Israël en guerre - Jour 533

Rechercher

Quand la tech israélienne fait don de ses actions pour aider le pays à se redresser

L’association Tmura mobilise des parts de startups pour soutenir des organisations israéliennes dédiées à la jeunesse et à l’éducation, et veut étendre son modèle aux États-Unis

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

L'association israélienne à but non lucratif Hagal Sheli enseigne le surf aux jeunes en difficulté et aide à soigner les personnes victimes de traumatismes. (Crédit : Autorisation)
L'association israélienne à but non lucratif Hagal Sheli enseigne le surf aux jeunes en difficulté et aide à soigner les personnes victimes de traumatismes. (Crédit : Autorisation)

Lorsque le fonds d’investissement britannique Permira a racheté en mai dernier une participation majoritaire dans l’entreprise israélienne de protection contre la fraude BioCatch pour une valorisation de 1,3 milliard de dollars – alors que le pays était encore en guerre contre le groupe terroriste du Hamas – les investisseurs ont réalisé des gains conséquents. Mais cette transaction a également bénéficié à la jeunesse israélienne, aux soldats et aux victimes de l’attaque du 7 octobre 2023, grâce à la vente d’options d’actions d’une valeur de 1,3 million de dollars, initialement offertes en 2015 par BioCatch à l’association à but non lucratif Tmura.

BioCatch rejoint ainsi la liste des « communicorns » de Tmura — ces entreprises technologiques israéliennes ayant chacune fait don d’au moins 1 million de dollars en options d’actions. Parmi les principaux bénéficiaires figure Heroes for Life, une ONG israélienne qui mobilise d’anciens soldats pour des missions humanitaires dans les pays en développement. D’autres communicorns incluent Waze, Outbrain et Riskified.

Fondée en 2002 par le capital-risqueur new-yorkais Yadin Kaufmann, immigré en Israël en 1985, Tmura encourage les entrepreneurs technologiques à soutenir des organisations à but non lucratif dédiées à l’éducation et à la jeunesse. Kaufmann a expliqué au Times of Israel qu’à son arrivée dans l’écosystème du capital-risque israélien dans les années 1990, à l’aube du phénomène Startup Nation, il a observé à la fois un immense potentiel de richesse et des disparités sociales croissantes. Il a donc lancé Tmura pour redistribuer une partie de cette « nouvelle richesse à des secteurs plus nécessiteux de la société israélienne ».

Plutôt que de solliciter des dons en numéraire, Tmura s’adresse aux startups en phase de démarrage et aux jeunes entreprises technologiques en leur proposant de céder des parts sociales, des options ou des actions alors que ces actifs n’ont pas encore pris de valeur significative. En général, les startups donnent moins de 1 % de leur capital à Tmura sous forme d’options.

Si et quand l’entreprise réalise un exit — soit par une vente à un grand groupe, soit par une introduction en bourse — Tmura revend alors ses parts et reverse les fonds à une diversité d’ONG, principalement engagées auprès des enfants défavorisés. Chaque entreprise donatrice peut choisir les associations qu’elle souhaite soutenir avec le produit de ses options.

Malgré une année marquée par la guerre, l’instabilité politique et une baisse des investissements étrangers dans l’écosystème technologique israélien, Tmura a enregistré près de 10 millions de shekels de dons en 2024— le deuxième montant annuel le plus élevé depuis la création de l’organisation.

Outre l’opération BioCatch, d’autres exits, comme l’acquisition d’une participation majoritaire dans l’entreprise israélienne Enercon par Bel Fuse ou le rachat de la startup SuperPlay, basée à Tel Aviv, par Playtika, ont chacune rapporté 400 000 dollars cette année grâce à la cession d’options d’actions. Parmi les autres donateurs notables figurent les entreprises technologiques Entitle, Rezonate, Seeking Alpha et Cartiheal.

Yadin Kaufmann de Tmura. (Autorisation)

« Nous avons eu la chance de disposer d’une importante somme d’argent qui a pu être mise au service de la communauté pendant cette période difficile, et une grande partie des dons réalisés en 2023 et 2024 a servi à répondre aux besoins urgents engendrés par la guerre et le déplacement de nombreuses familles », a déclaré Kaufman. « Tout le monde comprend l’impact que cela a eu sur la jeunesse et l’éducation. »

« De nombreuses organisations à but non lucratif que nous avons soutenues sont passées à la vitesse supérieure et ont intensifié leurs activités pour pouvoir répondre à ces besoins accrus, et ces apports financiers était donc cruciaux », a-t-il ajouté.

Selon Kaufman, les fonds donnés par les startups et les entreprises high-tech en 2024 ont permis de financer plusieurs organisations œuvrant pour la résilience nationale, la réhabilitation des victimes et la réduction des inégalités sociales.

Parmi les principaux bénéficiaires, citons HaGal Sheli [Ma vague], qui enseigne le surf aux jeunes en difficulté et accompagne les personnes souffrant de traumatismes, de troubles de stress post-traumatique (TSPT) et de handicap ; SAHI [Unité spéciale Hessed]), qui soutient les jeunes issus de familles déplacées par la guerre et vivent dans des logements temporaires depuis plus d’un an ; et Album Shakuf [L’album transparent], qui aide les soldats israéliens à surmonter leur expérience du combat et à se réinsérer dans la vie civile.

En 2024, plus de 35 nouvelles entreprises technologiques ont rejoint Tmura, en faisant don d’options, parmi lesquelles Legit Security, Faddom, Arato, Guardz, Verax, Utila, Pecan, OpMed, Canotera, Briya, FalkorDB et Remepy.

« Nous permettons aux entreprises d’adopter une démarche philanthropique dès leur création, à un moment où elles ne génèrent ni revenus, ni profits, ni liquidités, mais détiennent déjà des actions ou des options d’actions. Plutôt que de se limiter à attribuer des stock-options à leurs employés pour les recruter et les fidéliser, elles peuvent aussi en réserver une part pour soutenir des causes d’intérêt général. », a expliqué Kaufman. « Cette approche les aide, durant les années précédant leur exit, à attirer et fidéliser leurs talents, car dirigeants et employés savent qu’ils ne travaillent pas seulement pour eux-mêmes ou leurs investisseurs, mais aussi pour une entreprise engagée qui redonne à la société. »

Après plus de 20 ans d’existence, Tmura cherche désormais à exporter son modèle aux États-Unis en ciblant les investisseurs juifs américains et les fonds qui investissent dans des startups israéliennes.

Baptisé « A Good Option » (un jeu de mots sur « option », qui signifie à la fois choix et action boursière en anglais), ce fonds sollicitera des dons et des engagements en actions auprès de jeunes entreprises technologiques américaines en phase de démarrage, ainsi que de leurs fondateurs, cadres et investisseurs. Les bénéfices issus des exits financeront des causes juives et israéliennes, ainsi que d’autres organisations à but non lucratif, contribuant ainsi à renforcer la communauté juive américaine et ses liens avec Israël.

Les employés de BioCatch font du bénévolat pour l’association israélienne Heroes for Life. (Crédit : Autorisation)

« Depuis le 7 octobre, de nombreux Juifs américains ont pris une conscience accrue de l’importance de la solidarité communautaire et souhaitent soutenir activement des causes juives et israéliennes, face à la montée de l’antisémitisme et à la vague d’actes hostiles observés ces derniers mois, notamment sur les campus universitaires » a déclaré Kaufman. « Après le 7 octobre, de nombreux jeunes juifs ont ressenti le besoin de se rassembler et de s’engager pour leur communauté, tout en contribuant à des causes essentielles, notamment la lutte contre l’antisémitisme, le soutien à la vie israélienne et la promotion de l’éducation juive. »

Depuis sa création, il y a 23 ans, Tmura a réussi à rallier à sa vision des fonds de capital-risque et un total de 912 startups, générant quelque 34 millions de dollars de recettes à partir de 185 sorties au fil des ans pour des centaines d’organisations caritatives et à but non lucratif liées à la jeunesse en Israël. Parmi ces organisations figurent Heroes for Life, Krembo Wings, qui propose des activités sociales hebdomadaires à des centaines de jeunes ayant des besoins particuliers, et Moona, Moona, un programme fondé par un ancien pilote de chasse israélien pour rapprocher jeunes Juifs et Arabes israéliens à travers les technologies spatiales.

« Les résultats sont particulièrement impressionnants, et c’est formidable d’avoir pu accomplir autant de choses. Cependant, de nombreuses entreprises n’ont pas encore contribué », a souligné Kaufman. « Au fil des ans, nous sommes passés à côté de nombreuses startups, et notre objectif est d’en mobiliser encore plus à l’avenir. »

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.