Netanyahu: La divulgation de la réunion en Libye était inutile et ne se reproduira pas
Le Premier ministre israélien a déclaré à la presse chypriote qu'il est très important de rester discrets afin de permettre à d’éventuels liens officieux de devenir officiels
Dans une réprimande indirecte de son ministre des Affaires étrangères, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que l’annonce par Israël de la rencontre d’Eli Cohen (Likud) avec son homologue libyenne – qui a déclenché des émeutes à Tripoli et la destitution de Najla Mangoush de son poste – n’avait pas été « bénéfique » et constituait « une exception à la règle » des contacts confidentiels, et que Jérusalem veillerait à ce que cela ne se reproduise pas.
Interrogé lors d’une interview par la chaîne chypriote ΑΝΤ1 sur le scandale et sur le fait de savoir si la publication de la réunion avait été utile, Netanyahu a répondu : « Eh bien, il est maintenant clair que cela n’a pas été bénéfique. »
Il a pris soin de souligner que l’incident était inhabituel.
« C’est une exception à la règle. Il y a eu d’innombrables contacts confidentiels entre Israël et des dirigeants arabes, des dirigeants musulmans (…). Mais nous avons pris soin de ne pas le révéler [à l’avance] », a déclaré le Premier ministre.
L’interview a été diffusée par ANT1 la semaine dernière, mais les propos de Netanyahu n’ont été largement diffusés que dimanche, quelques heures avant le voyage du Premier ministre sur l’île méditerranéenne et alors que Cohen s’apprêtait à s’envoler pour Bahreïn.
Dimanche dernier, Cohen a annoncé qu’il avait rencontré son homologue libyen en Italie. La révélation de cette rencontre a suscité l’indignation en Libye, et Mangoush a perdu son emploi et a fui le pays. En Israël, la gestion par le gouvernement de cette interaction délicate a suscité une avalanche de critiques, qui ont également valu une réprimande de la part de Washington.
Cohen a été largement critiqué pour avoir rendu publique sa rencontre avec Mangoush, des personnalités de l’opposition l’accusant d’avoir fait preuve d’un manque de jugement « irresponsable, digne d’un amateur » et des sources gouvernementales déplorant un grave coup porté à la diplomatie israélienne.
Son bureau a défendu la décision, affirmant que le ministère n’avait fait cette annonce que pour anticiper la publication imminente dans les médias israéliens d’une fuite sur la rencontre (bien que la pratique usuelle soit en fait d’éviter tout commentaire).
Au-delà des dommages causés à toute perspective de rapprochement discret avec la Libye, les experts diplomatiques ont noté les dommages potentiels causés aux liens officieux d’Israël avec d’autres acteurs régionaux, qui pourraient craindre que les promesses de confidentialité faites par Jérusalem ne soient pas solides.
Dans l’interview, Netanyahu a reconnu « qu’il est très important de maintenir ces canaux discrets qui peuvent éventuellement s’épanouir et se transformer en relations ouvertes, mais pas nécessairement de manière incontrôlée ». « En soi, ils n’ont pas nécessairement à être rendus publics de manière incontrôlée. »
Le Premier ministre a fait remarquer qu’il « avait donné une directive à tous les ministères du gouvernement pour que les réunions de ce type soient approuvées à l’avance par son bureau, et que leur publication soit également approuvée à l’avance par son bureau ».
Netanyahu a fait cette annonce mardi, cherchant apparemment à se distancier de la tempête déclenchée par la nouvelle, bien que les experts aient déclaré qu’il était peu probable que Mangoush ou Cohen aient tenu cette réunion sans précédent sans en informer leur Premier ministre respectif.
« Il s’agissait d’une exception [à la règle]. Nous ferons en sorte qu’elle ne se reproduise pas », a résumé Netanyahu.
Lazar Berman a contribué à cet article.