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Eli Cohen, fustigé pour avoir divulgué sa rencontre avec son homologue libyenne

Des personnalités de l'opposition et de la coalition accusent le haut diplomate de nuire aux relations extérieures d'Israël et de mettre en danger Najla Mangoush, qui aurait fui la Libye

Des personnes brûlant des photos montrant le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen et son homologue libyenne Najla Mangoush, à Tripoli, en Libye, le 27 août 2023. (Crédit : Yousef Murad/AP Photo)
Des personnes brûlant des photos montrant le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen et son homologue libyenne Najla Mangoush, à Tripoli, en Libye, le 27 août 2023. (Crédit : Yousef Murad/AP Photo)

Des personnalités de l’opposition ont critiqué lundi le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen pour avoir révélé la teneur de sa récente rencontre avec son homologue libyenne, qui a été suspendue après l’annonce et qui aurait fui le pays.

Des représentants du gouvernement ont également pris à partie Cohen, des sources haut placées l’accusant de nuire gravement à la diplomatie israélienne. D’autres sources ont réagi à ces critiques virulentes, insistant sur le fait que la décision de rendre la réunion publique avait été coordonnée avec Tripoli.

Cohen a annoncé dimanche qu’il avait rencontré la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangoush, en Italie la semaine dernière, la toute première rencontre officielle entre les hauts diplomates des deux pays. Dans un communiqué, Cohen a qualifié cette rencontre « d’historique » et de « première étape » dans l’établissement de liens diplomatiques entre Israël et la Libye.

L’annonce n’a pas été bien accueillie par la Libye, qui aurait rapidement demandé au ministère israélien des Affaires étrangères de retirer une déclaration en langue arabe sur la réunion, diffusée sur ses réseaux sociaux.

Bien que le ministère ait supprimé les messages, il avait déjà envoyé la déclaration de Cohen aux médias israéliens qui avaient fait état de la rencontre.

Quelques heures plus tard, le Premier ministre libyen Abdul Hamid al-Dbeibeh a suspendu Mangoush et annoncé la formation d’un groupe d’experts chargé d’enquêter sur cette rencontre, tandis que le ministère libyen des Affaires étrangères a nié qu’il y ait eu une rencontre officielle.

Cohen avait déclaré qu’ils avaient discuté de nombreuses questions lors de leur rencontre.

La ministre des Affaires étrangères libyenne Najla Mangoush écoutant son homologue serbe Nikola Selakovic pendant une conférence de presse après des négociations, à Belgrade, en Serbie, le 16 octobre 2022. (Crédit : Darko Vojinovic/AP Photo)

La nouvelle de la rencontre a suscité des protestations éparses à Tripoli et dans d’autres villes de l’ouest de la Libye. Des manifestants ont pris d’assaut le siège du ministère des Affaires étrangères pour condamner la réunion, tandis que d’autres ont attaqué et brûlé une résidence du Premier ministre à Tripoli, selon des médias locaux.

Dans la ville de Zawiya, des manifestants ont brûlé le drapeau israélien, tandis que d’autres ont brandi le drapeau palestinien. Des manifestations ont également eu lieu dans la ville de Misrata, un bastion d’al-Dbeibeh, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l’Associated Press.

Selon certaines informations, Mangoush s’est depuis lors réfugiée en Turquie.

« Les pays regardent la fuite irresponsable ce matin des ministres des Affaires étrangères israélien et libyen et se posent des questions : Est-ce un pays avec lequel il est possible de gérer des relations étrangères ? Est-ce un pays auquel on peut faire confiance ? », a déclaré le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

Lapid, qui a été ministre des Affaires étrangères puis Premier ministre dans le gouvernement précédent, a déclaré que le fait de garder ces réunions discrètes avait permis par le passé d’instaurer un climat de confiance avec des pays qui n’avaient aucun lien avec Israël mais qui ont ensuite établi des relations diplomatiques avec l’État hébreu.

« C’est ce qui se produit lorsque Eli Cohen, un homme sans aucune expérience dans ce domaine, est nommé ministre des Affaires étrangères », a poursuivi Lapid. « L’incident avec le ministre libyen des Affaires étrangères était un acte d’amateurisme, irresponsable et une grave erreur de jugement. »

« C’est un matin de honte nationale et de mise en danger d’une vie pour un gros titre. »

Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a lui aussi critiqué Cohen.

« Lorsque tout est fait pour les relations publiques et les gros titres sans aucune responsabilité ou réflexion, voilà ce qui arrive », a écrit Gantz sur X – anciennement Twitter.

De hauts fonctionnaires cités par les médias israéliens ont déclaré que Cohen avait causé de graves dommages aux relations extérieures d’Israël et ont averti que les dirigeants arabes seraient dissuadés de nouer des liens plus étroits.

« Cela témoigne de l’amateurisme avec lequel le ministère des Affaires étrangères est dirigé », a déclaré une source du ministère au site d’information Ynet.

Des Libyens brûlant des pneus lors d’une manifestation, après l’annonce d’une récente rencontre entre la ministre des Affaires étrangères du pays et son homologue israélien, à Tripoli, le 28 août 2023. (Crédit : Mahmud Turkia/AFP)

Mais une autre source diplomatique a pris la défense de Cohen, déclarant au Times of Israel que les Libyens étaient tout à fait d’accord pour qu’Israël révèle les détails de la rencontre.

« Ils ont accepté la publication », a déclaré le diplomate. « C’était connu. La seule surprise a été le moment choisi. »

Selon la source, les détails de la rencontre avaient déjà commencé à fuiter et les journalistes demandaient des commentaires au ministère des Affaires étrangères. Au lieu de publier une déclaration ultérieurement dans la semaine, Israël a décidé de le faire ce dimanche.

« Nous ne nous réjouissons pas trop qu’ils changent les versions de ce qui s’est passé », a poursuivi le diplomate. « Voici ce qu’ils ont à dire. »

La réunion elle-même a duré deux heures, a déclaré la source, et n’avait rien d’accessoire, comme l’ont prétendu les Libyens depuis lors. L’Italie a été étroitement impliquée dans la planification et les Américains étaient au courant de la réunion.

L’Égypte, voisine de la Libye et l’un des principaux acteurs étrangers dans le pays, n’a pas été impliquée, a déclaré le fonctionnaire.

Le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen lors d’une interview au ministère des Affaires étrangères, à Jérusalem, le 12 juin 2023. (Crédit : Yossi Aloni/Flash90)

La Libye avait plongé dans le chaos après un soulèvement, soutenu par l’OTAN, qui avait entraîné la chute et la mort du dictateur de longue date du pays, Mouammar Kadhafi, en 2011. Des administrations rivales s’étaient hissées au pouvoir dans l’Est et dans l’Ouest du territoire, appuyées par des milices et par des gouvernements étrangers.

Mangoush appartient au gouvernement de Tripoli qui est soutenu par les Nations unies.

Khalid al-Mishri, un homme politique islamiste qui a présidé le Conseil d’État, un organe législatif basé à Tripoli, a condamné Mangoush pour avoir rencontré Cohen et a appelé à la destitution du gouvernement d’al-Dbeibeh, qui est proche des États-Unis et de l’Occident.

« Ce gouvernement a franchi toutes les limites interdites et doit être renversé », a-t-il écrit sur X.

La Chambre des représentants, basée à l’est du pays, a également qualifié la réunion de « crime légal et moral ». Elle a convoqué une session d’urgence lundi dans la ville de Benghazi, dans l’est du pays.

Si Israël et la Libye n’ont jamais officiellement entretenu de liens diplomatiques, il y avait eu, semble-t-il, des contacts établis entre le fils de Kadhafi, Saif al-Islam, et les responsables israéliens. Kadhafi lui-même se serait apparemment tourné vers Israël à un certain nombre d’occasions, notamment pour faire avancer sa proposition d’un pays qui aurait réuni à la fois les Israéliens et les Palestiniens sur le même territoire et qui se serait appelé l’Isratine.

En 2021, le fils du seigneur de guerre libyen Khalifa Haftar se serait rendu au sein de l’État juif pour une rencontre secrète avec les autorités israéliennes. Il aurait offert l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays en échange du soutien israélien.

Lazar Berman a contribué à cet article.

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