Netanyahu prolonge le mandat de Dermer aux USA pour une 6e année
Le Cabinet doit se prononcer dimanche, le Premier ministre cite "des circonstances politiques uniques sur la scène internationale en général et avec les États-Unis en particulier"
Dans une mesure inhabituelle, le Premier ministre Benjamin Netanyahu prolongera le mandat de l’ambassadeur Ron Dermer, envoyé d’Israël aux États-Unis, pour une sixième année. La prolongation sera présentée au cabinet pour être confirmée dimanche.
Netanyahu a déclaré qu’il a pris sa décision en raison de « la situation politique unique sur la scène internationale en général, et dans les relations avec les États-Unis en particulier ».
Le Premier ministre a ajouté : « Durant ses cinq années de mandat, Dermer a réussi à créer un réseau de contacts étendu et de grande qualité qui lui permet de faire avancer les objectifs du pays vis-à-vis de l’administration et du Congrès ».
Le mandat de M. Dermer, né aux États-Unis, avait déjà été prolongé.
Ron Dermer a été impliqué pendant plusieurs années dans la politique républicaine du Congrès, avant d’immigrer en Israël en 1997.
Il a été nommé ambassadeur en 2013, au début du second mandat du président Barack Obama.
Dermer est considéré comme ayant de bonnes relations avec l’administration Trump, en particulier avec le conseiller présidentiel et gendre Jared Kushner, contrairement à l’époque de sa collaboration avec la Maison Blanche de M. Obama – qui était souvent en désaccord avec le gouvernement de Netanyahu.
Dans un courriel adressé au directeur de campagne d’Hillary Clinton, John Podesta, qui a été divulgué par Wikileaks en 2016, M. Dermer a déclaré que l’administration Obama était « sourde » à la « menace existentielle » à laquelle Israël fait face de la part de l’Iran.
Dermer a de bonnes relations avec la base électorale évangélique de Trump, affirmant au New York Times en mai que les « chrétiens dévots » étaient devenus la « colonne vertébrale » du soutien américain à Israël. « Cela représente un bon quart de la population, soit peut-être 10, 15, 20 fois la population juive », avait déclaré M. Dermer.
Il a néanmoins insisté, lors de l’entretien, sur le fait que le gouvernement israélien était déterminé à préserver le large soutien bipartite des Etats-Unis et le soutien juif américain à Israël. « On pourrait dire qu’il y a un changement ici ou là, mais il est évident que pour nous, il est important d’avoir un appui solide, très large et bipartisan », avait indiqué M. Dermer. « On ne peut pas piloter un avion avec une seule aile. »
Malgré cela, le New Yorker a rapporté lundi qu’un rare moment de tension s’est produit entre le gouvernement israélien et la Maison Blanche de Trump en février 2017, un mois après l’entrée en fonction du président américain Donald Trump, et qui se serait transformé en cris et insultes.
« C’est notre putain de maison », aurait dit un responsable américain dont le nom n’a pas été cité en réponse aux demandes de Ron Dermer. À l’époque, Israël cherchait à ce que Trump signe un accord conclu pour la première fois entre le Premier ministre Golda Meir et le président américain Richard Nixon, selon lequel Israël ne déclarerait, ne testerait ou ne menacerait pas d’utiliser des armes nucléaires en échange du fait que les États-Unis ne poussent pas Israël à adhérer au traité de non-prolifération nucléaire.
Dermer était venu à la Maison Blanche pour discuter de l’ajout de la signature de Trump à la lettre lors de pourparlers avec l’ancien conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn, selon le rapport. À l’insu de Dermer, Flynn démissionnera plus tard dans la journée pour avoir menti au vice-président Mike Pence au sujet de ses contacts avec l’ambassadeur russe.
Les collaborateurs de Trump ont été pris au dépourvu à la demande de Dermer et lui ont dit qu’ils avaient besoin de temps pour étudier la question, insinuant qu’il n’était pas clair si les responsables de l’administration Obama avaient parlé de la lettre israélienne avec leurs successeurs.
Le désir d’Israël de réduire au minimum le nombre de collaborateurs qui ont pris part aux conversations au sujet de la lettre, selon le rapport, aurait courroucé les responsables américains qui avaient le sentiment que Dermer se comportait comme s’il était aux commandes, selon le rapport.