Pour Smotrich et Strouk, Israël n’aura « pas d’autre choix » que de reprendre Gaza
Dans des interviews séparées, les ministres d'extrême droite ont critiqué le désengagement de 2005, et souligné que la reconquête serait indispensable à long terme

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich et la ministre des Missions nationales Orit Strouk, tous deux du parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit, ont séparément appelé jeudi à la reconquête à terme par Israël de la bande de Gaza comme solution aux affrontements répétés avec les groupes terroristes palestiniens dans le territoire.
Lors d’un entretien avec la Quatorzième chaîne, Smotrich a déclaré que le conflit entre Israël et les terroristes de Gaza était un « problème chronique » et a déploré le fait que les responsables politiques n’aient pas écouté les avertissements formulés avant le désengagement de 2005, à savoir le risque de voir des projectiles tirés sur tout le territoire du pays.
« Viendra probablement le moment de retourner à Gaza, de démanteler le Hamas et de démilitariser Gaza. Cela aussi se fera en fonction des intérêts et des considérations générales de l’État d’Israël », a déclaré Smotrich. « Je pense que le moment viendra où il n’y aura pas d’autre choix que de reconquérir Gaza. »
Il a souligné que le cabinet n’était pas en train de débattre d’une telle décision : « Pour l’instant, ce n’est pas pertinent. Nous n’en discutons pas actuellement. »
Ces propos ont été tenus au troisième jour des combats entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Jihad islamique, qui ont donné lieu à l’assassinat du chef du dispositif de roquettes du Jihad et de son adjoint, ainsi que des tirs de roquettes nourris en provenance de Gaza qui ont causé la première victime israélienne de ces derniers affrontements.
L’escalade a commencé après l’élimination par Israël de trois dirigeants du groupe terroriste, tôt mardi, en réponse à des barrages de roquettes provenant de la bande de Gaza la semaine dernière. Le groupe terroriste a répondu aux premières frappes à Gaza un jour plus tard en tirant des centaines de projectiles sur des communautés israéliennes, causant quelques dégâts matériels dans le sud d’Israël.
Dans une interview accordée à la chaîne publique Kan jeudi, Strouk a déclaré que la situation d’Israël vis-à-vis de Gaza était « incompréhensible » et que le retrait d’Israël de l’enclave en 2005 était une erreur.
« Israël a fui Gaza à deux reprises : la première fois pendant Oslo, la seconde lors du désengagement. Cette situation sécuritaire à Gaza est inacceptable », a-t-elle déclaré, faisant référence à l’accord de 1994 conférant à l’Autorité palestinienne une autonomie limitée dans la région.
Strouk a affirmé que, selon elle, un retour à Gaza serait risqué, mais elle a ajouté qu’Israël n’aurait peut-être « pas le choix » à l’avenir. Elle a toutefois souligné qu’un large consensus serait nécessaire au sein de la population avant qu’une telle décision ne soit prise.
» Nous avons constaté un consensus, nous avons voté à une très large majorité l’annulation du retrait du nord de la Samarie. Sur ce point, il y a eu un large consensus national. En ce qui concerne Gaza, je ne pense pas que nous en soyons encore là », a déclaré Strouk, faisant référence à l’annulation par la Knesset, en mars, d’une loi qui ordonnait l’évacuation de quatre implantations du nord de la Cisjordanie en même temps que le retrait d’Israël de la bande de Gaza.
« À long terme, il n’y aura pas d’autre choix que de le faire », a-t-elle ajouté.
En 2005, le Premier ministre de l’époque, Ariel Sharon, avait orchestré l’évacuation unilatérale des implantations juives de Gaza et a remis la région sous contrôle palestinien, mettant ainsi fin à 38 ans de contrôle militaire israélien sur le territoire. Le groupe terroriste Hamas dirige la bande de Gaza depuis 2007, date à laquelle il a chassé l’Autorité palestinienne lors d’un coup d’État sanglant.

Depuis lors, Israël a mené plusieurs guerres contre le Hamas et d’autres terroristes basés à Gaza, notamment l’opération actuelle Bouclier et Flèche, pour tenter de faire cesser le tir de dizaines de milliers de roquettes sur Israël. Les incursions israéliennes dans la bande de Gaza se sont heurtées à une résistance acharnée et plus de 80 soldats des Tsahal ont été tués.
Le Hamas retient les corps de deux soldats israéliens tués en 2014, ainsi que ceux de deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza.
Lors de la dernière vague, un Israélien a été tué, plusieurs ont été blessés et plus de 40 personnes en Israël ont dû être soignées pour des blessures subies alors qu’elles tentaient de se mettre à l’abri, ou en raison de l’anxiété aiguë provoquée par les impacts à proximité.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, au moins 31 personnes ont été tuées lors de l’offensive et au moins 93 autres ont été blessées. Ce chiffre inclut à la fois les terroristes visés par Israël et les civils, en plus des civils qui auraient été tués par des tirs de roquettes du Jihad islamique, selon des responsables israéliens.