Israël en guerre - Jour 473

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Rencontre avec l’athlète-policier qui vise une qualification israélienne aux JO 2024

Ami Baran s'est installé seul en Israël à l'âge de 13 ans de Chicago ; il est devenu commandant dans la police - et champion à la fois en softball et au lancer du javelot

  • Ami Baran faisant un lancer sur une photo non-datée. (Autorisation : Israel Softball Association)
    Ami Baran faisant un lancer sur une photo non-datée. (Autorisation : Israel Softball Association)
  • L'ancien major de la police, athlète et actuel chef de l'Association d'athlétisme israélienne Ami Baran. (Autorisation : IAA)
    L'ancien major de la police, athlète et actuel chef de l'Association d'athlétisme israélienne Ami Baran. (Autorisation : IAA)
  • Ami Baran aux championnats européens de softbal en 2011. (Autorisation :  Israel Softball Association)
    Ami Baran aux championnats européens de softbal en 2011. (Autorisation : Israel Softball Association)
  • Ami Baran faisant un lancer sur une photo non-datée. (Autorisation : Israel Softball Association)
    Ami Baran faisant un lancer sur une photo non-datée. (Autorisation : Israel Softball Association)

En 1974, Ami Baran avait décidé de quitter Chicago et de partir en Israël seul. A l’époque, il avait 13 ans – l’âge de la bar mitzvah, quand les jeunes garçons juifs accèdent officiellement à l’âge adulte – et son identité sioniste ainsi que sa détermination à vivre son existence en Israël étaient déjà bien là.

« J’ai grandi en sachant que mes parents étaient des survivants de la Shoah », explique Baran au Times of Israel. « Mon père était un combattant partisan. Toute sa famille avait été tuée. Elle avait été exterminée. Il y a un livre qui s’appelle ‘Les Juifs partisans’, avec un chapitre qui lui est consacré. C’était un héros. Il a sauvé beaucoup de gens qui étaient partis grâce à lui en Israël. Vous connaissez ‘Les insurgés’, le film, et le livre qui l’a inspiré, ‘Defiance’… Mon père est mentionné dans ce livre. J’ai grandi en écoutant toutes ces histoires ».

Actuellement chef de l’Association israélienne d’athlétisme, secrétaire-général de la Fédération de baseball et de softball en Europe et directeur-exécutif de l’Association israélienne de softball, Baran explique que les sports ont tenu un rôle particulier pour lui pendant son enfance passée dans un quartier difficile de la petite classe moyenne, dans les années 1960 et 1970. Une époque où la famille de Baran avait économisé suffisamment d’argent pour pouvoir se rendre en Israël à cinq reprises entre 1967 et 1973.

Lorsqu’il avait appris que son cousin, Amir Cohen, avait été tué pendant la guerre de Yom Kippour, en 1973, Baran avait pris la décision de partir définitivement au sein de l’État juif.

« J’ai décidé que quelqu’un devait prendre sa place. Et ce quelqu’un, c’était moi », raconte-t-il.

Baran avait dit à ses parents qu’il souhaitait intégrer une école militaire. Sa mère, Henia, était venue en Israël pour préparer le grand départ par le biais du programme d’alyah destiné aux jeunes qui était parrainé par Hadassah, la Women’s Zionist Organization of America. Baran avait rejoint le camp de jeunesse de Hadassim à Even Yehuda, une ville du centre de l’État juif. Ce n’était pas une école militaire, même si le programme offrait une formation militaire dans le cadre du programme « bataillons de jeunesse », Gadna, aux élèves.

Et finalement, alors qu’il était devenu commandant de la police israélienne, il était aussi devenu le meilleur lanceur de toute l’Histoire du softball israélien. Il avait gagné les championnats nationaux de lancer de javelot à de nombreuses reprises et il avait pris part simultanément aux Maccabiades dans les disciplines du lancer de javelot et du softball.

Cette vie de presque sabra avait continué comme prévu – jusqu’en 2002, année où Baran avait perdu sa mère.

« Je pensais que ma mère était une survivante de la Shoah comme l’était mon père », explique Baran. « Mais quand elle est décédée, j’ai découvert que ce n’était pas exactement la réalité. Elle avait laissé une lettre… dans laquelle elle venait d’un autre genre de famille, d’une famille qui portait l’autre uniforme ».

Le père d’Ami Baran pendant la Seconde guerre mondiale, avec l’uniforme des partisans. (Autorisation : Ami Baran)

Baran était parti en Allemagne, la même année, pour se confronter à la vérité.

« Les membres de ma famille à Konigsberg (une ville appelée aujourd’hui Kaliningrad) étaient engagés dans l’armée allemande ; ils sont morts au combat et avaient été enterrés avec la croix de fer », explique-t-il. « Ma mère avait quitté l’Allemagne avec mon père après la guerre, quand il avait 16 ans. Je suppose qu’il l’avait enlevée. »

Baran et ses frères et sœurs ignoraient tout de la vérité.

Les enfants allemands des grands-parents de Baran savaient qu’ils avaient une sœur, Renate, qui vivait à Chicago. De son côté, la mère « juive » de Baran, qui parlait couramment le yiddish, était connue de tous dans son nouveau pays sous le nom de Henia. Avant de quitter l’Allemagne, Baran avait reçu la bague de son grand-père en cadeau.

Les débuts sur le terrain

Les débuts de Baran dans le sport professionnel israélien sont le fruit d’une coïncidence. Il passait énormément de temps à jouer au baseball, il était gardien de but au football et il aimait faire du volley au pensionnat de Hadassim – mais cela avait été le lancer malvenu d’une orange dans un verger qui avait révélé son talent, même s’il lui avait attiré des problèmes.

« J’avais été envoyé chez le directeur – mais ce dernier a été tellement impressionné par mon lancer qu’il m’a fait rencontrer l’entraîneur d’athlétisme Amnon Gur. C’est là qu’on m’a testé au javelot et à partir de l’âge de 16 ans, je suis devenu champion d’Israël, d’abord dans la catégorie junior, puis champion national », dit Baran.

Baran avait été envoyé en Allemagne pour se former avec les meilleurs entraîneurs. Il avait participé à ses premières Maccabiades à l’âge de 17 ans. Après avoir terminé son service militaire, Baran avait combiné ses études au prestigieux collège des sports du Wingate Institute et son travail au sein de l’entreprise de sa mère. Cette dernière avait immigré au sein de l’État juif quelques années après son fils et, comme à Chicago, elle commercialisait des poches de stomie.

Le lanceur israélien Tito Smilovish sur une photo non-datée. (Autorisation : Association israélienne de softball)

Alors qu’il se trouvait dans le complexe sportif Sportek du parc Yarkon de Tel Aviv, en 1984, Baran avait vu l’équipe de softball du Maccabi Tel Aviv en train de s’entraîner et il était allé se présenter à son manager, Shlomo Shovitz. Baran s’était rendu compte à ce moment-là que ses souvenirs d’enfance étaient encore suffisamment vifs pour pouvoir s’illustrer à son avantage dans une équipe d’immigrants américains et sud-américains à Tel Aviv.

Cela avait été le lanceur Tito Smilovish qui avait remarqué le fort potentiel de Baran et qui lui avait permis de développer son talent au lancer.

D’abord, Baran avait été rapide – mais peu habile. « Je touchais beaucoup les batteurs gauchers », raconte-t-il, hilare. Mais il ajoute avoir rapidement développé la capacité à contrôler ses lancers et à envoyer la balle là où il désirait qu’elle soit.

Il devait devenir un lanceur éminent du softball israélien pendant plusieurs décennies, remportant de nombreux championnats nationaux et intégrant l’équipe nationale israélienne.

Baran avait épousé une championne de saut en hauteur, Gabi Rosen, en 1988. La même année, ils étaient partis faire des études de droit en Angleterre, à la Sheffield University. Et c’est en Angleterre que Baran s’est intéressé à un autre sport, devenant quart-arrière de l’équipe Barnsley Bears à l’université. Il devait jouer au football pendant ses trois années d’études de droit.

Revenu en Israël, Baran avait utilisé son diplôme de droit pour obtenir un poste de procureur de la police dans le district de Shai, en Judée-Samarie, où il avait servi jusqu’en 2011. A différentes reprises, Baran avait officié comme procureur, comme chef des investigations, ou dans les renseignements, prenant en charge de nombreuses attaques terroristes et autres crimes.

Baran avait pris un congé exceptionnel de la police en 2007 pour devenir le directeur de l’organisation Pups for Peace, qui formait des chiens renifleurs. La même année, il était devenu manager des Netanya Tigers dans la Ligue israélienne de Baseball, – de courte durée – et il était également devenu président de l’Association israélienne de Softball (ISA).

L’ancien major de la police, athlète et actuel chef de l’Association d’athlétisme israélienne Amir Baran. (Autorisation : IAA)

L’implication de Baran dans l’administration du softball israélien avait commencé en 1995, quand il avait convaincu l’ISA d’envoyer pour la toute première fois une équipe aux championnats du monde. Ce faisant, il avait eu également la chance de se produire pour Israël dans une compétition internationale. Baran était devenu membre du bureau de l’ISA et, en 2002, il avait été à l’origine de la toute première équipe nationale de softball 100 % féminine.

S’immergeant dans le monde du softball et du baseball internationaux, Baran avait été élu en 2009 au conseil d’administration de la Fédération européenne de softball et, en 2013, il en est finalement devenu son secrétaire-général. Depuis, il a été impliqué dans une campagne réussie de fusion au sein d’une seule entité européenne des fédérations de base-ball et de softball, parce que, explique Baran, « les organisateurs des Jeux olympiques voulaient qu’elles soient réunies. Le baseball pour les hommes et le softball pour les femmes. Nombreux sont ceux qui, dans le softball, sont opposés à cette idée ».

Amir Baran faisant un lancer sur une photo non-datée. (Autorisation : Israel Softball Association)

Baran prenant la tête d’une initiative, parmi les nations européennes, visant à récolter le maximum de votes, la Fédération européenne de baseball et de softball a été créée en 2014, tandis que la Confédération mondiale de baseball et de softball (WBSC) a fait son apparition, quant à elle, relativement rapidement après, en 2017. La même année, Baran a été élu secrétaire-général de la WBSC Europe.

Et après une pause de vingt années, Baran est retourné vers l’athlétisme en 2016. Il a été invité à prendre la tête de l’Association israélienne d’athlétisme. Il a été choisi, dit-il, parce « ma réputation en tant qu’organisateur sportif, en tant que champion au lancer de javelot, en tant qu’entraîneur de longue date était faite, et parce que j’avais des liens internationaux dans le domaine du sport ». En plus de ses différents postes publics, Baran dirige également une firme de sécurité privée.

A son nouveau poste, Baran a fait en sorte d’organiser en Israël le championnat européen des moins de 18 ans, un événement international de haut-niveau. Après des pressions intenses exercées lors du congrès de la Fédération européenne d’athlétisme en Turquie, en 2017, c’est la candidature de l’État juif qui l’a finalement emporté face à la Pologne et c’est lui qui accueillera la compétition prévue du 4 au 7 juillet. Elle aura lieu au stade Givat Ram de l’Université hébraïque, un stade qui vient tout juste d’être rénové.

Baran, qui habite le village de Maor, dans le centre d’Israël, aux côtés de sa deuxième épouse, Dalit, dit avoir encore du pain sur la planche.

« Aujourd’hui, ma priorité en matière d’athlétisme est de m’assurer que les Jeux olympiques de Paris, en 2024, seront un succès pour nous », dit-il.

Baran évoque des médailles possibles au saut en hauteur et plusieurs autres athlètes prometteurs. Tout en continuant à présider l’Association israélienne d’athlétisme, il poursuit aussi ses multiples tâches en tant que chef de la WBSC pour l’Europe et que dirigeant de l’Association israélienne de softball – et il forme encore des lanceurs dans la cage de frappeur qu’il a installée dans son jardin.

« Je suis très motivé et je ne dors pas beaucoup », explique Baran. « Je veux pouvoir partir en me disant que les sports se sont améliorés en Israël. »

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