Premier sommet du groupe soudanais en faveur de la normalisation avec Israël
La conférence pourrait être une tentative de préparer l'opinion publique à la décision alors que la pression monte à Khartoum pour une normalisation avec Israël

La première conférence de l’“Initiative populaire pour la normalisation avec Israël” s’est tenue dimanche à Khartoum, signe supplémentaire que le gouvernement de transition soudanais pourrait envisager de faire progresser les relations avec Israël.
Les États-Unis auraient fait pression sur le Soudan pour qu’il normalise ses relations avec Israël en échange du retrait de Khartoum de la liste des États qui soutiennent le terrorisme établie par le Département d’État. La présence du Soudan sur cette liste le soumet à des sanctions économiques paralysantes et limite l’accès du pays paupérisé au crédit international.
Selon Al-Hadath, une importante chaîne de télévision arabophone basée aux Emirats arabes unis, le Conseil de souveraineté au pouvoir au Soudan s’est réuni dimanche soir pour discuter de « la paix avec Israël », bien qu’une réunion similaire, jeudi dernier, n’ait pas permis d’avancer.
Une précédente tentative pour organiser une conférence de presse pro-normalisation début octobre a été stoppée par les autorités, avait déclaré à l’époque un membre de l’Association de l’amitié israélo-soudanaise au Times of Israel. Le fait que la conférence actuelle ait été autorisée à se dérouler pourrait signaler un soutien croissant des dirigeants militaires du pays à l’ouverture de relations avec Israël – ou même une tentative de préparer leur public à cette démarche.
Aucun des membres présents à la conférence de presse de dimanche ne semblait être une personnalité publique connue, et ils n’ont pas précisé combien de membres faisaient partie de leur organisation.
« Normaliser signifie simplement rendre normales nos relations avec nos pays, y compris Israël… depuis les années 60, le Soudan est emprisonné par certains concepts idéologiques », a déclaré Najm al-Din Adam Abdullah, membre de la jeune organisation.
Le Soudan a longtemps eu des relations tendues avec l’État juif. En 1967, les États arabes se sont rassemblés à Khartoum pour annoncer une politique qui allait être connue sous le nom des « Trois Non » : pas de paix avec Israël, pas de négociations avec Israël, pas de normalisation avec Israël.
« Nous pensons que le Soudan est resté au même endroit depuis les « Trois Non », et n’a pas été capable d’aller de l’avant », a déclaré Abdullah, ajoutant qu’“une telle relation avec Israël nous a coûté énormément. Cela nous a mis sur la liste des États qui soutiennent le terrorisme”.
« Le tabou israélien… a laissé le Soudan prisonnier de l’histoire », a-t-il conclu.
Le Soudan est actuellement dirigé par un fragile Conseil de souveraineté transitoire dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhan, qui semble soutenir de manière générale les relations avec Israël. Son homologue civil, le Premier ministre Abdalla Hamdok, a cependant été beaucoup plus hésitant, déclarant aux journalistes en septembre qu’une « discussion approfondie de la société » est nécessaire en premier lieu.
Al-Burhan devrait céder le contrôle du Conseil de souveraineté à Hamdok en 2022. Mais la question de la normalisation aurait provoqué un profond clivage entre les deux dirigeants, Al-Burhan étant de plus en plus frustré par l’insistance de Hamdok à dire que le gouvernement de transition n’a pas de mandat pour traiter la question de la normalisation pour le moment.
Tant Al-Burhan que son adjoint, Mohammad Hamdan Daglo – connu sous le surnom d’Hemedti – entretiennent des liens étroits avec les Émirats arabes unis, qui ont récemment signé un accord de normalisation avec Israël. Al-Burhan a même commandé des brigades soudanaises pour les EAU au Yémen, où les Émirats ont rejoint l’Arabie Saoudite dans l’exécution d’une campagne militaire controversée.
« Israël est un pays développé. Le monde entier travaille avec Israël. Pour le développement, pour l’agriculture – nous avons besoin d’Israël », a déclaré Daglo à la télévision Sudan24 à Juba, début octobre.