Premiers rapatriements d’Israéliens depuis Chypre
Les vols El Al et Arkia en provenance de Larnaca ont atterri à l'aéroport Ben Gurion ; d'autres vols d'Europe sont prévus dans les prochaines heures pour rapatrier 100 000 personnes

Deux vols transportant des centaines d’Israéliens ont atterri mercredi matin à l’aéroport Ben Gurion, quasi désert, donnant le coup d’envoi du rapatriement de près de 100 000 Israéliens bloqués à l’étranger depuis le début de la guerre contre l’Iran, vendredi dernier.
L’espace aérien d’Israël est fermé depuis vendredi dernier, jour où l’armée israélienne a commencé à bombarder, par surprise, les installations militaires du programme nucléaire iranien, ce qui n’a pas manqué de lui attirer des salves de missiles balistiques iraniens. Cette mesure a eu pour effet de prendre au dépourvu des milliers d’Israéliens désireux de rentrer chez eux.
Les deux vols qui ont atterri mercredi matin, opérés par El Al et par la compagnie aérienne locale Arkia, étaient en provenance de Larnaca, à Chypre, désormais l’une des principales plaques tournantes des Israéliens soucieux de rentrer chez eux – comme des étrangers pressés de quitter Israël.
D’autres vols devraient atterrir dans les prochaines heures, cette fois en provenance d’Athènes, Rome, Paris ou d’autres villes européennes. La compagnie aérienne Israir participe également à cette mission.
La ministre des Transports et de la Sécurité routière, Miri Regev, était présente dans la tour de contrôle de l’aéroport Ben Gurion pour accueillir le vol El Al.
« Nous vous attendons tous », a déclaré Regev au pilote. « Nous sommes très heureux de recevoir le premier vol de sauvetage dans le cadre de l’opération Safe Return, et nous nous préparons au pont aérien pour rapatrier tous les Israéliens. »
Un vol d’El Al s’arrête à une porte d’embarquement à l’aéroport Ben Gourion le 18 juin 2025. (Autorisation)
« Tout va bien maintenant »
« Etre à l’étranger et regarder les nouvelles, ce n’est pas facile », explique Tali Gehorsam, qui rentre en Israël après avoir été bloquée hors de son pays, l’espace aérien étant fermé depuis le lancement de la campagne militaire contre l’Iran.
« Nous devions atterrir en Israël entre jeudi et vendredi depuis Londres, pour un voyage en famille », déclare cette mère de famille à l’AFP, « une demi-heure avant d’atterrir à l’aéroport, nous avons été redirigés vers Paphos » à Chypre.
Elle s’est inscrite pour bénéficier du pont aérien organisé par les autorités israéliennes afin de rapatrier leurs ressortissants, et a pu monter à bord du premier vol de l’opération ‘Retour en toute sécurité’.
L’avion a atterri en Israël mercredi matin et les passagers ne cachent pas leur joie de pouvoir poser le pied à Tel-Aviv.
The first rescue flight has landed at Ben Gurion Airport near Tel Aviv.
A woman kisses the ground out of sheer love and joy.
Israelis WANT to be home DURING war.
Source: Ynet News pic.twitter.com/sO1Nu27ADu
— dahlia kurtz ✡︎ דליה קורץ (@DahliaKurtz) June 18, 2025
« C’est chez moi, tout simplement », lâche Mme Gehorsam.
A côté d’elle sur un parking de la métropole côtière, des dizaines de passagers descendent du bus qui les a conduits depuis l’aéroport, leurs proches n’ayant pas pu aller les chercher sur place.
« Ma famille (en Israël) était dans les abris antiaériens, c’est assez difficile quand on est là-bas et qu’ils sont ici », explique Yaakov Bogen, un hôtelier de 66 ans qui était à bord d’un premier avion de rapatriés.
« Mais maintenant, nous sommes de retour et tout va bien! », se réjouit l’homme.
Plan de rapatriement
Regev a annoncé le plan de rapatriement lundi et elle a sollicité l’accord des compagnies aériennes, des responsables de l’aviation et des autorités de la Défense. En cours de déploiement, certaines plateformes de réservation ont cessé de fonctionner en raison d’un trop grand nombre de connexions simultanées.
Conformément à ce plan, un maximum de deux vols pourront atterrir chaque heure à l’aéroport Ben Gurion et uniquement en journée, car la plupart des tirs de missiles iraniens ont lieu la nuit.

Selon Shmuel Zakai, chef de l’Autorité de l’aviation civile, il faudra des semaines avant que tous les Israéliens bloqués à l’étranger puissent rentrer chez eux. Des rapatriements maritimes via Chypre sont à l’étude.
Arkia a annoncé la présence de 220 passagers à bord de son premier vol en provenance de Chypre, ce qui devrait être la norme pour les vols à venir en provenance de Karpathos, en Grèce, et de Tivat, au Monténégro. Les vols de mercredi rapatrient les groupes de touristes qui avaient dès le départ réservé sur Arkia, a indiqué la compagnie aérienne.

El Al, qui n’a pas précisé combien de personnes étaient attendues sur chaque vol, devrait prendre en charge des passagers en provenance d’Athènes, Rome, Milan et Paris.
La compagnie aérienne locale Israir a fait savoir qu’elle rapatrierait quelque 500 Israéliens sur trois vols en provenance respectivement de Larnaca, Athènes, et Varna, en Bulgarie.
Pour des raisons de sécurité, des procédures spéciales ont été mises en place pour que la sortie de l’aéroport se fasse au plus vite, avec une mise à disposition de davantage de personnel, a fait savoir l’Autorité aéroportuaire israélienne.

Le passage à la douane et la récupération des bagages seront facilités, après quoi les passagers seront conduits vers des parkings de longue durée ou mis à bord de trains ou de navettes gratuites à destination de plusieurs villes israéliennes, a précisé l’Autorité.
Le public est prié de ne pas se rendre à l’aéroport – qui demeure fermé – pour accueillir ou aller chercher des proches. De même, les taxis sont interdits.
L’aéroport a été la cible fréquente d’attaques de missiles.
En mai dernier, un missile balistique tiré par les rebelles houthis du Yémen s’est écrasé dans l’enceinte de l’aéroport, en faisant six blessés et en forçant plusieurs compagnies aériennes étrangères à annuler leur desserte.
L’Europe rapatrie ses ressortissants
Plusieurs pays européens ont rapatrié également mercredi des centaines de leurs ressortissants fuyant le conflit israélo-iranien, ont-ils annoncé séparément.
L’Allemagne doit évacuer quelque 200 personnes d’Israël mercredi par un vol commercial affrété depuis la Jordanie, a indiqué Christian Wagner, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Berlin.
Un second vol au départ de la capitale jordanienne, Amman, est prévu pour jeudi, a-t-il précisé.
A Rome, le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a indiqué que des vols étaient organisés depuis Amman pour les Italiens qui souhaitaient quitter Israël.
La Grèce a quant à elle rapatrié 105 de ses ressortissants et membres de leurs familles depuis Charm el-Cheikh, en Egypte.
Cette opération a également permis de rapatrier des Américains, a précisé le ministère grec des Affaires étrangères, sans indiquer leur nombre.
Un premier groupe de Polonais a pu regagner son pays d’origine et un autre vol est prévu jeudi, a précisé le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski sur X tandis qu’à Sofia, un avion privé avec 148 personnes évacuées, dont 89 Bulgares, a atterri dans la nuit de mardi à mercredi.
La vice-ministre des Affaires étrangères, Henryka Moscicka-Dendys, a indiqué pour sa part que l’avion avait embarqué environ 160 personnes, la plupart de nationalité polonaise, « y compris de jeunes enfants ».
« Il y aura demain un autre vol et cet avion décollera d’Amman (…). Il y aura à bord 65 personnes, et cette fois ce ne seront que des citoyens polonais », a-t-elle ajouté.
Concernant l’Iran, certains employés de l’ambassade de Pologne en Iran vont également être rapatriés, ainsi que quelques ressortissants, a-t-elle indiqué. Mme Moscicka-Dendys a précisé qu’ils voyageaient actuellement depuis Téhéran vers la frontière avec l’Azerbaïdjan pour un vol depuis Bakou.
Israël a fermé son espace aérien vendredi après avoir mené des frappes contre l’Iran.