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Netanyahu destitue la présidente de la commission Corona

"J'ai agi selon ma conscience", a dit Yifat Shasha-Biton, dont la commission a annulé plusieurs mesures du cabinet pour endiguer le virus ; l'éviction n'est pas encore officielle

Yifat Shasha-Biton, membre de la Knesset, assiste à la commission de l'éducation, de la culture et des sports, le 15 juillet 2019. (Hadas Parush/Flash90)
Yifat Shasha-Biton, membre de la Knesset, assiste à la commission de l'éducation, de la culture et des sports, le 15 juillet 2019. (Hadas Parush/Flash90)

Miki Zohar, le représentant de la coalition, a informé mardi la présidente d’une commission parlementaire qu’elle serait démise de ses fonctions après avoir soulevé la colère du gouvernement pour avoir rejeté les restrictions liées aux coronavirus.

Cette décision, qui fait partie des mesures disciplinaires prises contre un certain nombre de députés du Likud pour avoir prétendument enfreint la discipline de la coalition, doit encore être approuvée par la commission parlementaire de la Knesset, mais elle devrait y obtenir un soutien majoritaire.

« Je tiens à vous informer que, compte tenu de votre conduite et de votre absence aux votes obligatoires en séance plénière… il a été décidé de vous retirer de votre poste de présidente de la commission Coronavirus », a écrit M. Zohar dans une lettre adressée à la députée Yifat Shasha-Biton.

En réponse à Zohar, Shasha-Biton a déclaré que la décision de l’évincer était en fait celle du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

« J’ai agi selon ma conscience. La décision du Premier ministre de me destituer est destinée à empêcher que des délibérations sérieuses, des discours, l’écoute du public, [et] d’autres voix soient entendues », a-t-elle écrit sur Twitter. « Je suis également heureuse d’avoir ouvert la commission au public avec transparence, sérieux et une totale vigilance, et je m’engage à continuer à le faire à l’avenir, quelle que soit ma position ».

Shasha-Biton, qui dirige la commission depuis le mois de juin, s’est opposée à Netanyahu lorsqu’elle a annulé un certain nombre de décisions du cabinet visant à restreindre les activités des entreprises pendant la pandémie, notamment la fermeture des restaurants, salles de sport et piscines.

Le député Miki Zohar lors d’une réunion de la commission des arrangements à la Knesset, le 13 janvier 2020. (Hadas Parush/Flash90)

La révocation de Shasha-Biton nécessite officiellement l’approbation de la commission parlementaire. Même si les partenaires de la coalition du Likud au sein du parti Kakhol lavan, qui s’est précédemment opposé à une telle mesure, s’abstiennent de voter sur son éviction, on s’attend à ce qu’une majorité de personnes soutiennent cette mesure.

Outre Shasha-Biton, Zohar a sanctionné plusieurs autres ministres du Likud et membres de la Knesset pour ne pas avoir participé aux votes du plénum, notamment sur une proposition de loi la semaine dernière visant à interdire aux psychothérapeutes d’effectuer une thérapie de conversion des homosexuels.

Ce texte, qui a passé sa première lecture, a été soutenu par le parti Kakhol lavan mais contré par le Likud et les partis ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah de la coalition. Netanyahu lui-même faisait partie des 21 députés du Likud qui n’étaient pas présents lors du vote.

Les sanctions annoncées par Zohar comprennent l’interdiction pour les députés de soumettre des projets de loi jusqu’à la fin de la session actuelle de la Knesset et l’obligation pour les ministres d’exercer leurs fonctions de représentants du gouvernement pendant les sessions plénières.

Le député Shlomo Karhi, qui faisait partie des députés à sanctionner, a violemment attaqué Zohar, qui est un proche allié de Netanyahu.

Le député Likud Shlomo Karhi lors d’une réunion d’une commission de la Knesset, le 13 janvier 2020. (Hadas Parush/Flash90)

« Miki agit de manière erronée et manipulatrice », a écrit Karhi sur Twitter. « Il est source de division, il nuit au Likud et au Premier ministre et doit rentrer chez lui immédiatement ».

« Il a échoué à maintes reprises dans la gestion de la coalition, y compris sur le vote en question la semaine dernière », a ajouté M. Karhi.

Le ministre du Renseignement Eli Cohen, qui était parmi les personnes sanctionnées, a également fustigé Zohar.

« Quand un petit homme projette une ombre géante, cela signifie que le soleil se couche. J’espère que vous agirez pour remplir votre mission et unir la faction », a-t-il écrit sur Twitter.

Zohar a repoussé les critiques, disant qu’il faisait son travail en maintenant la coalition unie. Il a également semblé reconnaître le rôle de Netanyahu dans la décision d’évincer Shasha-Biton.

« Dans une consultation conjointe avec le Premier ministre, il a été décidé d’imposer des sanctions à quiconque enfreint la discipline [de la coalition] exactement comme l’a fait chaque gouvernement israélien dans l’histoire. Je suis désolé que certains n’acceptent pas les critiques et se livrent plutôt à des luttes intestines », a écrit Zohar sur Twitter.

Il a également reçu le soutien de Netanyahu.

« Sans discipline, le Likud ne peut pas gouverner, surtout pendant la crise du coronavirus », a tweeté Netanyahu. « Je demande à tous les membres du Likud de faire preuve de responsabilité, d’écouter le responsable de la faction et de cesser les attaques inutiles au sein de la faction ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (G) avec le député Miki Zohar lors d’une réunion de faction du Likud à la Knesset, le 7 décembre 2015. (Yonatan Sindel/Flash90)

L’un des ministres contre lesquels M. Zohar a annoncé des sanctions est le ministre de la Sécurité publique Amir Ohana, qui a démissionné lundi de la Knesset en vertu de la loi dite norvégienne permettant aux ministres de céder leur siège pour qu’un autre membre de leur parti puisse prendre leur place au Parlement. On ne sait pas si Zohar peut faire appliquer les sanctions contre Ohana.

Suite à ces mesures disciplinaires, le site d’information Ynet a rapporté que 12 députés du Likud – un tiers des législateurs du parti à la Knesset – ont signé une demande de destitution de Zohar en tant que président de la coalition. Une telle décision nécessiterait le soutien de 19 députés du Likud.

Ces sanctions font suite à plusieurs querelles au sein du Likud, dont une prise de bec publique la semaine dernière entre Zohar et le ministre des Finances Israel Katz.

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