Pourquoi les fermiers ont-ils fui leurs terres de Galilée il y a 2 100 ans ?
Des fouilles ont permis de découvrir la scène figée de souffrances existentielles à l'ère hellénique ainsi qu'une communauté agricole antérieure de l'Age de fer
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »
Qu’est-ce qui avait donc amené une famille à partir et à abandonner sa ferme il y a 2 100 ans dans l’Est de la Galilée ?
La découverte sans précédent d’une ferme datant de l’ère hellénistique au cours de fouilles récentes – une ferme figée dans le temps – a offert un aperçu précieux du quotidien de la période hasmonéenne, a indiqué la docteure Amani Abu-Hamid, archéologue au sein de l’Autorité israélienne des antiquités, mercredi.
Ce qui a fait rassembler ses effets personnels précieux à cette famille d’origine encore inconnue et ce qui lui a fait rapidement prendre la fuite – laissant derrière elle toutes sortes de traces à Horbat Asad qui permettent d’en savoir davantage sur ses occupations quotidiennes, par le biais de nombreux poids à métier à tisser et autres artéfacts domestiques, comme de grands récipients ou des outils en fer propres à l’agriculture – sera matière à d’autres recherches, a ajouté Abu-Hamid.
« Nous avons eu la chance de découvrir un instantané temporel, figé dans le temps, avec des objets trouvés là où ils avaient été laissés par les occupants du site et il semble que ces derniers soient partis en hâte face à un danger imminent – peut-être la menace d’une attaque militaire », a-t-elle expliqué.
Abu-Hamid est la directrice de fouilles de sauvetage qui ont été entreprises aux abords du Nahal Arbel avant un projet à hauteur de 910 millions de dollars mené par la compagnie de l’eau Mekorot, et qui vise à pomper de l’eau désalinisée en mer méditerranée pour la rejeter dans le lac de Tibériade, pour soutenir l’agriculture et les foyers.
Jusqu’à présent, il n’y avait pas de vestige de cette période en Galilée, a noté Abu-Hamid. « C’est un site très important et très précieux aussi qui nous enseigne des choses sur le développement de l’empire hasmonéen et sur la vie quotidienne à l’époque hellénistique », a-t-elle déclaré, faisant références à des sources historiques qui établissent que le royaume hasmonéen de Judée s’était élargi vers la Galilée.
Les fouilles ont été l’occasion de découvrir des pièces de monnaie qui, une fois nettoyées, permettront de mieux dater le site. L’endroit a été abandonné, a-t-elle précisé. Des pierres qui se sont écroulées ont préservé les artéfacts et une partie seulement des pierres de la structure a disparu.
Trouvée également pendant les fouilles, les vestiges d’une implantation agricole de l’Age de fer plutôt importante datant du 10e siècle avant l’ère commune, a-t-elle continué. En plus de poids à métier à tisser et de récipients pour faire la cuisine, l’équipe d’archéologues a également découvert des restes organiques qui sont actuellement analysés à des fin de datation grâce au carbone 14. Le processus de dation initial a été effectué par le biais de travaux de typologie céramique.
Les archéologues ignorent pour le moment quelles populations habitaient sur les deux niveaux du site, a dit Abu-Hamid. « Tout montre que les deux périodes se basaient sur l’agriculture », a-t-elle remarqué. Avec le nombre important de poids de métier à tisser, elle présume que les résidents gardaient des troupeaux de moutons et de chèvres.
Quel sera l’avenir de ce site ? Abu-Hamid a dit qu’actuellement, l’Autorité israélienne des antiquités et Mekorot envisageaient toutes les possibilités pour décider quoi faire lorsque toutes les découvertes auront été documentées et examinées de manière appropriée.
Le directeur-général de l’Autorité israélienne des antiquités, Eli Eskosido, a fait savoir dans un communiqué de presse que « l’Autorité israélienne des antiquités et Mekorot coopèrent pour préserver la ferme sur le site lui-même ou à ses environs immédiats ».