Ronen Bar quitte ses fonctions – son adjoint devient chef du Shin Bet par interim
En raison de la polémique autour de son limogeage, Bar n'a pas assisté au Conseil des ministres depuis des semaines : il aurait pris part à une réunion pour valider les frappes contre l'Iran

Au moment-même où Israël fait la guerre à l’Iran, les fonctions du directeur du Shin Bet, Ronen Bar, ont pris fin ce dimanche et c’est son adjoint, connu sous l’acronyme hébreu Shin, qui va prendre la tête de l’agence de renseignement intérieur par interim.
C’est le major-général David Zini, tout juste retraité de l’armée, qui devrait succéder à Bar, mais sa nomination officielle pourrait prendre encore plusieurs semaines.
Après avoir établi que le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, avait un conflit d’intérêts en ce qui concerne la nomination du nouveau directeur du Shin Bet – même son chef par intérim -, la procureure générale Gali Baharav-Miara a autorisé la semaine passée la nomination du Shin pour une période d’un mois car, a-t-elle indiqué, il est crucial pour la sécurité israélienne que le poste soit pourvu.
Le départ de Bar et la sélection de Zini ont donné lieu à une intense polémique.
En avril dernier, Bar avait annoncé son intention de quitter ses fonctions de chef du Shin Bet le 15 juin.
Depuis des semaines, il n’assistait plus aux réunions du Conseil des ministres mais il aurait effectivement pris part à celle au cours de laquelle le gouvernement a pris la décision de bombarder l’Iran, a indiqué vendredi la radio publique Kan, sur la foi du témoignage d’une source anonyme ayant elle-même pris part à cette réunion.
Tôt dans la journée de vendredi, Israël a bombardé des cibles en Iran lors d’une attaque spectaculaire en expliquant que le programme nucléaire de la République islamique était désormais une menace immédiate et existentielle pour l’État juif.
Le successeur de Bar prend ses fonctions au moment où Israël bombarde quotidiennement l’Iran et fait l’objet de tirs de missiles iraniens qui, s’ils sont pour l’essentiel interceptés par ses défenses aériennes, ont d’ores et déjà tué 13 personnes et fait plus de 200 blessés.

Le président de HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a salué Bar.
Bar « restera toujours un combattant pour la sécurité d’Israël », a tweeté Gantz, ajoutant qu’il « a assumé sa part de responsabilité dans l’échec du 7 octobre » et que pendant la guerre, il a « découvert quel leader » était le chef du Shin Bet.
« Rien n’effacera le 7 octobre, mais rien ne devrait ni ne pourra effacer tout ce qu’il a fait pour la sécurité d’Israël avant et après. Ronen, merci d’avoir toujours combattu pour le peuple d’Israël », a ajouté Gantz.
En mars dernier, c’est dans des circonstances très controversées que Bar a été limogé par le gouvernement, ce qui a poussé la Cour Suprême à surseoir à l’application de cette décision le temps d’examiner les recours portant sur de possibles erreurs de procédure ou le possible opportunisme, personnel ou politique, de Netanyahu, sans oublier les enquêtes criminelles menées par le Shin Bet sur de proches collaborateurs du Premier ministre.
Malgré cela, en avril, Bar a annoncé son intention de quitter ses fonctions le 15 juin en raison de l’incapacité de son agence à déjouer le pogrom commis par le Hamas, le 7 octobre 2023, après quoi la Cour Suprême a statué que son limogeage était illégal et que Netanyahu avait effectivement un conflit d’intérêts en limogeant Bar en raison des enquêtes criminelles. Toutefois, la Cour Suprême n’a pas pris de référé sur la question, Bar ayant entre temps fait part de se son intention de quitter ses fonctions.
Baharav-Miara a alors fait savoir à Netanyahu que, conformément à la décision de la Cour, il avait un conflit d’intérêts en ce qui concernait la nomination d’un nouveau chef du Shin Bet, ce qui n’a pas dissuadé le Premier ministre de nommer Zini successeur de Bar.
La procureure générale a par la suite indiqué à Netanyahu que la nomination de Zini était « invalide et illégale », et qu’il était par ailleurs douteux qu’il soit compétent pour ce poste.
Le Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël, l’un des principaux auteurs de recours contre le limogeage de Bar, a protesté contre la nomination de Shin par Netanyahu, affirmant que la décision de la Cour Suprême concernant le conflit d’intérêts de Netanyahu signifiait qu’il ne pouvait aucun cas procéder à cette nomination.
L’organisation a, en urgence, fait un recours auprès de la Cour Suprême, mercredi dernier, pour exiger que Bar soit maintenu à son poste le temps qu’un successeur lui soit trouvé.
Il est probable que ce recours ne prospère pas suite à la validation de la nomination de Shin par la procureure générale.