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Québec : les fonctionnaires juifs face à l’interdiction des signes religieux

La "loi sur la laïcité" interdit aux agents de police, aux enseignants et autres d'arborer kippas et croix. Selon les critiques, la véritable cible est le hijab musulman

Le Premier ministre québécois In this file photo taken on December 7, 2018 Premier of Quebec François Legault lors d'une réunion des Premiers ministres des provinces canadiennes organisée par le Premier ministre canadien Justin Trudeau à Montréal, le 7 décembre 2018 (Crédit : MARTIN OUELLET-DIOTTE / AFP)
Le Premier ministre québécois In this file photo taken on December 7, 2018 Premier of Quebec François Legault lors d'une réunion des Premiers ministres des provinces canadiennes organisée par le Premier ministre canadien Justin Trudeau à Montréal, le 7 décembre 2018 (Crédit : MARTIN OUELLET-DIOTTE / AFP)

MONTREAL, Canada — Le Québec a présenté un projet de loi interdisant à certains fonctionnaires de porter des symboles religieux au travail et notamment la kippa.

Cette mesure a pour objectif de renforcer la séparation entre l’église et l’Etat. Selon ses critiques, elle semble véritablement cibler les femmes musulmanes et leurs hijabs.

Le parlement du Québec a présenté la « loi sur la laïcité » jeudi, une proposition du gouvernement de coalition – plutôt à droite – chapeauté par le Premier ministre Francois Legault.

L’opposition a néanmoins accusé le gouvernement d’avoir précipité cette législation, la libérale Hélène David ayant estimé qu’il n’y avait pas eu suffisamment de temps consacré au débat sur l’impact de ce texte sur le « vivre-ensemble » au sein de la société.

C’est la quatrième tentative de la part des gouvernements québécois successifs de faire adopter une loi sur la laïcité.

Parmi les personnes qui seraient touchées par le texte, les enseignants, les agents de police et les juges. Les kippas, les hijabs, mais aussi sur les turbans sikhs et les crucifix seront interdits.

Les sondages montrent que les Québécois soutiennent dans leur majorité la législation.

Mais la communauté juive est inquiète.

« Nous sommes très inquiets des propos tenus par le nouveau gouvernement du Québec concernant une interdiction des symboles religieux affichés par les responsables du gouvernement et montrés dans les institutions publiques », a commenté Harvey Levine, directeur régional de Bnai Brith au Québec, qui a aussi suggéré que cette idée était « en rupture » avec les valeurs canadiennes.

Des Juifs de Montréal manifestent contre la proposition de Charte des valeurs du Québec qui vise à restreindre l’affichage public de signes religieux (Crédit : David Ouellette/JTA)

« Nous appelons le gouvernement du Québec à éviter d’emprunter cette pente glissante de diminution des droits fondamentaux et à œuvrer au contraire à inscrire la liberté religieuse de tous les Québécois ».

Concession apparente en direction des critiques, la législation a une clause d’antériorité qui permet aux employés qui portent actuellement des symboles religieux de les conserver. Mais les nouveaux fonctionnaires à des postes « d’autorité » n’auront plus le droit d’arborer des signes relatifs à leur confession – et risquent le licenciement s’ils ne respectent pas l’interdiction.

Le gouvernement du Québec a toutefois établi clairement qu’il invoquerait une clause constitutionnelle rarement exploitée pour étouffer toute contestation judiciaire au niveau des droits.

« Certains trouveront que nous allons trop loin, d’autres pas suffisamment, et nous sommes convaincus d’avoir trouvé le bon équilibre », a commenté le ministre de l’Immigration Simon Jolin-Barrette lors d’une conférence de presse.

Le gouvernement a indiqué que la mesure – qui s’accompagne du retrait d’une croix installée en 1936 dans la principale chambre de l’assemblée nationale – soulignait la rupture du Québec avec la religion, il y a environ un demi-siècle, lorsque le pays avait rejeté l’influence de la puissante église catholique dans la politique locale.

Au mois d’octobre 2017, le précédent gouvernement libéral du Québec a adopté une loi interdisant aux personnes bénéficiant de services publics de se couvrir le visage.

L’AFP a contribué à cet article.

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