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Rapport sur les Droits de l’Homme : Retour sur la conférence de presse de Blinken

Le secrétaire d'État a nié un "deux poids, deux mesures" dans son évaluation des accusations contre Israël et il a rejeté les comparaisons entre la guerre contre le groupe terroriste à Gaza et l'invasion russe de l'Ukraine

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Des chaises pour la famille Bibas, retenue en otage à Gaza, autour de la table du Seder dans la salle à manger communautaire du kibboutz Nir Oz, dans le sud d'Israël, le 11 avril 2024. (Crédit : AP Photo/Maya Alleruzzo, File)
Des chaises pour la famille Bibas, retenue en otage à Gaza, autour de la table du Seder dans la salle à manger communautaire du kibboutz Nir Oz, dans le sud d'Israël, le 11 avril 2024. (Crédit : AP Photo/Maya Alleruzzo, File)

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a évoqué le massacre commis par le groupe terroriste du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre, et la guerre menée par l’État dans la bande de Gaza en riposte, en disant que tous les deux figuraient dans le rapport consacré aux droits de l’Homme établi par son ministère et rendu public dans la journée de lundi.

« L’attaque horrible qui a été lancée par le Hamas, le 7 octobre dernier, et le bilan humain dévastateur à Gaza en termes de vies civiles – alors qu’Israël exerce son droit à garantir que de telles attaques ne se reproduiront jamais – soulèvent des inquiétudes profondément dérangeantes en matière de droits de l’Homme », a déclaré Blinken lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion de la diffusion du rapport.

« Nous continuons, chaque jour qui passe, à œuvrer en faveur de la fin des combats, à garantir la libération des otages qui se trouvent encore entre les mains du Hamas et des autres groupes terroristes ; nous œuvrons à faire respecter le droit international, à empêcher de nouvelles souffrances, à ouvrir un chemin menant à un avenir plus pacifique, plus sûr pour les Israéliens comme pour les Palestiniens », a-t-il continué.

Le chapitre du rapport qui est consacré à Israël commence par un rappel du massacre à grande échelle qui avait été commis par le Hamas, le Jihad islamique palestinien et d’autres groupes terroristes en date du 7 octobre – une attaque qui a « tué, selon les estimations, 1 200 personnes, qui a fait plus de 5 400 blessés et au cours de laquelle 253 personnes ont été prises en otage ».

« Israël a répondu par une campagne militaire à grande échelle et durable qui, selon les chiffres enregistrés à la fin de l’année 2023, avait coûté la vie à plus de 21 000 Palestiniens et fait plus de 56 000 blessés, et causé le déplacement de la grande majorité des Palestiniens à Gaza – ce qui a entraîné une crise humanitaire sévère », fait remarquer le rapport. « Ce conflit continu a eu un impact significatif concernant la situation des droits de l’Homme à Gaza ».

Le département d’État a refusé de donner ses sources s’agissant du nombre de Palestiniens qui avaient perdu la vie pendant la guerre, au sein de l’enclave côtière, à la fin de l’année 2023. Mais ce chiffre semble s’appuyer sur ceux qui avaient été rendus publics, à ce moment-là, par le ministère de la Santé du Hamas, qui sont pourtant invérifiables et qui comprendraient les 13 000 terroristes que l’armée israélienne affirme avoir abattu – en plus d’un millier d’autres qui avaient été tués sur le sol israélien, dans le sillage de l’attaque du 7 octobre.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken évoque son rapport 2023 sur les Droits de l’Homme au cours d’un point-presse au département d’État de Washington, le 22 avril 2024. (Crédit : AP Photo/Susan Walsh)

Blinken a nié tout « deux poids, deux mesures » de la part de l’administration Biden lorsque des accusations de violation des droits de l’Homme sont lancées contre Israël, alors que les journalistes présents lors de la conférence de presse laissaient entendre que Washington semblait désireux de mettre sous le tapis de telles mises en cause lorsqu’elles impliquaient Israël.

« Est-ce que nous appliquons un deux poids, deux mesures en ce qui concerne Israël ? La réponse est non », a dit Blinken.

« Comme l’établit clairement le rapport, nous appliquons les mêmes normes pour tous et rien ne change à ce niveau-là, que le pays soit un adversaire, un concurrent, un ami ou un allié », a ajouté le secrétaire d’État.

Blinken a répété que les enquêtes américaines portant sur de possibles violations des droits de l’Homme de la part d’Israël, dans le cadre de la guerre à Gaza, étaient « encore en cours ».

Reconnaissant que ces investigations demandent du temps, Blinken a fait remarquer que les États-Unis n’avaient pas attendu pour appeler les autorités israéliennes à donner au plus vite des clarifications lorsque des abus avaient été signalés.

Blinken a rejeté une comparaison faite par les journalistes entre la rapidité à laquelle Washington avait répondu à des violations présumées des droits de l’Homme de la part de la Russie en Ukraine, et le processus plus lent employé par l’administration Biden à l’égard des abus présumés qui seraient perpétrés par l’armée israélienne à Gaza.

Des pompiers éteignent un incendie dans une gare après une frappe russe à Kostiantynivka, dans la région de Donetsk, en Ukraine, le 25 février 2024. (Crédit : AP Photo/Alex Babenko)

« Le cas de l’Ukraine est complètement différent du cas de Gaza. Les Ukrainiens ne sont, d’aucune façon, des cibles légitimes comme c’est le cas des membres du Hamas à Gaza. Le Hamas se fond également parmi les civils, il se cache dans des immeubles d’appartement, en surface ou dans des tunnels, il se cache dans des mosquées ou dans des hôpitaux », a-t-il rappelé.

« En ce qui concerne l’Ukraine, lorsque les forces russes se sont retirées de Bucha, nous avons été en mesure de voir très clairement ce qui était arrivé. Chaque situation est différente », a-t-il ajouté.

Blinken a aussi souligné qu’Israël avait prouvé sa capacité à ouvrir des enquêtes lorsque des accusations de violation des droits de l’Homme, lancées contre ses troupes, étaient lancées. « C’est ce qui distingue les démocraties des autres pays – la capacité, la volonté, la détermination à procéder à un auto-examen ».

« Je crois savoir qu’il y a eu de nombreuses investigations menées sur la base d’informations ayant laissé entendre que des abus avaient été perpétrés », a-t-il poursuivi.

Alors qu’il lui était demandé s’il allait annoncer la décision prise par les États-Unis de mettre sur sa liste noire le bataillon Netzah Yehuda, au sein de Tsahal, certains de ses hommes ayant commis des violations aux droits de l’Homme, Blinken a indiqué qu’il évoquerait particulièrement ce sujet dans les prochains jours : « Restez à l’écoute », a-t-il conseillé.

L’administration Biden avait, à l’origine, prévu d’annoncer dès lundi sa décision d’interdire d’utiliser l’aide militaire américaine pour fournir en armements le bataillon Netzah Yehuda pour les violations aux droits de l’Homme présumées qui auraient été perpétrées par ses troupes, des violations dont des Palestiniens auraient été victimes, a confié un responsable israélien au Times of Israel.

Des soldats israéliens du bataillon Netzah Yehuda patrouillant près de la frontière entre Israël et Gaza, le 20 octobre 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Une annonce qui aurait dû être faite parallèlement à la diffusion du rapport sur les droits de l’Homme – l’administration décidant finalement d’attendre, voulant prendre le temps de discuter de sa décision dans un contexte de colère et d’incompréhension de la part d’Israël, a ajouté l’officiel.

Alors que des informations laissent entendre, depuis quelques jours, que les États-Unis vont annoncer de façon imminente leur décision de sanctionner le bataillon  Netzah Yehuda, au sein de l’armée israélienne, en raison de violations aux droits de l’Homme présumées, un responsable américain a indiqué au Times of Israel qu’invoquer des « sanctions » n’était pas une formulation adéquate.

« Nous ne sanctionnons pas – et nous n’avons pas réfléchi à sanctionner – des unités de Tsahal. Sans confirmer ce qui est actuellement examiné et conformément au Leahy Act, certaines unités pourraient ne pas avoir droit à l’assistance sécuritaire américaine jusqu’à ce que ces violations soient réglées », a-t-il dit.

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a rencontré les soldats de l’unité sur la frontière avec Gaza, lundi.

« L’establishment de la Défense tout entier, l’armée israélienne et l’État d’Israël vous soutiennent ; ils apprécient à sa juste valeur votre contribution et ils vous renforcent dans vos opérations dont l’objectif est la protection de l’État d’Israël », a déclaré le ministre, selon son bureau.

L’unité, qui est constituée de nationalistes orthodoxes et qui fait partie de la brigade Kfir, mène ses opérations dans le secteur de Beit Hanoun pendant cette guerre, après avoir passé des mois à la frontière avec la Syrie. Elle était auparavant stationnée en Cisjordanie où elle s’est retrouvée au centre de plusieurs controverses liées à l’extrémisme de droite et à des violences commises à l’encontre de Palestiniens. Elle avait été envoyée sur la frontière syrienne suite à ces accusations.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant s’adressant aux troupes du bataillon Netzah Yehuda, à la frontière de Gaza, le 22 avril 2024. (Crédit : Ariel Hermoni/Ministère de la Défense)

« Les erreurs et les méprises surviennent partout où il y a des activités militaires et il ne devrait pas y en avoir… Mais le fait qu’un, deux ou plusieurs soldats aient fait quelque chose de mal ne doit pas jeter le discrédit sur le bataillon tout entier », a-t-il dit. Il a ajouté que dans de tels cas, les soldats sont « pris en charge ».

« Personne au monde ne nous enseignera ce qu’est la moralité et ce que sont les normes », a affirmé le ministre.

Le rapport 2023 qui a été émis par le département d’État a mis en lumière des « problématiques importantes en matière de droits de l’Homme » avec notamment « des informations crédibles » portant sur des meurtres illégaux ou arbitraires, des disparitions forcées, des actes de torture et l’arrestation injustifiée de journalistes, entre autres, pendant la guerre que mène Israël à Gaza.

Il ajoute que le gouvernement israélien a pris certaines initiatives « crédibles » visant à identifier les auteurs de ces violations des droits de l’Homme présumées et visant également à les sanctionner.

Israël a nié avoir causé délibérément des souffrances humanitaires au sein de l’enclave. L’État juif dément aussi prendre volontairement pour cible les civils, accusant le Hamas d’utiliser les immeubles résidentiels pour se couvrir.

Une fillette palestinienne grimpe sur les décombres d’un immeuble détruit pendant une frappe aérienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 mai 2019. (Crédit : SAID KHATIB / AFP)

De leur côté, les groupes de défense des droits de l’Homme ont dénoncé de nombreux incidents dont des civils ont été victimes depuis le début de l’offensive militaire à Rafah. Ils ont également tiré la sonnette d’alarme au sujet des violences en recrudescence en Cisjordanie. Toutefois, jusqu’à présent, l’administration Biden a affirmé ne pas avoir découvert de violation du droit international de la part de l’État juif.

Washington donne 3,8 milliards de dollars en assistance militaire à son allié de longue date. Les démocrates du mouvement progressiste et les groupes arabes américains ont critiqué le soutien constant qui a été apporté par l’administration Biden à Israël, un soutien qui, selon eux, a donné à l’État juif un sentiment d’impunité.

Mais ce mois-ci, le président Joe Biden a, pour la première fois, menacé de conditionner le soutien à Israël, disant que le pays devait entreprendre des initiatives concrètes pour assurer la protection des travailleurs humanitaires et des civils au sein de l’enclave côtière.

Reuters a contribué à cet article.

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