C’est une période difficile pour Qassem Soleimani, le commandant de la Force Al-Qods de la Garde Révolutionnaire. Le général iranien, figure légendaire qui a été repéré sur tous les fronts de bataille possibles dans tout le Moyen-Orient, a récemment dû faire face à plusieurs revers en raison de l’action militaire en Syrie attribuée à Israël.
Ces dernières semaines, Soleimani aurait perdu sept de ses hommes en Syrie et aurait dû donner des explications à Téhéran sur l’ampleur de l’implication de la Force Al-Qods en Syrie, ce qui n’est pas bien accueilli par certaines factions en Iran.
Soleimani et les Gardiens de la Révolution souhaiteraient répondre aux frappes en Syrie, selon les évaluations des responsables israéliens, mais c’est une tâche difficile. Premièrement, il semble que les opérations militaires de l’Iran en Syrie soient surveillées et bien connues par Israël.
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Mais plus encore, dans la carte actuelle des intérêts au Moyen-Orient, il est difficile de trouver des partenaires qui coopéreraient à une tentative de représailles contre Israël.
La Russie, qui s’attend à récolter les bénéfices de son implication en Syrie sous forme de réhabilitation du pays déchiré par la guerre et la construction d’infrastructures russes, ne voudrait pas voir une nouvelle guerre sur le sol syrien après sept ans de guerre civile. La question sera probablement discutée lors de la prochaine visite du Premier ministre Benjamin Netanyahu en Russie.
De même, le président syrien Bashar el-Assad préférerait réhabiliter son pays plutôt que de le voir devenir un mandataire iranien, après avoir récemment débarrassé la capitale Damas des terroristes de l’État islamique et être toujours aux prises avec une bataille concernant le camp de réfugiés de Yarmouk.
Une explosion se produit sur une base militaire, prétendument utilisée par des milices soutenues par l’Iran, à l’extérieur de la ville de Hama, dans le nord de la Syrie, le 29 avril 2018. (Capture d’écran / Facebook)
Même pour la branche iranienne au Liban, le groupe terroriste Hezbollah, la vengeance contre Israël n’est pas facile en ce moment. Juste après une campagne électorale qui a mis l’accent sur les questions internes libanaises, on peut supposer que le Hezbollah, désireux d’accroître son pouvoir au sein du gouvernement du pays, ne serait pas ravi de lancer une nouvelle guerre contre Israël au nom de l’Iran.
Néanmoins, les responsables israéliens estiment que les forces militaires du Hezbollah constituent une part importante de l’enracinement de l’Iran en Syrie.
L’Iran s’efforce secrètement d’établir un groupe de mandataires qui réagirait contre Israël sans impliquer le Hezbollah ou laisser des traces iraniennes – tout comme l’Iran a opéré contre l’Arabie saoudite au Yémen ces dernières années avec l’aide du Hezbollah. Les rebelles Houthi lancent des missiles vers le territoire saoudien toutes les quelques semaines et ont réussi à atteindre des cibles telles que l’aéroport de Riyadh.
Un char du groupe terroriste du Hezbollah est aperçu dans la région de Qara dans la région de Qalamoun en Syrie, le 28 août 2017 (Crédit : AFP / Louai Beshara)
En Syrie, le Hezbollah et son dirigeant Hassan Nasrallah ne s’engagent pas officiellement dans les efforts iraniens. Mais le groupe a accepté d’envoyer ses meilleurs experts et conseillers pour l’aider dans cette tâche : lancer des missiles à longue portée sur Israël, dans l’espoir d’atteindre une cible militaire et de répondre ainsi proportionnellement aux frappes israéliennes présumées.
Israël a identifié certains de ces conseillers en Syrie ainsi que des membres de milices chiites considérés comme des agents de terrain pour Soleimani.
Le commandant de la Force Al-Qods a reçu l’aide du commandant de la Force aérienne des Gardiens de la Révolution, Amir Ali Hajizadeh, et du chef de son programme de missiles sol-sol, le colonel Mahmoud Bakri Katrem Abadi, pour transférer des missiles de l’Iran vers la Syrie.
Mais en plus de tous ces obstacles, Soleimani et ses collègues des Gardiens de la Révolution font également face à une opposition interne, principalement de la part des chefs du camp dit modéré, le président iranien Hassan Rouhani et le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.
Le commandant des forces Al-Qods des Gardiens de la Révolution islamique, Qassem Soleimani (Wikipedia / CC BY 4.0)
L’Iran ne veut pas se retrouver en difficulté en Syrie à la veille de la décision du président américain Donald Trump de se retirer de l’accord nucléaire de 2015.
Mais il faut noter que même après le 12 mai, lorsque Trump annoncera sa décision, personne du camp modéré de Téhéran ne voit l’intérêt de s’impliquer dans une confrontation militaire avec Israël. Cela pourrait être trop coûteux.
L’économie iranienne se détériore et l’accord nucléaire n’a apparemment pas amélioré la situation. Le Wall Street Journal a rapporté lundi que le pays a récemment connu une vague de grèves et de protestations à grande échelle. Le taux de chômage est de 12 %, la monnaie du pays, le rial, plonge, et les prix des produits de base sont en hausse.
Un accrochage iranien en Syrie ne devrait pas ramener le calme dans les rues agitées en Iran. Au contraire, cela ne ferait qu’aggraver la situation, et nous ne pouvons que deviner ce qui se passerait si l’accord nucléaire n’était pas renouvelé et si les sanctions économiques étaient intensifiées.
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