant que « vous nous enlevez notre démocratie ».