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La loi contre la thérapie de conversion des homosexuels passe sa 1e lecture

Kakhol lavan et le Parti travailliste soutiennent la législation malgré l'opposition des alliés religieux de Netanyahu, qui avertissent Gantz : "Vous ne serez pas Premier ministre"

Des militants juifs religieux protestent contre les parents de même sexe et les familles LGBTQ, en face des défenseurs des LGBTQ à Tel Aviv, le 16 décembre 2018. (Tomer Neuberg/Flash90)
Des militants juifs religieux protestent contre les parents de même sexe et les familles LGBTQ, en face des défenseurs des LGBTQ à Tel Aviv, le 16 décembre 2018. (Tomer Neuberg/Flash90)

Une proposition de loi interdisant les très controversées « thérapies de conversion des homosexuels » a été votée à la Knesset mercredi, sous les acclamations des défenseurs des droits des LGBT et la colère des alliés politiques ultra-orthodoxes du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

La proposition de loi a été présentée après que le parti Kakhol lavan de Benny Gantz a soutenu la législation, ce qui a déclenché une nouvelle crise au sein de la coalition. Le Parti travailliste, membre du gouvernement, a également rompu avec la coalition pour soutenir le projet de loi.

La motion présentée par l’opposition a remporté l’approbation de 42 députés alors que 36 s’y sont opposés.

Parmi ses partisans, on comptait de nombreux députés Kakhol lavan, ainsi que le ministre de la Sécurité publique Amir Ohana, un membre ouvertement gay du Likud de Netanyahu, dont les membres ont été officiellement invités à voter contre le projet de loi. De nombreux autres ministres et parlementaires du Likud n’étaient pas présents.

L’assemblée plénière de la Knesset le 22 juillet 2020. (Capture écran / Twitter / Knesset Channel)

Les thérapies de conversion des homosexuels, également appelées thérapies réparatrices, ont été fortement découragées en Israël, aux États-Unis et ailleurs, les principales organisations de santé critiquant ce qu’elles qualifient de méthodes pseudo-scientifiques et le traitement de l’homosexualité comme une maladie mentale.

Bien que découragée par le ministère de la Santé, cette pratique reste légale en Israël et est toujours acceptée dans certains milieux conservateurs et orthodoxes. La législation proposée interdit uniquement aux psychothérapeutes de pratiquer la thérapie de conversion et n’interdit pas aux rabbins de continuer à la pratiquer.

A LIRE / Homosexualité : La « thérapie de conversion » est loin d’avoir disparu en Israël

Le projet de loi doit encore passer trois lectures et être approuvé par une commission de la Knesset avant de devenir une loi et que la pratique soit interdite.

Après l’annonce des résultats du vote, de nombreuses personnes dans l’assemblée plénière ont commencé à applaudir, mais les députés ultra-orthodoxes étaient visiblement furieux.

Ils ont crié à Gantz : « Vous ne serez pas Premier ministre ».

Des sources du Likud ont accusé le groupe Kakhol lavan de violer l’accord de coalition, qui stipule qu’aucune décision – à l’exception de l’annexion de la Cisjordanie – ne peut être promue sans l’accord mutuel des deux parties.

« Kakhol lavan crée des fissures dans la coalition et mène Israël aux élections… c’est effronté et éhonté, contre tous les accords de coalition », a déclaré le ministre Likud David Amsalem à la Knesset après le vote.

Le Likud a violé l’accord de coalition au début de ce mois en soutenant la formation d’une commission d’enquête d’État pour enquêter sur les conflits d’intérêts présumés des juges de la Cour suprême, ce à quoi s’opposait la formation centriste. Cette initiative avait finalement été rejetée par le Parlement, malgré le soutien du Likud.

Une source de Kakhol lavan a été citée par la Douzième chaîne, reconnaissant que le vote était une mesure de « représailles » pour le soutien du Likud à la commission d’enquête sur les juges.

« Nous ne sommes pas des pigeons », a déclaré la source.

Kakhol lavan avait subi d’énormes pressions pour soutenir le projet de loi, puisque le parti a souligné à plusieurs reprises la question de la thérapie de conversion lors de plusieurs campagnes électorales à la Knesset au cours des 18 derniers mois.

Avant le vote, Gantz a demandé aux membres de son parti, via WhatsApp, de soutenir le projet de loi.

« Nous l’avons promis et nous nous y tiendrons », a-t-il écrit. « Il pourrait y avoir des répercussions. Néanmoins, c’est une question morale prioritaire et c’est la bonne chose à faire ».

Le ministre de la Défense Benny Gantz lors de la réunion hebdomadaire du cabinet, au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, le 28 juin 2020. (Olivier Fitoussi / Flash90)

Le ministre du Logement Yaakov Litzman, chef controversé (pour son rôle présumé dans l’affaire de la pédophile présumée Malka Leifer) du parti Yahadout HaTorah, était furieux contre le Likud et Kakhol lavan après le vote.

« La mauvaise conduite de Kakhol lavan, en violation de la discipline de la coalition, est un affront ouvert à notre partenariat politique », a-t-il dénoncé dans une déclaration. « Le Likud doit décider s’il sait comment gérer une coalition ou s’il commet un suicide politique ».

Le numéro 2 de Litzman, Moshe Gafni, a déclaré que le parti « réfléchissait à ses options ».

Les dirigeants du parti Yahadout HaTorah Yaakov Litzman (à droite) et Moshe Gafni (à gauche) s’adressent à la presse à la Résidence du Président à Jérusalem le 23 septembre 2019, après avoir consulté le président Reuven Rivlin sur la question de savoir quel législateur devrait être chargé de former le prochain gouvernement après les élections du 17 septembre. (Hadas Parush/Flash90)

« Nous ne coopérerons pas avec Kakhol lavan », a promis Gafni. « Mais le Likud ne vaut rien non plus. Où était le Premier ministre Netanyahu ? Pourquoi Amir Ohana a-t-il voté en faveur ? ».

Dans une déclaration de suivi, Yahadout HaTorah a annoncé qu’il ne coopérerait plus avec Kakhol lavan.

Un autre parti ultra-orthodoxe, le Shas, a décidé de boycotter tous les autres votes de l’assemblée plénière et a appelé le Likud à « revenir à la raison ».

Cependant, le chef du parti Kakhol lavan au sein du Parlement, le député Eitan Ginzburg, s’est dit « fier » du vote de son parti.

« Personne n’est plus fier que moi », a commenté Ginzburg, qui est ouvertement gay. « L’horreur qui blesse et abuse les jeunes et qui crée des dommages à vie doit quitter ce monde. »

Expliquant son vote, le chef du Parti travailliste et ministre de l’Economie Amir Peretz a dénoncé la thérapie de conversion comme « inhumaine, immorale et anti-juive ».

« Parallèlement à la discipline de la coalition, il y a aussi [notre] conscience », a-t-il écrit sur Twitter.

Le ministre des Affaires sociales, Itzik Shmuli, qui est également du Parti travailliste et qui est homosexuel, a déclaré que cette pratique était un « crime ».

« Les jeunes LGBT doivent être acceptés, pas changés », a-t-il tweeté.

La législation a été proposée par Nitzan Horowitz, leader du parti de gauche Meretz et l’un des six membres de la Knesset ouvertement gay, un record.

Dans sa proposition de loi, Horowitz a cité le consensus professionnel écrasant selon lequel cette pratique est nuisible et provoque une grave détresse mentale.

La lecture préliminaire du texte était initialement prévue pour la semaine dernière, mais l’opposition l’avait retirée après avoir réalisé qu’elle n’avait pas de majorité pour le soutenir. Elle a alors continué à faire pression sur les différents partis et députés pour qu’ils le soutiennent.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu parle au ministre de la Défense Benny Gantz, alors que les deux hommes portent un masque de protection en raison de la Covid-19 lors du conseil des ministres hebdomadaire à Jérusalem, le dimanche 7 juin 2020. (Menahem Kahana/Pool Photo via AP)

De nombreuses célébrités ont soutenu le projet de loi sur les réseaux sociaux. Un groupe de personnes ayant subi la thérapie controversée a envoyé une lettre aux législateurs pour les exhorter à ne pas « abandonner les adolescents à la maltraitance mentale par des ‘thérapeutes’ qui leur feront croire qu’ils sont imparfaits en raison d’une orientation naturelle et humaine ».

« Nous portons tous les cicatrices qui refusent de guérir jusqu’à ce jour », ont-ils écrit. « Nous avons souffert pendant le traitement. Nous nous détestions, nous souffrions de dépression, et certains d’entre nous voulaient ou tentaient de se suicider. Il va sans dire que la ‘thérapie’ n’a pas converti un seul d’entre nous. Nos orientations et nos identités sexuelles n’ont pas changé ».

Le Dr Zvi Fishel, président de l’association psychiatrique israélienne, a appelé les députés à interdire cette pratique avant le vote.

La première loi en matière d’éthique médicale est « tout d’abord, ne pas faire de mal », a-t-il rappelé. « Ce n’est pas une question de religion ou de principes, c’est une question de vie ou de mort ».

Le professeur et rabbin Daniel Sperber à la célébration d’ordination du premier groupe pour Harel Beit Midrash, le 9 juin 2015. (Sigal Krimolovski)

Le mois dernier, un rabbin orthodoxe moderne de premier plan a rendu une décision religieuse contre l’utilisation de la thérapie de conversion, fustigeant les chefs spirituels qui affirment que cette pratique peut être efficace et avertissant qu’elle peut avoir de graves conséquences à long terme.

« Ce traitement, selon des preuves compétentes, n’est pas du tout efficace. Il peut causer de grandes souffrances physiques et psychologiques, voire des conséquences à long terme de dommages graves », a écrit le rabbin et professeur Daniel Sperber en réponse à une demande de la Société israélienne de thérapie sexuelle.

Sperber, un spécialiste du Talmud et des études juives de l’Université Bar-Ilan, lauréat du prix Israël, a écrit que « certaines des méthodes de thérapie de conversion impliquent la torture, et par conséquent d’importants organismes internationaux ont » interdit son utilisation.

En mai, l’Association médicale israélienne et la municipalité de Tel Aviv ont annoncé la création d’une nouvelle ligne d’assistance téléphonique pour les signalements et les plaintes concernant la thérapie de conversion.

Les personnes qui appelleront seront dirigées vers les services sociaux et la police si nécessaire et recevront une aide pour s’entretenir avec les autorités si elles le souhaitent.

La ligne d’assistance téléphonique est accessible au 03-7244660, et est disponible de 8 heures à 15 heures, du dimanche au jeudi.

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