Plus de 1 600 olim appellent le gouvernement à abandonner sa réforme judiciaire
Les nouveaux immigrants parlent de détournement de leur vision du sionisme, par des extrémistes, qui menacent le tissu même du pays comme État juif et démocratique
Plus de 1 600 nouveaux immigrants en Israël ont signé une lettre ouverte publiée lundi dans laquelle ils exhortent le gouvernement à abandonner son projet de réforme du système judiciaire.
« Nous vous écrivons à titre d’Olim et Olot, des citoyens israéliens dévoués ayant fait le choix délibéré de quitter tout ce qui nous était familier dans nos pays d’origine et de lier notre destin à celui de ce pays », peut-on lire dans la lettre adressée au ministre de l’Intégration Ofir Sofer, au ministre des Affaires de la diaspora Amichai Chikli et à la direction de l’Agence juive.
« Nous écrivons cette lettre le cœur lourd. La vision sioniste par laquelle nous avons été insprirés – nous ainsi que tous les Olim qui nous ont précédés – a été détournée par des extrémistes qui menacent le tissu même de ce pays comme État juif et démocratique ».
Parmi les signataires de la lettre figuraient de nouveaux immigrants juifs venant des États-Unis, du Royaume-Uni, de plusieurs pays européens, d’Afrique du Sud, d’Australie, de Russie, d’Ukraine et d’Amérique du Sud, selon un communiqué de presse des organisateurs.
Ces nouveaux immigrants estiment que la réforme judiciaire proposée par la coalition risque de transformer Israël en une tyrannie de la majorité.
« Venant de communautés juives du monde entier, nous avons vécu les préjugés et les discriminations dont sont victimes les membres d’une minorité. Il nous est donc inconcevable que l’État d’Israël, où les Juifs sont majoritaires, puisse représenter une menace aussi grave pour les droits fondamentaux des femmes et des groupes minoritaires, notamment les Arabes, les membres de la communauté LGBTQ et d’autres encore », affirment les nouveaux immigrants.
Les signataires ont déclaré qu’ils ajoutaient « nos voix à l’alarme qui a déjà été tirée par les experts juridiques, financiers et économiques israéliens, les leaders de la haute technologie, les groupes de femmes, les officiers militaires décorés et nos alliés étrangers ».
La législation actuellement en cours d’examen à la Knesset donnerait à la coalition le contrôle de la nomination de tous les juges en Israël, priverait la Cour suprême de justice du droit de réexaminer les Lois fondamentales quasi-constitutionnelles d’Israël, restreindrait sévèrement la capacité de la Haute Cour à annuler les lois jugées incompatibles avec ces lois fondamentales et permettrait à la Knesset d’adopter des lois qui seraient préventivement à l’abri d’un contrôle judiciaire par la Cour suprême.
Selon ses détracteurs, il s’agit d’un changement de régime radical, qui priverait la Cour suprême de tout moyen de contrôle face à la Knesset et à la coalition au pouvoir. Les experts avertissent que cela peut conduire Israël à passer d’une démocratie libérale à un autre système de gouvernance.
Ses partisans affirment, eux, que le pouvoir judiciaire a acquis beaucoup trop de pouvoir ces dernières décennies et que les propositions du gouvernement permettront de rétablir l’équilibre des pouvoirs entre les différentes branches de l’État.