Réactions internationales après les frappes israéliennes à Gaza
Tor Wennesland a estimé que la mort de civils est "inacceptable" ; Mohammed Shtayyeh a demandé aux Nations unies de dénoncer "l'horrible massacre"

La Jordanie et l’Égypte ont fermement condamné les frappes meurtrières menées par Israël dans la bande de Gaza mardi, quelques heures après le lancement de l’Opération Bouclier et Flèche par l’armée israélienne.
En début d’après-midi, les autres alliés arabes d’Israël n’avaient pas encore commenté l’opération, qui a débuté aux premières heures de la journée par l’assassinat ciblé de trois hauts responsables du groupe terroriste du Jihad islamique palestinien. Au total, 13 personnes ont été tuées dans les frappes, dont plusieurs femmes et enfants.
Dans sa déclaration, la Jordanie a condamné à la fois les frappes à Gaza et un raid de Tsahal à Naplouse, en Cisjordanie. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a souligné « la nécessité pour la communauté internationale d’agir immédiatement et efficacement pour mettre fin à cette agression et assurer la protection du peuple palestinien dans la bande de Gaza et dans tous les territoires palestiniens occupés ».
Le communiqué indique également qu’Amman poursuit ses efforts en vue d’apaiser les tensions et de mettre fin au cycle de la violence dans la région.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a déclaré que les frappes aériennes « sont incompatibles avec les règles du droit international » et qu’elles risquent d’attiser la violence.

L’Égypte a souvent endossé le rôle de médiateur entre Israël et les groupes terroristes à Gaza.
Une source au sein du Jihad islamique palestinien a déclaré à l’AFP que l’un des hommes tués faisait partie d’une délégation qui devait se rendre au Caire pour une réunion jeudi, qui a été annulée.
La délégation diplomatique russe à Ramallah a déclaré qu’un autre homme tué dans les frappes était un ressortissant russe.
Elle l’a identifié comme étant Jamal Khaswan, et a indiqué que sa femme et son fils avaient également été tués dans la frappe aérienne. Khaswan était apparemment un dentiste qui vivait à l’étage inférieur de l’un des dirigeants du Jihad islamique palestinien dans la ville de Gaza.
Le coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a condamné le meurtre « inacceptable » de civils lors des frappes aériennes à Gaza.
Il a noté qu’en plus des trois dirigeants du Jihad islamique palestinien visés par Tsahal, les frappes ont également tué « un médecin, cinq femmes et quatre enfants ».
« Je condamne la mort de civils lors des frappes aériennes israéliennes. C’est inacceptable », a-t-il écrit.

Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne (AP), Mohammed Shtayyeh, a dénoncé le « massacre horrible » à Gaza et a appelé les Nations unies à prendre des mesures.
« L’horrible massacre à Gaza a tué 13 Palestiniens, dont la plupart sont des femmes et des enfants, et le raid militaire à Naplouse a fait de nombreux blessés, dont des enfants », a écrit Shtayyeh sur Twitter.
« Nous exhortons l’ONU, qui célébrera la Nakba pour la première fois en 75 ans cette année, à condamner cette agression et les meurtres incessants de notre peuple », a-t-il ajouté, en utilisant le mot arabe signifiant « catastrophe », que les Palestiniens utilisent pour se référer aux événements qui ont entouré la création de l’État d’Israël. « Les dirigeants d’Israël ne devraient pas s’en tirer impunément avec les crimes qu’ils ont commis, et des normes cohérentes doivent être établies. »
La Turquie a également condamné Israël pour les frappes aériennes et a souligné la mort de civils.
« Des actions aussi méprisables ne sont en aucun cas acceptables », a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué. « Nous attendons que ces attaques cessent immédiatement, sans qu’il y ait d’autres pertes humaines et sans que cela n’entraîne une nouvelle spirale de violence dans la région. »
« Nous souhaitons qu’Allah ait pitié de nos frères et sœurs palestiniens qui ont perdu la vie dans ces attaques et nous présentons nos condoléances à l’État de Palestine et à son peuple, a-t-il ajouté.
La France, quant à elle, a rappelé « les obligations de protection des civils et de respect du droit international humanitaire qui incombent à Israël », après la mort des 13 Palestiniens.
Exprimant de nouveau « sa vive préoccupation face à l’escalade en cours à Gaza », Paris a aussi appelé « toutes les parties à continuer à travailler à restaurer un horizon politique en vue d’une paix juste et durable », a souligné Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Le Qatar s’est associé aux dénonciations d’Israël pour les frappes menées contre les trois membres du Jihad islamique palestinien.
Dans un communiqué, le ministère qatari des Affaires étrangères a qualifié ces attaques de « nouvel épisode de la série de crimes horribles commis par l’occupation contre le peuple palestinien sans défense, en particulier les femmes et les enfants ».
Doha a également mis en garde contre « l’éloignement des chances de paix et l’élargissement du cycle de violence dus à l’escalade provocatrice d’Israël », tout en exhortant la communauté internationale « à agir d’urgence pour fournir la protection nécessaire au peuple palestinien et pour contraindre Israël à mettre fin à ses violations flagrantes du droit international ».
Ces attentats ont eu lieu quelques jours après que des terroristes gazaouis dirigés par le Jihad islamique palestinien ont tiré 104 roquettes sur Israël en réaction à la mort d’un membre important du groupe terroriste qui avait entamé une grève de la faim dans une prison israélienne. Plusieurs roquettes ont frappé Sderot lors de l’affrontement du 2 mai, blessant trois ouvriers et endommageant des maisons et des voitures.
Les précédentes attaques contre les dirigeants du Jihad islamique palestinien avaient déclenché des salves de roquettes sur les civils israéliens et d’intenses affrontements avec les troupes israéliennes, dont certains avaient duré plusieurs jours.
Tsahal a déclaré qu’elles avaient tué Khalil Bahitini, le commandant du Jihad islamique palestinien dans le nord de Gaza, Jihad Ghanem, un haut responsable du conseil militaire du groupe, et Tareq Izz el-Din, qui, selon elle, dirigeait les activités terroristes du Jihad islamique en Cisjordanie depuis une base située à Gaza.

Le Jihad islamique palestinien a confirmé que ces trois personnes figuraient parmi les morts. Le porte-parole de la branche armé du groupe terroriste a ensuite publié une déclaration vidéo dans laquelle il s’engage à réagir à leur mort.
« Les Brigades Al-Qods et la résistance affirment qu’elles respecteront leur engagement et leur devoir envers les martyrs et qu’elles affronteront l’agression avec fermeté et courage », a déclaré le porte-parole, connu sous le nom de guerre d’Abu Hamza.
Tsahal a commencé à frapper des cibles dans la bande de Gaza juste après 2h du matin, dans le cadre d’une attaque surprise coordonnée contre les principaux dirigeants du groupe. Des dizaines de frappes ont été signalées dans la bande de Gaza au cours des heures qui ont suivi, envoyant des boules de feu vers le ciel alors que l’armée ciblait des sites d’entraînement terroriste.
Le Commandement du Front intérieur de l’armée israélienne a donné des instructions aux habitants des zones proches de Gaza pour qu’ils restent à l’intérieur ou à proximité des abris anti-bombes. Il a demandé aux autorités locales d’ouvrir des abris publics et a annoncé qu’il bloquerait l’accès à certaines routes proches de l’enclave, par crainte de tirs de missiles antichars ou d’attaques de tireurs embusqués.
Le Commandement du Front intérieur a donné le feu vert aux villes limitrophes de Gaza pour commencer à évacuer les habitants vers d’autres régions du pays, l’armée estimant que les combats pourraient durer plusieurs jours.
Emanuel Fabian et l’AFP ont contribué à cet article.