Netanyahu : Israël frappera tous les sites nucléaires et « a détruit la moitié des lanceurs iraniens »
Selon le Premier ministre, la campagne est "en avance sur le calendrier" et Tsahal peut frapper Fordo sans les États-Unis - ajoutant que l'opération aiderait au retour des otages car "le Hamas dépend de l'Iran"

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré jeudi dans la soirée qu’Israël était « en avance sur son calendrier » dans son opération contre l’Iran, dépassant ainsi les attentes initiales et prêt pour de nouveaux succès.
Dans une rare interview en hébreu accordée à la chaîne publique Kan, Netanyahu a annoncé qu’Israël avait détruit au moins la moitié des lanceurs de missiles iraniens et éliminé les principaux chefs militaires. D’autre part, le pays cible les forces paramilitaires et frappera tous les sites nucléaires iraniens – y compris l’installation nucléaire fortifiée de Fordo.
« Nous sommes en avance sur le calendrier que nous nous sommes fixé, tant en termes de timing que de résultats », a déclaré le Premier ministre au septième jour de l’opération préventive visant à neutraliser la menace existentielle que représente un Iran doté de l’arme nucléaire.
« Le travail a été remarquable », a ajouté Netanyahu, expliquant qu’il avait décidé de lancer l’opération après que Tsahal a affaibli le Hezbollah, le plus puissant allié de l’Iran, à la fin de l’année dernière, lorsqu’il était devenu évident que l’Iran « se précipitait vers l’acquisition de l’arme nucléaire ».
« L’élimination de [l’ancien chef du Hezbollah Hassan] Nasrallah », ainsi que les victoires d’Israel contre les terroristes du Hamas, ont brisé l’axe iranien. Que reste-t-il à [l’Iran] ?… Cette opération est planifiée depuis de nombreux mois », a poursuivi le Premier ministre.
Interrogé sur l’état des stocks d’intercepteurs de missiles Arrow d’Israël, Netanyahu a répondu : « Nous frappons les lanceurs [iraniens]. Peu importe le nombre de missiles dont ils disposent. Ce qui compte, c’est le nombre de lanceurs dont ils disposent, et nous y sommes presque. Je pense que nous avons déjà détruit plus de la moitié de leurs lanceurs. »

La veille, Tsahal avait annoncé la destruction d’environ 40 % des lanceurs iraniens.
Netanyahu a rendu hommage à la résilience des Israéliens durant cette période de guerre, comparant le front intérieur à la société britannique pendant le Blitz, la campagne allemande de bombardement sur la Grande-Bretagne au cours de la Seconde Guerre.
« Et ce n’est pas terminé »
Sur la question d’éventuelles inquiétudes d’Israël quant à l’utilisation par l’Iran de missiles ou armements « non conventionnels », Netanyahu a précisé que Tsahal ciblait « systématiquement » tous les types d’armements de l’Iran, y compris non conventionnels.
Netanyahu a refusé de s’exprimer au sujet d’un possible assassinat du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. Il a fait à nouveau part de sa position, selon laquelle le changement de régime incombe au « seul peuple iranien », mais a toutefois ajouté que « nous frappons également des cibles gouvernementales, des symboles du régime. Vous en avez été témoins : la radiodiffusion d’État, et d’autres sites. Et ce n’est pas terminé. »
« Nous faisons tout ce qui est nécessaire – et bien d’autres actions suivront », a fait savoir le Premier ministre, affirmant qu’Israël ciblait également la milice paramilitaire Basij du corps des gardiens de la révolution islamique, connue pour réprimer la dissidence en Iran.
« Nous frappons également la milice Basij… une sorte de police intérieure d’un million de personnes. Nous lui avons déjà infligé de lourds dégâts, et nous continuerons à les prendre pour cible », a signalé Netanyahu.

La milice Basij, principalement composée de volontaires, intervient pour la sécurité intérieure, l’application des règles du régime et la répression de la dissidence. Khamenei a notamment déployé le CGRI et la milice Basij pour réprimer les manifestations nationales en 1999, 2009 et 2022.
Mercredi, le ministre de la Défense, Israel Katz, a rapporté que des avions de combat de l’Armée de l’air israélienne « avaient détruit le quartier général de la sécurité intérieure du régime iranien, principal bras armé de l’oppression du dictateur iranien ». Les médias iraniens ont toutefois déclaré que l’attaque avait visé la police iranienne régulière, et non la milice Basij.
À la question de savoir si Israël était en mesure détruire l’installation souterraine de Fordo sans l’aide des États-Unis, Netanyahu a indiqué : « Nous atteindrons tous nos objectifs et nous frapperons toutes leurs installations nucléaires. Nous avons la capacité de le faire. »
Fordo est une installation souterraine, située sous une montagne. Elle est largement considérée comme hors de portée de toutes les bombes, à l’exception des bombes « antibunker » américaines.
Dans la matinée de jeudi, un responsable israélien a fait savoir au Times of Israel que l’État juif attendait une réponse des États-Unis quant à leur participation ou non à l’offensive contre l’Iran dans les prochaines 24 à 48 heures. Un porte-parole de la Maison Blanche a toutefois annoncé ensuite que Trump prendrait une décision « d’ici deux semaines ».
Le choix du président américain Donald Trump « quant à la participation de son pays relève entièrement de sa décision », a fait remarquer Netanyahu.

« Il fera ce qu’il juge bon pour les États-Unis, et je ferai ce qui est bon pour l’État d’Israël », a affirmé Netanyahu, ajoutant : « Comme dit le proverbe, toute contribution est la bienvenue. »
Interrogé par Ayala Hasson de la chaîne publique Kan sur le soutien de Trump à une frappe malgré la position antérieure en faveur d’une solution diplomatique, Netanyahu a indiqué : « Je ne communiquerai aucune information concernant mes entretiens avec le président des États-Unis. »
« Je lui parle presque quotidiennement – des échanges très intéressants », a souligné Netanyahu, précisant que « viendra le moment » de révéler le contenu des discussions entre dirigeants, mais « ne demandons pas aux archives historiques de les dévoiler dès maintenant ».
Avec ou sans les États-Unis
Selon Netanyahu, « le seul élément » qu’il peut dire est que « les États-Unis ont reconnu notre droit à nous défendre contre une menace existentielle » et que, contrairement à son prédécesseur Joe Biden, le président Trump n’a à aucun moment « essayé de nous arrêter ».
Netanyahu a en effet accusé Biden d »avoir tenté de bloquer des opérations contre les mandataires de l’Iran : « Il a imposé un embargo, il a dit : ‘N’entrez pas à Gaza, n’allez pas à Rafah’. »
Le Premier ministre a précisé qu’il avait résisté aux mises en garde de Biden, créant ainsi un précédent sur la manière dont il agirait si Israël faisait face à des pressions similaires durant la guerre contre l’Iran.
« Je lui ai dit : ‘Joe, je n’ai pas le choix. Vous êtes le président des États-Unis, je suis le premier ministre de l’État juif – nous entrerons, et nous irons’. Il existe donc un précédent : même si un président américain tente de nous arrêter, il finira pas nous laisser faire », a expliqué Netanyahu.
« D’ailleurs, cette fois, il n’a pas essayé de nous arrêter », a indiqué le Premier ministre, faisant référence à Trump.
Durant les discussions internes sur l’opération, au cours des six derniers mois, d’autres hauts responsables israéliens se sont inquiétés de ne pas recevoir « le feu vert des Américains », a également fait savoir Netanyahu.
« Vous savez ce que je leur ai répondu ? Nous ne demandons pas de feu vert. De toute façon, nous allons faire ce que nous avons prévu. Nous n’avons pas le choix. Nous ne permettrons pas qu’un ayatollah fou anéantisse 3 500 ans d’histoire juive », a dit Netanyahu, semblant faire référence à Khamenei.
Israël est préparé au coût de ce conflit, a poursuivi Netanyahu. « On nous a dit les dégâts seraient énormes en cas de guerre contre l’Iran. Mais quel que soit le résultat et aussi difficile soit-il, il sera toujours moins dévastateur que la destruction de millions de personnes. Que l’anéantissement de l’histoire juive. C’est pourquoi je n’ai pas le moindre doute. »
« Quel que soit le résultat, même dans le pire des scénarios, nous ne nous attarderons pas sur de simples éventualités. Malgré… la douleur de perdre de précieuses vies civiles, nous parlons ici de la destruction possible de millions… de l’histoire juive, du peuple d’Israël, Dieu nous en préserve… Il n’y avait aucune autre option.”
Sur la question de la guerre en cours dans la bande de Gaza, Netanyahu a fait valoir que le conflit avec l’Iran contribuait à faire avancer la libération des otages restants détenus par le Hamas dans l’enclave.

Selon le Premier ministre, la « seule vraie raison » empêchant la fin de la guerre à Gaza, ce sont les otages. Il a expliqué que l’opération contre la République islamique aiderait à assurer le retour des prisonniers, puisque « le Hamas dépend de l’Iran ».
Netanyahu n’a fourni à Hasson aucun calendrier, même approximatif, pour la campagne contre l’Iran, se contentant d’affirmer qu’elle serait terminée « d’ici la fin de l’opération ».