Propos sur le voile de Latifa Ibn Ziaten : le journaliste Mohamed Sifaoui relaxé
Le journaliste avait critiqué le voile de la mère du militaire tué par Mohammed Merah : "Le voile qu'elle porte est porté par une idéologie, l'idéologie qui a tué son propre fils"
Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé mardi le journaliste Mohamed Sifaoui poursuivi en diffamation pour avoir critiqué le voile de Latifa Ibn Ziaten, mère d’une des victimes de Mohamed Merah, selon lui « incompatible avec les valeurs qu’elle dit défendre ».
Invité sur Cnews, le journaliste franco-algérien avait désapprouvé le 12 février 2018 le port du voile par Mme Ibn Ziaten. « Le voile qu’elle porte est porté par une idéologie, l’idéologie qui a tué son propre fils, en l’occurrence celle des Frères musulmans », avait-il déclaré.
Des propos condamnés par la militante antiradicalisation. Cela revient à lui imputer de faire « la promotion active d’une idéologie radicale », avait estimé l’avocat de Latifa Ibn Ziaten, qui a expliqué à plusieurs reprises dans les médias porter le voile « en signe de deuil » depuis le décès de son fils.
Chargé de se prononcer sur le caractère diffamatoire des propos de Mohamed Sifaoui, le tribunal a estimé mardi qu’ils relevaient « de la simple expression d’une opinion, fut-elle polémique ».

« Si Latifa Ibn Ziaten (…) a pu légitimement être heurtée et meurtrie par ces propos, compte tenu de son histoire singulière, ces derniers ne lui imputent pas (…) de faire l’apologie du terrorisme », a-t-il estimé.
Les propos de M. Sifaoui résultent ainsi d’un « jugement de valeur » dont « la pertinence peut être librement débattue dans le cadre d’un débat d’idées mais dont la vérité est impossible à prouver », a ajouté le tribunal, précisant qu’il ne lui appartenait pas « de trancher les débats historiques ou théologiques sur le port du voile ».
Réfugié politique en France, Mohamed Sifaoui a échappé à quatre attentats en Algérie dans les années 90. Volontiers provocateur, très présent sur les réseaux sociaux, il est placé en permanence sous protection policière du fait de menaces récurrentes le visant.