Selon d’ex-responsables américains, les États-Unis sont « indéniablement complices » des actions à Gaza
Selon 12 ex-fonctionnaires des Départements d'État, de l'Éducation, de l'Intérieur, de la Maison Blanche et de l'armée, l'acheminement d'armes américaines rend Washington coupable

Une dizaine d’anciens membres des autorités américaines, démissionnaires en raison du soutien de leur pays à la guerre israélienne contre le Hamas, dans la bande de Gaza, ont accusé mardi l’administration du président Joe Biden de « complicité indéniable » dans la mort de Palestiniens dans l’enclave.
Dans le cadre d’une déclaration commune, ces 12 anciens membres des services gouvernementaux ont déclaré que l’administration avait enfreint les lois américaines en soutenant Israël et en trouvant des échappatoires pour continuer à expédier des armes à son allié.
« La couverture diplomatique américaine et le flux continu d’armes vers Israël signent notre complicité indéniable dans la mort et la famine imposées aux populations palestiniennes assiégées à Gaza », ont-ils déclaré par voie de communiqué.
Ils demandent au gouvernement américain d’utiliser son « influence » pour mettre fin à la guerre tout en assurant la libération des otages israéliens de Gaza et des prisonniers de sécurité palestiniens détenus en Israël. Ils lui demandent également de soutenir l’autodétermination palestinienne et de financer une « hausse immédiate de l’aide humanitaire » à Gaza.
La Maison Blanche et le Département d’État n’ont pas réagi à cette déclaration.
La communauté internationale est de plus en plus critique envers la conduite d’Israël à Gaza et le soutien militaire et diplomatique que lui témoignent les États-Unis lors de cette guerre, qui a commencé le 7 octobre lorsque l’organisation terroriste palestinienne du Hamas a mené un pogrom en Israël qui a fait 1 200 victimes et 251 otages séquestrés dans la bande de Gaza.

Israël a riposté en se lançant dans une campagne militaire destinée à détruire le Hamas, renverser son régime à Gaza et faire libérer les otages.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, plus de 38 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats dans la bande de Gaza, bilan invérifiable à ce stade et qui ne fait pas le distinguo entre civils et hommes armés. Pour sa part, Israël revendique la mort de 15 000 hommes armés lors des combats, auxquels s’ajoutent un millier de terroristes tués en territoire israélien le 7 octobre, jour du pogrom.
La démission de ces 12 membres des autorités américaines est le signe de la dissidence qui se fait jour au sein du gouvernement en raison de son soutien à Israël. Washington milite en faveur de la protection des civils à Gaza et demande régulièrement à Israël d’améliorer les conditions d’accès à l’aide humanitaire.
Figurent notamment parmi les signataires de cette déclaration commune d’anciens membres des Départements d’État, de l’Éducation, de l’Intérieur, de la Maison Blanche et de l’armée.

Les livraisons d’armes sont une source de tension entre Washington et Jérusalem, le Premier ministre Benjamin Netanyahu ayant publiquement affirmé, le mois dernier, que les États-Unis avaient « retenu » des cargaisons d’armes destinées à Israël, ce que Washington a nié, à l’exception d’une cargaison de bombes lourdes que Biden ne voulait pas voir utilisées par Tsahal dans la ville densément peuplée de Rafah, à Gaza. Washington a toutefois admis, la semaine passée, qu’il avait pu y avoir quelques retards logistiques.
La semaine dernière, le quotidien Haaretz a publié des chiffres montrant que le nombre d’expéditions d’armes américaines vers Israël avait considérablement diminué après les quatre premiers mois de guerre entre Israël et le Hamas. Cette information est sortie au moment où le ministre de la Défense, Yoav Gallant, et l’administration Biden annonçaient, chacun de leur côté, que des progrès avaient été enregistrés dans l’acheminement des armes, jugé insuffisant par Jérusalem.
La guerre a occasionné d’énormes dégâts aux infrastructures de Gaza, à commencer par ses immeubles de logements, et la majorité de sa population – 2,3 millions d’habitants – sont actuellement déplacés. Ont par ailleurs circulé des rumeurs de famine à Gaza, que peu de preuves permettent d’accréditer.
Enfin, cette guerre a donné lieu à des accusations de génocide dont Israël nie la véracité.