Après 9 mois sans visites de haut niveau, Eli Cohen se rend au Bahreïn
Le chef de la diplomatie rencontrera le roi ainsi que son homologue bahreïni ; ce voyage avait été reporté suite à la visite de Ben Gvir au mont du Temple
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, s’apprête à se rendre au Bahreïn dimanche après-midi, quelques semaines après que Manama a reporté sa visite prévue en juillet à la suite de la visite du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, sur le mont du Temple.
Il est prévu que Cohen rencontre lundi le roi Hamad Al Khalifa et le ministre des Affaires étrangères Abdullatif Al Zayani, ainsi que d’autres ministres de second rang. Il visitera également la base de la cinquième flotte américaine au Bahreïn et inaugurera officiellement l’ambassade d’Israël à Manama.
Comme d’habitude, Cohen sera accompagné d’une délégation d’hommes d’affaires chargés de promouvoir le commerce et de stimuler les investissements entre les deux pays.
Cohen sera le premier haut responsable israélien à effectuer une visite officielle à l’un des signataires des accords d’Abraham depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement de Netanyahu à la fin de l’année dernière. Les hauts fonctionnaires arabes ont pris leurs distances par rapport à Israël au cours de la même période.
Bien qu’il n’ait pas été des plus critiques, le Bahreïn s’est néanmoins joint à d’autres pays arabes pour condamner Israël suite aux propos intransigeants tenus par certains de ses ministres.
Outre la visite de Cohen, d’autres signes positifs se profilent à l’horizon. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu doit s’envoler pour les Émirats fin novembre, à l’occasion du sommet sur le climat COP28 qui se tiendra à Dubaï.
Le Premier ministre a également été invité au Maroc par le roi Mohammed VI en juillet, après la reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
La visite de Cohen intervient une semaine après un fiasco avec un autre partenaire arabe potentiel. En effet, suite à la révélation de sa rencontre avec la ministre des Affaires étrangères libyenne libyenne, Najla Mangoush la semaine précédente, Cohen s’est retrouvé sous le feu des critiques pour avoir révélé cette rencontre au grand public. Depuis, Mangoush a été limogée et s’est réfugiée en Turquie, et Cohen a été sévèrement blâmé pour avoir fâché les alliés arabes et les États-Unis.
Cohen a attribué à « ses adversaires politiques » la responsabilité du tollé provoqué.
L’épisode libyen a également révélé les tensions entre Netanyahu et son ministre des Affaires étrangères. Netanyahu a publié un communiqué indiquant que, dorénavant, toute réunion sensible menée par un ministre et toute publication d’informations relatives à une telle réunion devraient d’abord être approuvées par lui, ce qui constitue une réprimande publique claire à l’égard de Cohen.
Cohen devrait rentrer en Israël mardi soir.
Israël et le Bahreïn ont établi des relations diplomatiques complètes en septembre 2020 dans le cadre des accords d’Abraham négociés par les États-Unis, une série d’accords diplomatiques entre l’État juif et quatre pays arabes.
Au Bahreïn, comme dans les Émirats et au Maroc, le soutien du public aux accords d’Abraham est en baisse. Selon un sondage du Washington Institute publié en juillet, 45 % des Bahreïnis avaient une opinion très ou assez positive des accords en novembre 2020. Ce soutien s’est progressivement érodé pour tomber à un maigre 20 % en mars de cette année.