Pas d’autres avant-postes, que les 9 déjà annoncés, légalisés avant quelques mois
Alors que l'AP a plié sous la pression des USA pour retirer la résolution du Conseil de sécurité, Netanyahu a accepté de suspendre toute nouvelle mesure unilatérale pour le moment
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le Bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé lundi qu’Israël avait informé l’administration Biden qu’il suspendait la légalisation de nouveaux avant-postes illégaux en Cisjordanie pour plusieurs mois, mais qu’il poursuivrait les autorisations annoncées au début du mois pour neuf de ces avant-postes.
Cette décision fait suite aux pressions exercées par l’administration Biden sur les dirigeants israéliens et palestiniens pour qu’ils s’abstiennent temporairement de prendre des mesures unilatérales afin de rétablir le calme avant le mois sacré musulman du Ramadan, qui commence fin mars et qui, traditionnellement, accroît les tensions entre les parties.
La pression américaine semble avoir été plus efficace sur l’Autorité palestinienne (AP), qui a accepté de retirer son soutien à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un arrêt immédiat « des activités d’implantation ».
Lundi, Netanyahu a déclaré à sa faction, le Likud, qu’il ne faisait pas vraiment de concession, puisque les « activités d’implantation » ne sont de toute façon autorisées que tous les trois mois. Il a fait remarquer que l’organe du ministère de la Défense qui donne son feu vert à ce type de construction se réunira plus tard cette semaine pour la légalisation de neuf avant-postes et l’avancée des plans de construction d’environ 10 000 logements dans les implantations de Cisjordanie, conformément aux instructions du cabinet, dans ce qui a été présenté comme une réponse à une série d’attentats terroristes à Jérusalem. Le sous-comité de planification de l’Administration civile se réunira donc à nouveau dans trois mois pour donner son feu vert à d’autres projets de construction, a déclaré Netanyahu dans des remarques faites lors de la réunion à huis clos qui ont été divulguées aux médias.
Alors que la communauté internationale considère toutes les implantations comme illégales, Israël fait le distinguo entre les logements construits dans des implantations autorisées par le ministère de la Défense sur des terres appartenant à l’État, et les avant-postes illégaux construits sans permis, souvent sur des terres palestiniennes privées. Cependant, les avant-postes sont parfois établis avec l’approbation tacite de l’État, et les gouvernements successifs ont cherché à légaliser au moins une partie de la centaine de communautés non reconnues.
La déclaration du Bureau de Netanyahu, annonçant la suspension temporaire des légalisations d’avant-postes, précise que les engagements israéliens envers les États-Unis n’incluent pas la promesse de cesser les démolitions de constructions palestiniennes illégales dans la zone C – les 60 % de la Cisjordanie que les Accords d’Oslo ont placés sous le contrôle temporaire de la sécurité et des civils israéliens. Des dizaines, et parfois des centaines de bâtiments palestiniens illégaux, sont détruits par Israël chaque année, bien que les groupes de défense des droits soulignent que les Palestiniens n’ont pas d’autre choix que de construire illégalement, puisqu’Israël n’a autorisé qu’une poignée de projets au cours des dernières décennies. Le nouveau cabinet de droite radicale a ordonné le gel des quelques plans qui avaient été approuvés par le gouvernement précédent.

Malgré la nature apparemment limitée de la concession israélienne, Netanyahu a essuyé les critiques de certains membres de sa coalition. Le député Danny Danon (Likud), qui cherche depuis longtemps à doubler Netanyahu, a écrit sur Twitter qu’il était « très triste » que le gouvernement « cède à la pression extérieure et accepte de geler le développement de l’expansion de la présence juive au cœur du pays ».
« Un véritable gouvernement de droite devrait s’engager à respecter les valeurs sur lesquelles nous avons été élus. Je dis aux membres du gouvernement que nous n’avons aucune légitimité pour geler la construction en Judée et Samarie, pas même pour un jour », a écrit Danon, faisant référence à la Cisjordanie par son nom biblique.
Selon les fuites de la réunion de sa faction, le Likud, qui a suivi lundi, Netanyahu s’est emporté contre Danon, affirmant qu’il aurait dû s’entretenir avec lui avant de s’exprimer sur Twitter. Le Premier ministre a ensuite défendu sa politique, affirmant qu’Israël « approfondit ses racines dans son pays » en réponse au terrorisme et que, malgré l’intense pression américaine, il a tout de même réussi à légaliser neuf avant-postes en Cisjordanie.
« Lors de mes entretiens avec [le secrétaire d’État américain, Antony] Blinken et d’autres responsables américains, je leur ai dit que j’allais légaliser ces avant-postes, avant même les attentats », a déclaré Netanyahu aux députés du Likud.
« Tout ce que nous avons dit aux Américains, c’est que nous n’autoriserons pas dans les mois à venir les avant-postes que nous n’avions pas prévu de légaliser de toute façon », a-t-il expliqué.
« Nous construisons, nous légalisons, puis nous marquons une pause », a résumé Netanyahu. « Nous défendons notre droit de lutter contre le terrorisme, d’approfondir nos racines dans notre pays, et je pense que nous le faisons avec sagesse. »