Premier sommet UE-Ligue arabe à Charm el-Cheikh, en Egypte
Vingt-quatre présidents et Premiers ministres européens sur 28 sont attendus dans la station balnéaire égyptienne, selon un responsable de l'Union européenne
Sécurité, migration, développement économique seront parmi les thèmes évoqués dimanche et lundi au premier sommet des chefs d’Etats de l’Union européenne et de la Ligue arabe à Charm el-Cheikh, dans l’est de l’Egypte.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi accueillera plusieurs de ses homologues européens et arabes, aux côtés des présidents du Conseil européen Donald Tusk et de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
Vingt-quatre présidents et Premiers ministres européens sur 28 sont attendus dans la station balnéaire égyptienne, selon un responsable de l’Union européenne (UE).
Parmi eux, la chancelière allemande Angela Merkel fera le déplacement ainsi que la Première ministre britannique Theresa May, au moment même où cette dernière doit faire face à l’inflexibilité des Européens sur le Brexit.
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, ainsi que les dirigeants lituaniens et lettons, ne seront pas présents, ont ajouté des sources de l’UE.
« D’autres puissances mondiales sont aussi actives dans la région », comme la Chine et la Russie par exemple, « c’est pourquoi il est important que l’Union européenne soit présente là-bas, ce sont nos voisins du sud », a expliqué vendredi le gouvernement allemand.
« Nouveau départ »
Du côté des pays arabes, le Premier ministre libanais Saad Hariri, les présidents irakien Barham Salih et tunisien Béji Caïd Essebsi, seront notamment présents.
Il n’était pas clair dans l’immédiat si le président soudanais Omar el-Béchir, confronté à une vague de manifestations antigouvernementales dans son pays et sous le coup de plusieurs mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), se rendra au sommet.
Selon la presse saoudienne, le roi Salmane devrait représenter Ryad. Les dirigeants européens ne s’afficheront donc pas aux côtés de son fils, le prince héritier Mohammed ben Salmane, dont l’image internationale a été fortement ternie par le scandale provoqué par l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
La Ligue arabe attend de ce sommet un « nouveau départ » pour la coopération arabo-européenne, a déclaré à l’AFP son secrétaire général adjoint chargé des affaires internationales, Khaled al-Habbas.
« Tout ce qui concerne la stabilité régionale et les moyens de combiner les efforts arabes et européens pour relever les défis politiques et de sécurité, sera sur la table », a-t-il insisté, évoquant notamment les migrations, le terrorisme ainsi que le conflit israélo-palestinien.
« Nous aurons des discussions franches et ouvertes, pas seulement sur les migrations, assurément pas », a assuré la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini à la presse lundi, citant notamment la coopération économique en Méditerranée.
Mais, selon un responsable de l’ONU parlant sous couvert d’anonymat, « certains pays de l’UE ne veulent pas discuter de migration. Comment voulez-vous discuter d’un problème si on ne peut même pas l’évoquer? »
« Si sur les aspects migratoires il y a cette approche négative très forte (de l’Europe), alors cela risque de bloquer toutes les autres discussions », explique cette même source.
En décembre, la Hongrie, la République tchèque et la Pologne avaient voté contre le Pacte mondial pour les migrations, ratifié par l’Assemblée générale de l’ONU et destiné à renforcer la coopération internationale.
« Etablir un dialogue »
Selon Marc Pierini, analyste pour le centre de réflexion Carnegie Europe, ancien ambassadeur de l’UE en Tunisie et en Libye, l’enjeu majeur du sommet de Charm el-Cheikh est « d’établir un dialogue qui fasse sens entre deux entités qui sont confrontées à leurs propres défis ».
Cette réunion intervient selon lui à un moment où « les pays arabes ressentent toujours les effets des révolutions initiées en 2011 ». En outre, selon lui, « l’unité de la Ligue Arabe est malmenée ».
De son côté, l’UE est « divisée en interne sur certains de ses principes fondamentaux », dont le respect de l’Etat de droit, assure M. Pierini.
Une source de l’UE a par ailleurs assuré qu’il n’y aurait « pas d’accord dans le désert », en réponse à une question sur la possibilité d’une réunion en marge entre dirigeants européens pour éviter une sortie du Royaume-Uni de l’UE sans accord le 29 mars.
« C’est un sommet entre l’UE et les Etats arabes », a insisté cette source sous couvert d’anonymat. M. Tusk aura toutefois une réunion en tête-à-tête avec Mme May.