Netanyahu dit pouvoir se passer de quelques escadrons, n’interrompra pas la réforme
Le Premier ministre s'est insurgé contre les menaces des réservistes ; les anciens combattants disent que Netanyahu met en danger la sécurité nationale

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu refusera d’interrompre le processus législatif de sa réforme du système judiciaire controversée, même en cas de refus massif des réservistes. Il aurait déclaré à des confidents qu’Israël peut survivre « sans quelques escadrons ».
Dans sa chronique hebdomadaire du quotidien Yedioth Ahronoth de vendredi, le journaliste Amit Segal cite Netanyahu déclarant à des confidents lors de réunions à huis clos qu’il n’est pas prêt à mettre un terme à la réforme, même face à un refus généralisé de servir.
« Le pays peut se passer de quelques escadrons [de l’armée de l’air], mais pas d’un gouvernement », aurait déclaré Netanyahu.
« Mettre fin à la législation ne signifierait qu’une seule chose : il est inutile d’avoir une autorité exécutive, puisqu’elle ne peut rien faire », a déclaré Netanyahu.
Segal a ajouté que Netanyahu était « mentalement préparé » à une nouvelle tentative de refus massif de la part des réservistes.
La coalition devrait faire passer son projet de loi sur le « caractère raisonnable », qui limiterait considérablement le contrôle judiciaire sur le gouvernement, au cours des deux prochaines semaines.
L’article ne précise pas quand Netanyahu a tenu ces propos, mais ils interviennent quelques jours après qu’il a été enregistré en train de s’emporter contre les réservistes, qui l’ont ensuite accusé de mettre en danger la sécurité nationale.

Netanyahu a été entendu en train de s’emporter contre la perspective que des soldats refusent de servir – beaucoup d’entre eux le font à titre bénévole – en raison des efforts de son gouvernement pour réformer le système judiciaire.
Ses commentaires, révélés par la Treizième chaîne mercredi, ont été faits lors d’une réunion avec des conseillers juridiques et le procureur de l’État Amit Aisman. Ce dernier a expliqué au Premier ministre que toutes les demandes de refus sont examinées au cas par cas.
« Je ne peux imaginer rien de plus grave que d’organiser un effort massif pour enfreindre la loi… C’est inconcevable… Cela nuit au corps de l’État, à la sécurité nationale », a déclaré Netanyahu.
Les anciens combattants des unités spéciales de renseignement ont déclaré dans un communiqué jeudi que Netanyahu « comprend qu’il, et lui seul, est en train de démanteler le pays et l’establishment de la Défense. Ne nous parlez pas de ‘sécurité de l’État’ alors que vous vous précipitez vers une dictature à la russe ou à l’iranienne ».
Un autre groupe d’anciens du renseignement a déclaré que les enregistrements de Netanyahu « montrent qu’il comprend les dommages causés à la sécurité par les actions du gouvernement ».
« La responsabilité de la sécurité de l’État est entre ses mains. »
Le groupe de réservistes les Frères d’armes a déclaré que Netanyahu « détruit personnellement la sécurité nationale et les relations avec les États-Unis ».
« Il devrait immédiatement mettre fin à la législation qui déchire la nation et admettre qu’une armée du peuple ne peut exister que dans une démocratie. »
Selon les médias israéliens, les pilotes réservistes ont rencontré lundi le chef de l’armée de l’air, Tomer Bar, et l’ont mis en garde contre d’éventuels refus massifs de se porter volontaires si le gouvernement fait avancer son projet controversé de réforme du système judiciaire.
Le groupe de pilotes, qui représentait des centaines d’autres, a dit à Bar qu’ils ont juré « de servir le royaume, pas le roi », selon les informations des organes de presse qui n’ont pas été confirmés par Tsahal.

Les pilotes ont averti que certains d’entre eux envisageaient de cesser leur service de réserve en raison des efforts unilatéraux renouvelés de la coalition pour adopter la réforme, avertissant que l’adoption du projet de loi du « caractère raisonnable », ou de tout autre élément du plan, pourrait entraîner un nombre important de refus susceptibles de nuire aux capacités opérationnelles de l’armée, a rapporté le site d’information Ynet.
Contrairement à la plupart des réservistes qui sont appelés à servir sur ordre officiel de Tsahal, les pilotes et autres membres des forces spéciales se présentent plus fréquemment et de manière volontaire, souvent en dehors des situations d’urgence, en raison de la nature de leur poste.
L’armée a déclaré qu’elle prendrait des mesures disciplinaires à l’encontre des soldats qui refuseraient de se présenter au travail lorsqu’on le leur ordonnerait, mais elle a souligné qu’aucune mesure ne serait prise à l’encontre des réservistes qui, à ce stade, ne font que menacer de ne pas se présenter au travail.
Les mesures qui seraient prises à l’encontre des réservistes qui ne se présentent pas au service volontaire ne sont pas claires.
Les réservistes – qui occupent un rôle déterminant dans les activités de routine des unités les plus importantes de Tsahal – ont averti, ces derniers mois, qu’ils ne seraient pas en capacité de faire leur devoir militaire dans un Israël qui ne serait plus démocratique – ce qui sera le cas, accusent-ils, si le gouvernement doit mener à bien son plan de refonte radicale du système judiciaire.
Mardi, 300 réservistes des unités de cyber-défense ont publié une lettre indiquant qu’ils ne se présenteraient pas au service de réserve volontaire en réponse au premier vote sur le projet de loi sur le « caractère raisonnable ».
Les appels à se soustraire au devoir de réserve avaient secoué l’armée au début de l’année, alors que la refonte venait d’être annoncée et avançait ; depuis, ils se sont multipliés malgré leur condamnation par de hauts responsables politiques de l’opposition et de la coalition. La menace s’est encore reforcée, ces dernières semaines, alors que la coalition a relancé son plan de réforme qui viendrait bouleverser le système de la justice du pays, faisant avancer certains éléments du plan – un programme qui avait été longtemps mis en pause au mois de mars suite aux pressions exercées par les réservistes sur le ministre de la Défense, Yoav Gallant.
Lors d’une réunion du cabinet de sécurité dimanche, Gallant a estimé que si un nombre précis de réservistes occupant des postes déterminants – comme les pilotes, les forces spéciales et les unités de renseignement – refusaient de faire leur devoir, alors « l’armée ne sera pas en mesure de le supporter », selon la Douzième chaîne. Le nombre exact – il s’établirait à quelques centaines – n’a pas été médiatisé.