Netanyahu invité à se rendre au Maroc par le roi Mohammed VI
Suite à la reconnaissance de la "marocanité" du Sahara occidental, le roi a remercié et invité le Premier ministre israélien à se rendre à Rabat

Le roi Mohammed VI a invité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu au Maroc après la reconnaissance par l’Etat hébreu de la souveraineté marocaine sur le territoire disputé du Sahara occidental, une décision « clairvoyante », selon un message de remerciement publié mercredi.
« Vous êtes le bienvenu pour effectuer une visite au Maroc, à des dates à notre meilleure convenance mutuelle, à définir par la voie diplomatique », écrit le souverain chérifien dans son message.
Cette rencontre « permettra d’ouvrir de nouvelles possibilités pour les relations bilatérales entre le Maroc et Israël », souligne-t-il.
Selon un communiqué du bureau de M. Netanyahu publié à Jérusalem, le conseiller israélien à la Sécurité nationale Tzahi Hanegbi et le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita « ont décidé ce soir de fixer ensemble une date dans un proche avenir » pour cette visite.
La question du Sahara occidental est « la cause nationale du royaume et la priorité de sa politique étrangère », souligne Mohammed VI dans son message, en saluant une « décision importante (qui est) à la fois, juste et clairvoyante ».
« Elle s’inscrit dans la dynamique internationale irréversible qui voit de nombreux pays (…) favoriser une solution politique définitive à ce différend régional anachronique, sur la base de l’initiative marocaine d’autonomie pour la région du Sahara et dans le cadre de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Royaume », poursuit-il.
Après Washington, Israël a décidé de « reconnaître la souveraineté du Maroc » sur le territoire disputé du Sahara occidental.
« Par cette lettre, le Premier ministre israélien a porté à la Très Haute Attention de Sa Majesté le Roi (Mohammed VI) la décision de l’État d’Israël de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental », a indiqué le Palais lundi dans un communiqué.

Dans sa missive, Netanyahu a précisé que la position de son pays sera « reflétée dans tous les actes et les documents pertinents du gouvernement israélien ».
Enfin, Netanyahu a informé le souverain marocain qu’Israël examinait positivement « l’ouverture d’un consulat dans la ville de Dakhla », située dans la partie du Sahara occidental contrôlée par le royaume.
Rabat souhaite que ses alliés ouvrent des représentations diplomatiques au Sahara occidental en reconnaissance de la « marocanité » du vaste territoire et en gage de leur soutien au royaume.
De fait, pour le roi Mohammed VI, « le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international », avait-il souligné lors d’un discours télévisé.
« Cette reconnaissance renforce cette dynamique », avait-il affirmé.
La décision israélienne, qui était attendue, survient dans un climat de rivalité exacerbée entre le Maroc et l’Algérie, les deux voisins ayant rompu leurs relations diplomatiques en 2021 à l’initiative d’Alger.
Le Maroc et Israël ont normalisé leurs relations diplomatiques en décembre 2020 dans le cadre des Accords d’Abraham, un processus entre Israël et plusieurs pays arabes, soutenu par Washington.
Cette alliance entre le Maroc et Israël – en contrepartie d’une reconnaissance américaine de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental – a encore avivé les tensions avec Alger qui a dénoncé des « manœuvres étrangères ».
Coopération accélérée
Depuis leur normalisation diplomatique, le Maroc et Israël s’activent à accélérer leur coopération, essentiellement militaire, sécuritaire, commerciale et touristique.

Ainsi, lundi, le chef d’état-major israélien a fait part de la nomination d’un attaché militaire pour la première fois au Maroc, le colonel Sharon Itah.
Il prendra ses fonctions dans les prochains mois, a précisé un porte-parole militaire à l’AFP, alors que le bureau de liaison israélien à Rabat doit être élevé au rang d’ambassade et que le Maroc s’apprête à faire de même à Tel Aviv.
Depuis la fin mai, trois ministres israéliens ainsi que le président du Parlement, le conseiller à la Sécurité nationale et des soldats d’une unité d’infanterie d’élite – une première – se sont rendus au Maroc.
Mais ce rapprochement tous azimuts ne fait pas l’unanimité au Maroc, surtout depuis l’accession au pouvoir en Israël de courants ultra-nationalistes.
Si la mobilisation militante a faibli, la cause palestinienne continue de susciter une immense sympathie au sein de la population marocaine.
« Le renforcement de nos relations avec Israël ne se fera pas au détriment de notre position de principe en soutien au peuple palestinien et à ses droits légitimes », a assuré lundi le haut responsable marocain.
L’AFP a contribué à cet article.