Netanyahu promet de soutenir El Al face à l’épidémie de coronavirus
La compagnie aérienne s'est séparée de 160 nouvelles recrues, a interrompu le recrutement ; son syndicat réclame une aide d'urgence en raison des pertes financières considérables
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis dimanche qu’il soutiendrait la compagnie El Al alors qu’elle vient d’entamer une série de licenciements, face aux pertes financières occasionnées par l’épidémie de coronavirus.
Une centaine de personnes suivant des formations pour intégrer les équipages d’El Al ont été contraints de rendre leurs badges dimanche et informés que leur formation était suspendue. La compagnie a renvoyé 60 pilotes censés commencer à voler prochainement. Elle a également gelé le recrutement.
Jeudi, le transporteur aérien a indiqué avoir élaboré un plan de licenciement de quelque 1 000 employés, soit près d’un sixième de ses effectifs.
La compagnie et les employés sont en pourparlers avec les représentants syndicaux ; l’annonce du plan ne signifie pas réellement que 1 000 personnes seront licenciées. L’entreprise emploie quelque 6 300 personnes, dont 3 600 sont des salariés permanents.
Le syndicat d’El Al aurait été surpris par l’ampleur du plan de licenciement, en dépit des précédents avertissements de la compagnie sur les pertes de plusieurs dizaines de millions de shekels de chiffre d’affaires du fait de l’épidémie.
Les représentants syndicaux étudieraient les possibilités de réduire les effectifs de l’entreprise sans licencier les employés, notamment en renonçant aux congés payés et en réduisant le nombre d’équipes de travail.
Des centaines d’employés d’El Al ont tenu une réunion d’urgence dimanche, demandant l’aide du gouvernement, a rapporté le quotidien économique Globes.
La compagnie a déclaré dans un communiqué : « alors que la compagnie tente de faire face aux conséquences de la crise du coronavirus, dans le cadre de l’ajustement des ressources humaines de la compagnie, un message a été communiqué aux pilotes d’El Al en formation, aux personnels de bord et au sol, les informant qu’El Al suspendait ses programmes de formation et qu’aucun employé ne serait embauché pour le moment ».
« De plus, la compagnie procède à certains ajustements, notamment la suspension des formations des équipages de bord et de l’équipage au sol qui devaient débuter prochainement. Notez que la société ne recrutera pas de nouveaux employés jusqu’à nouvel ordre », a indiqué le transporteur national.
Netanyahu a indiqué au secrétaire général du syndicat, Sharon Ben Itzhak, qu’il avait désigné une commission ministérielle pour aider El Al et les autres compagnies aériennes israéliennes.
« J’apprécie le travail que vous faites, et nous vous aiderons et nous occuperons d’El Al », a assuré Netanyahu. Le ministre des Transports Bezalel Smotrich a également promis d’aider la compagnie.
Une commission gouvernementale, dont font partie le ministre du Tourisme Yariv Levin et des représentants du ministère des Finances, s’est réunie dimanche pour discuter d’une éventuelle indemnisation pour les secteurs du tourisme et du voyage. Le gouvernement ne devrait pas le faire en distribuant des fonds, mais plutôt proposer un soutien indirect, notamment en reportant par exemple les paiements dus au gouvernement et en fournissant une aide marketing, selon le quotidien économique Calcalist.
Arnon Bar David, chef de la Histadrout, le syndicat des travailleurs israéliens a déclaré : « nous sommes dans un état d’urgence. Toutes les autorités doivent agir pour prévenir de l’effondrement d’El Al et des autres compagnies. Je dirais à toutes les commissions de ne voyager qu’à bord des compagnies israéliennes ».
Arnon Bar David a demandé 50 millions de shekels au ministère des Finances, a rapporté la Douzième chaîne.
L’État détient des parts d’El Al qu’elle considère comme un atout stratégique, alors que les restrictions imposées par le gouvernement sont partiellement responsables du désastre financier. Son soutien pourrait prendre la forme de versements de liquidités ou d’exonérations fiscales. La compagnie paye une centaine de millions de dollars d’impôts chaque année.
El Al n’a pas soumis de plan d’indemnisation, mais a formé une commission pour déterminer l’étendue du préjudice financier.
La compagnie aérienne pourrait également espérer que le gouvernement réduise les restrictions imposées à ses vols – elle n’est pas autorisée à survoler l’espace aérien de l’Arabie Saoudite, ni à se rendre en Turquie, pour des raisons de sécurité, alors que les compagnies aériennes étrangères opérant à partir d’Israël y sont autorisées.
Certains employés sont déjà en auto-quarantaine, conformément aux directives du ministère de la Santé, après leur retour de pays touchés par le virus.
El Al a déclaré jeudi aux investisseurs israéliens que la compagnie s’attendait à une perte de 50 à 70 millions de dollars de revenus entre janvier et avril. Ce chiffre ne tient pas compte de l’arrêt des vols en provenance d’Italie. Les actions de la compagnie aérienne à la bourse de Tel-Aviv ont chuté de 20 % depuis le début de l’année 2019.
Elle doit également faire face à une vague d’annulations de billets pour les vacances d’été et les vacances de Pâques et payer les avions Dreamliner récemment achetés.
Jeudi, El Al a fait savoir qu’elle suspendait ses vols vers l’Italie et la Thaïlande en raison du virus et qu’elle reporterait au mois d’avril le lancement prévu de sa liaison directe vers Tokyo. La compagnie a prolongé son arrêt des vols vers Pékin et Hong Kong jusqu’en mai. Elle permet à ses clients d’annuler leurs billets peu de temps à l’avance.
Un point positif pour la compagnie aérienne : le prix du carburant a baissé dans le monde entier en raison d’une diminution de la demande, le virus ayant ébranlé les industries mondiales du voyage et du transport.
Israël a mis en place un régime strict de contrôle des frontières pour endiguer le flux du virus, en interdisant aux étrangers qui se trouvaient récemment en Chine, à Hong Kong, à Macao, en Thaïlande, à Singapour, en Corée du Sud, au Japon et en Italie, et en ordonnant aux Israéliens rentrant de ces pays de se mettre en quarantaine.
Le ministère de la Santé a exhorté mercredi les Israéliens à envisager sérieusement de s’abstenir de voyager à l’étranger, devenant ainsi le premier pays à émettre un tel avis.
Israël enregistre 10 cas confirmés de la maladie et aucun décès.
Le coronavirus, qui est apparu en Chine à la fin de l’année dernière, a tué 3 000 personnes et en a infecté plus de 88 000 dans plus de 60 pays. La grande majorité des infections et des décès ont eu lieu en Chine continentale.