« Papa, je meurs ! »: les 16 enfants et ados victimes de la tragédie du mont Meron
La cohue a eu lieu alors que plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient réunies pour le pèlerinage au mont Meron, autour du tombeau présumé de Rabbi Shimon Bar Yochaï
Yehoshua, 9 ans. Elazar, 13 ans. Moshe, 14 ans… La bousculade géante qui a été fatale à 45 personnes lors d’un pèlerinage juif orthodoxe dans le nord d’Israël a fauché les rêves de seize enfants et adolescents.
Au surlendemain de la bousculade du mont Meron, la presse israélienne publiait dimanche, à l’encre noire, les portraits des victimes, toutes masculines, aux visages la plupart du temps encadrés de papillotes ou coiffés d’un chapeau noir.
Lunettes à la monture rectangulaire, visage de chérubin semblable à celui de son frère Moshe, Yehoshua Angelred est, à neuf ans seulement, la plus jeune victime de la tragédie.
Les deux frères sont morts écrasés lorsque, selon des témoins, une masse humaine a tenté de quitter tôt vendredi le pèlerinage, à l’occasion de la fête juive de Lag Baomer, mais s’est densifiée dans un couloir métallique étroit humide.
Parmi les 16 enfants ou adolescents décédés figure Elazar Yitzchak Koltai, dit « Azi », 13 ans, dont les funérailles ont eu lieu samedi dans l’école ultra-orthodoxe de Jérusalem qu’il fréquentait.
Selon la mère d’un garçon de sa classe, les camarades d’Azi sont venus tôt le matin pour voir le corps du garçon qui reposait dans le hall, enveloppé d’un talit, un châle de prière.
« C’était vraiment très triste (…) Il y avait beaucoup de pleurs », confie à l’AFP cette mère requérant l’anonymat. Azi était un garçon « vraiment adorable et joyeux » qui « aimait apprendre la Torah », le livre sacré du judaïsme, a-t-elle ajouté.
Eliyahu Cohen, 15 ans, de Beitar Illit.
Moshe Levy 14 ans, de Bnei Brak.
Yosef Yehuda Levy, 17 ans de Rekhasim, près de Haïfa.
Yishai Mualem, 17 ans, de Rekhasim près de Haifa
Nahman Kirshbaum, 15 ans, de Beit Shemesh.
La cohue a eu lieu alors que plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient réunies pour le pèlerinage au mont Meron, autour du tombeau présumé de Rabbi Shimon Bar Yochaï, un talmudiste du IIe siècle qui a rédigé le Zohar, ouvrage central de la mystique juive.
« Papa, je meurs »
Avant le drame, une foule dense dansait et chantait pour cette fête qui célèbre la fin d’une épidémie dévastatrice parmi les élèves d’une ancienne école talmudique du rabbi Akiva.
Hommes et femmes étaient séparés, de nombreux enfants étaient également présents et des bougies et des feux avaient été allumés, selon des images filmées par l’AFP.
Selon le rabbin Tuvia Rosen, la fréquentation de ce pèlerinage nommé « Hiloula » en hébreu (louange, en français) a considérablement augmenté ces dernières années, à mesure que la population de juifs religieux et orthodoxes s’est accrue par le biais d’un fort taux de natalité dans ces communautés, entraînant ainsi une hausse de la participation des jeunes à l’événement.
Avigdor Hayut, 36 ans et originaire de la ville de Bnei Brak, près de Tel-Aviv, participait à la « Hiloula » pour la première fois avec son jeune fils de 10 ans et son ainé de 13 ans, Yedidya, qui n’en est pas revenu vivant.
Samedi, peu avant de quitter l’hôpital où il était hospitalisé pour se rendre aux funérailles de Yedidya, ce père a raconté à la télévision israélienne avoir perdu de vue son fils ainé vers la sortie du site du mont Meron.
« Je me suis retrouvé par terre avec mon plus jeune fils et les gens nous tombaient dessus de toutes parts et nous écrasaient », relate l’homme qui a eu les côtes et la cheville cassées.
« Mon jeune fils a crié ‘Papa je meurs’, mais a été rescapé par « miracle », dit-il. Mais « Yedidya, à ma grande tristesse, n’a pas survécu. C’était un saint ! Et s’il m’avait demandé de dire une chose, ça aurait été ceci : nous avons tous quelque chose en commun, nous sommes Juifs ».