Pas de procès pour l’affaire Sarah Halimi : « incompréhension » de Valls
"Le prétexte de la folie à travers une justification antisémite du crime ne peut pas écarter la responsabilité" du meurtrier, a déclaré l'ancien Premier ministre

L’ancien Premier ministre Manuel Valls a déclaré dimanche que la décision de la Cour de cassation de ne pas traduire en justice le meurtrier de Sarah Halimi, la sexagénaire juive tuée à Paris en 2017, laissait « un goût profondément amer, d’incompréhension ».
Le 4 avril 2017, Kobili Traoré, 27 ans, de confession musulmane, avait fait irruption chez sa voisine de 65 ans, Lucie Attal aussi appelée Sarah Halimi, et l’avait rouée de coups aux cris de « Allah Akbar », en récitant des versets du Coran, avant de la jeter par-dessus le balcon d’un HLM de Belleville.
« Cette décision laisse un goût profondément amer, d’incompréhension », a affirmé l’ancien chef du gouvernement socialiste sur radio J.
« Bien sûr, il faut juger en droit mais la justice doit pouvoir aider à comprendre ce qui s’est passé, réparer les douleurs et précisément rendre justice. Et dans ce cas-là, elle ne rend pas justice », « elle ne répare pas la douleur de la famille Halimi et de tous ceux qui considèrent à juste titre que c’est un crime antisémite ».
Selon lui, « si la Cour de cassation a rendu son arrêt en fonction du droit, ça veut dire à ce moment-là qu’il faut changer le droit », car « le prétexte de la folie à travers une justification antisémite du crime ne peut pas écarter la responsabilité » du meurtrier.
La Cour de cassation, tout en entérinant le caractère antisémite du crime, a confirmé mercredi l’irresponsabilité pénale du meurtrier, pris d’une « bouffée délirante » lors des faits. Cette décision, qui ne remet pas en cause son hospitalisation psychiatrique ordonnée par la justice, assortie de mesures de sûreté pour 20 ans, a suscité déception et colère de représentants de la communauté juive.