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Sarah Halimi : Belloubet évoque « l’émotion de la communauté juive »

La garde des Sceaux a été reprise par Léa Salamé, qui a exprimé l'émotion de la France entière et non de la seule communauté juive

La Garde des Sceaux Nicole Belloubet au micro du Grand Entretien de France Inter, le 20 janvier 2020. (Crédit : France Inter / YouTube)
La Garde des Sceaux Nicole Belloubet au micro du Grand Entretien de France Inter, le 20 janvier 2020. (Crédit : France Inter / YouTube)

Ce lundi dans le Grand Entretien de France Inter, Nicolas Demorand et Léa Salamé ont interrogé la ministre de la Justice Nicole Belloubet au sujet de l’actualité en France. Ils sont notamment revenus sur la proposition de loi de la sénatrice Nathalie Goulet au sujet de l’irresponsabilité pénale suite au jugement qui a déclaré Kobili Traoré, meurtrier de Sarah Halimi en 2017, pénalement irresponsable (à partir de 13:41 dans la vidéo ci-dessous).

À ce sujet, Nicole Belloubet a rappelé « l’évolution » à ce sujet qu’il y a eue en 2008.

« En 2008, on a décidé de mettre en place une audience publique et contradictoire pour s’interroger sur le caractère de la responsabilité ou de l’irresponsabilité pénale, a-t-elle expliqué. C’est ce qui s’est passé pour la personne qui a assassiné Sarah Halimi. Il y a eu une audience publique et contradictoire où les experts sont venus et six experts sur sept ont déclaré que la personne devait être considérée comme irresponsable
pénalement. »

« J’entends évidemment l’émotion de la communauté juive, en l’occurence », a ajouté la ministre, avant d’être interrompue par Léa Salamé : « Et même des Français en général. » Une remarque à laquelle a acquiescé la garde des Sceaux.

« J’entends cette émotion. Il faut vraiment réfléchir avant de savoir si on bouge cela parce qu’il y a pour moi un principe fondamental de notre État de droit qui est qu’on ne juge pas les fous. Mais je comprends qu’il puisse y avoir de l’émotion autour de ce sujet. »

« Le réflexe de Nicole Belloubet ce matin de renvoyer la stupeur autour des derniers rebondissements judiciaires de l’affaire Sarah Halimi à ‘l’émotion de la communauté juive’ en dit hélas long. Mais elle se trompe », a réagi sur Twitter la journaliste Anne Rosencher, dans un message qui a provoqué de nombreuses réactions.

« C’est le double discours permanent. D’un côté on dit que le Juif est un Français comme les autres et que l’antisémitisme concerne tout le monde, de l’autre dès qu’il y a un acte antisémite on renvoie l’émotion à cette ‘communauté juive’ et non à la France entière qui devrait elle s’en émouvoir. Ça fait 40 ans que ça dure. Dès lors qu’il n’y a que des victimes juives, on renvoie cela à des problèmes géopolitiques extérieurs ou des fous, mais jamais à un antisémitisme interne au pays », a commenté un autre internaute.

La semaine dernière, Nicole Belloubet avait accordé une interview exclusive au journal Actualité juive, revenant également sur l’affaire Sarah Halimi.

Dans l’entretien, elle s’était là-aussi dit compréhensive face à l’émoi suscité et avait fait part de son inquiétude face à la recrudescence des actes antisémites en France.

« J’ai été particulièrement touchée par l’horreur du meurtre de Mme Attal-Halimi et je comprends véritablement l’émotion suscitée par ce crime », avait-elle confié.

Elle avait néanmoins expliqué qu’en tant que garde des Sceaux, il lui était interdit « d’adresser aux procureurs de la République des instructions dans des affaires individuelles », cela permettant de garantir aux citoyens qu’aucune ingérence de l’exécutif ne viendra s’immiscer dans le déroulement des procédures pénales.

Elle avait également rappelé que « six experts psychiatres sur sept considéraient que l’accusé était irresponsable au moment des faits », et que « la Cour a suivi ces expertises et a estimé que le suspect ne pouvait être condamné pénalement ».

Selon Nicole Belloubet, fumer du cannabis ne donne pas pour autant « un permis de tuer ». « Cette affaire est une affaire incroyablement douloureuse qui pose clairement une question d’interprétation juridique. C’est la raison pour laquelle un pourvoi a été formé devant la cour de cassation. Il apportera une réponse à cette question. »

La ministre avait aussi estimé que « la reconnaissance du caractère antisémite dans cette affaire demeure importante, pour les victimes comme pour la République », et avait ajouté que son « engagement dans la lutte contre l’antisémitisme est total ». « Je suis déterminée à ce que la politique pénale soit particulièrement ferme pour réagir contre les actes antisémites », avait-elle expliqué.

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