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Satire anti-Erdogan : Merkel autorise les poursuites pour « lèse-majesté » voulues par Ankara

La chancelière a tout de même rappelé que "les procureurs et les tribunaux auront le dernier mot"

Angela Merkel, chancelière allemande, à gauche, et Recep Tayyip Erdogan, président turc, à Istanbul, le 18 octobre 2015. (Crédit : Tolgas Bozoglu/Pool/AFP)
Angela Merkel, chancelière allemande, à gauche, et Recep Tayyip Erdogan, président turc, à Istanbul, le 18 octobre 2015. (Crédit : Tolgas Bozoglu/Pool/AFP)

Berlin a autorisé vendredi la demande de poursuites pénales d’Ankara contre un humoriste ayant traité le président turc de zoophile, une affaire qui empoisonne les relations avec la Turquie, partenaire crucial pour juguler l’afflux des migrants en Europe.

Côté pile, la chancelière Angela Merkel a elle-même annoncé après une semaine de tractations internes « son autorisation » pour que le parquet engage une procédure contre le satiriste Jan Böhmermann pour « insulte à un représentant d’un Etat étranger » (art. 103 du code pénal), délit passible de trois ans de prison et qualifié par certains de crime anachronique de « lèse-majesté ».

Côté face, elle a immédiatement annoncé que « le gouvernement est d’avis qu’on peut se dispenser de l’article 103 » et que sa suppression interviendra en 2018.

Semblant répondre aux critiques qu’on pourrait lui opposer, Mme Merkel a tenu à souligner que l’autorisation de recourir à l’article 103 ne signifiait pas que le comédien était coupable ni que les limites de la liberté d’expression avaient été atteintes.

« Dans un Etat de droit, la justice est indépendante (…) La présomption d’innocence y est en vigueur », a-t-elle souligné.

« Dans (un Etat de droit) donner une autorisation pour des poursuites pénales pour (ce) délit particulier (…) n’est pas une condamnation a priori des personnes concernées ni une décision sur les limites des libertés de l’art, de la presse et d’opinion », a-t-elle dit, assurant que « les procureurs et les tribunaux auront le dernier mot ».

Engager des poursuites sur la base de l’article 103 nécessitait d’une part une demande officielle turque et d’autre part le blanc-seing du gouvernement allemand. Désormais le parquet devra trancher s’il y a lieu de poursuivre le comique.

Les critiques ne se sont cependant pas fait attendre, d’autant que le président Recep Tayyip Erdogan a aussi déposé une autre plainte pour injure en tant que simple personne privée, une procédure qui ne nécessite aucune autorisation particulière.

La question oppose même Angela Merkel à ses partenaires sociaux-démocrates au gouvernement.

« Je considère que la décision est la mauvaise. Des poursuites pour crime de lèse-majesté n’ont pas leur place dans une démocratie moderne », a réagi sur Twitter le chef des députés SPD Thomas Opperman.

Plus tôt, le ministère allemand des Affaires étrangères s’était lui dit « sceptique » quant au recours au code pénal s’agissant des relations entre Etats.

‘Soumission’ à Erdogan

Pour l’opposition, Mme Merkel a même sacrifié les valeurs de la démocratie pour préserver ses relations avec la Turquie, devenue le partenaire essentiel de l’Union européenne pour résoudre la crise migratoire en Europe.

La députée d’extrême-gauche Sahra Wagenknecht a ainsi dénoncé une décision « insupportable » estimant sur Twitter que « Merkel se soumet au despote turc Erdogan et sacrifie la liberté de la presse en Allemagne ».

Ankara avait réclamé officiellement la semaine dernière à l’Allemagne de permettre ces poursuites contre Jan Böhmermann qui, dans un poème diffusé début avril par la chaîne publique NTV NEO, avait notamment traité M. Erdogan de zoophile et de pédophile.

Le comique avait expliqué à l’antenne savoir qu’il allait au delà de ce que le droit allemand autorise dans le but de démontrer par l’absurde combien le pouvoir turc avait eu tort de s’attaquer à une chanson diffusée 15 jours plus tôt à la télévision allemande et critiquant la dérive autoritaire en Turquie.

Le monde de la culture et des médias allemands a apporté un large soutien au satiriste. Sa chaîne a aussi jugé jeudi que si son texte n’était pas du meilleur goût, il n’était pas « pénalement répréhensible ».

Cette affaire empoisonne les relations germano-turques à l’heure où Ankara et les Européens s’efforcent de maintenir à flot l’accord selon lequel la Turquie accepte de reprendre tous les migrants rejoignant la Grèce clandestinement.

De nombreux médias ont accusé Mme Merkel ces derniers jours de vouloir ménager M. Erdogan, d’autant qu’il a menacé de rompre l’accord si l’UE ne supprimait pas le régime des visas imposé aux ressortissants turcs en juin.

Par ailleurs, M. Erdogan avait rejeté début avril « toute leçon de démocratie » de la part des Occidentaux, après les critiques émises par son homologue américain Barack Obama.

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