Résidents de Homesh : Yair Golan regrette la formulation de ses critiques
Yair Golan reconnaît que son choix de qualifier les habitants de l'avant-poste illégal de "sous-hommes" a été "problématique", mais il dit maintenir ses critiques

Le vice-ministre de l’Économie, Yair Golan, a dit regretter des propos tenus jeudi, en début de matinée, dans lesquels il a qualifié les résidents d’un avant-poste illégal de Cisjordanie de « sous-hommes » tout en maintenant, par ailleurs, ses critiques au sujet de ces derniers.
Ces propos de Golan visant les résidents d’implantation à la tête d’une yeshiva illégale dans le hameau de Homesh avaient entraîné l’indignation dans tout le spectre politique, et certains de ses alliés politiques l’auraient par ailleurs accusé d’alimenter les divisions.
« Je regrette ces propos qui ont pu inclure une phrase problématique. J’étais en colère et cela peut arriver au cours d’une interview », a déclaré Golan devant les caméras de la Douzième chaîne, jeudi soir. « J’aurais pu utiliser une expression plus appropriée – comme ‘voyous méprisables’. »
Le vice-ministre a déclaré, de surcroît, qu’il n’en restait pas moins très critique des agissements des résidents de Homesh.
« Le problème, ce n’est pas ce que j’ai dit. Il s’agit d’un gang qui porte préjudice, de manière systématique et constante, à des innocents, à des biens, à des soldats et à l’armée, à des policiers ; un gang qui profane des tombes », a poursuivi Golan.
« J’ai combattu toute ma vie le terrorisme palestinien. Je n’ai pas besoin qu’on m’apprenne ce qu’est le terrorisme palestinien mais je pense que le danger qui vient de l’intérieur est plus grave que celui qui vient de l’extérieur. Nous, les Juifs d’Israël, devons déraciner ce mal », a continué le vice-ministre qui a été, dans sa carrière, vice chef d’État-major de l’armée israélienne et qui est connu pour dénoncer l’extrémisme de droite.
La saga a commencé jeudi matin, quand Golan a déclaré à la chaîne de la Knesset que les individus qui tentaient de s’installer à Homesh « lançaient des émeutes dans le village palestinien adjacent de Burqa, brisaient des pierres tombales – ils mènent un pogrom. Nous, le peuple juif, qui avons subi des pogroms tout au long de l’histoire, faisons-nous aujourd’hui des pogroms ? »
« Ce ne sont pas des hommes ; ce sont des sous-hommes méprisables… Ils ne devraient recevoir aucun soutien et devraient être chassés par la force », a dit Golan, qui appartient au parti du Meretz.
Le Premier ministre Naftali Bennett et la ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked, ont tous les deux immédiatement fustigé Golan suite à cette sortie, suivis par d’autres membres du gouvernement. Tous deux sont issus du parti Yamina, soutenu en grande partie par le mouvement pro-implantations.
Bennett a aussitôt réagi sur Twitter en écrivant que les paroles de Golan étaient « choquantes, généralisantes et à la limite de la diffamation ». Shaked, pour sa part, a dénoncé des propos « scandaleux », insistant sur le fait que « les résidents de Homesh sont des pionniers – des pionniers et des amoureux de la terre. La yeshiva, à Homesh, propage la Torah et la lumière, aidant à percer l’obscurité ».
Golan a indiqué à la Douzième chaîne qu’il « regrettait » leurs critiques, affirmant soutenir le gouvernement diversifié actuel et entretenir de bonnes relations avec tous les partis de l’alliance, notamment ceux de droite.

Mais Golan a aussi refusé de revenir sur des propos passés contre Bennett et Shaked – il les avait qualifiés de « fascistes » – affirmant : « Je n’ignore le passé de personne, mais je regarde vers l’avenir et je sais quelles sont les alternatives. Ce gouvernement est la meilleure alternative pour Israël. L’autre option, c’est un gouvernement corrompu qui coopère avec l’extrême-droite et les ultra-orthodoxes. »
Une source gouvernementale qui n’a pas été identifiée a déclaré à la Douzième chaîne que les paroles de Golan créaient des divisions dans une coalition déjà houleuse.
Un grand nombre de députés de la coalition ont, eux aussi, critiqué les propos de l’ancien militaire, à droite et à gauche – ainsi qu’issus des partis de l’opposition. Le leader de cette dernière, Benjamin Netanyahu, a appelé Bennett à renvoyer Golan.
Parmi les alliés de Golan qui se sont exprimés, Omer Barlev, ministre de la Sécurité intérieure, qui a déclaré à la Treizième chaîne que les paroles tenues avaient été « malheureuses et cruelles », et que Golan n’aurait pas dû les prononcer.
« Nous avons l’obligation d’évacuer un avant-poste illégal, c’est la loi, mais entre cette réalité et les propos du vice-ministre, il y a un gouffre », a-t-il fait remarquer.
Le mois dernier, Barlev avait été lui-même vivement critiqué pour un compte-rendu de sa rencontre avec un responsable du département d’État, dans lequel il avait indiqué qu’il avait évoqué avec son interlocuteur l’importance de réprimer les violences des partisans du mouvement pro-implantations. Les critiques, à droite, avaient estimé que cette formulation attribuait à tort à tous les résidents d’implantations les actions d’une minorité violente.

La recrudescence des violences dans le secteur de Homesh a commencé par un attentat terroriste qui, le mois dernier, a tué Yehuda Dimentman, un étudiant de la yeshiva (ou école religieuse) que l’armée autorise à mener illégalement ses activités depuis plus de 15 ans au sein de l’avant-poste.
Les forces de sécurité israéliennes sont depuis arrivées à l’avant-poste à deux reprises pour détruire un certain nombre de constructions artisanales hors-la-loi qui ont été installées depuis l’attaque. Toutefois, la yeshiva a été laissée intacte.