Israël en guerre - Jour 371

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Simhon : Teva a payé 'des dizaines de milliards de shekels en impôts'

Selon un conseiller de Netanyahu, Teva pourrait quitter Israël en cas d’intervention gouvernementale

Le chef du Conseil national économique Avi Simhon indique qu'Israël réfléchit à des moyens - dont un renflouement - pour aider à garder l'usine de Jérusalem ouverte. Le Premier ministre devrait rencontrer mardi le directeur-général de Teva

Les employés manifestent devant le siège de Teva à Jérusalem contre le plan de licenciement de plusieurs centaines de personnes, le 17 décembre 2017 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Les employés manifestent devant le siège de Teva à Jérusalem contre le plan de licenciement de plusieurs centaines de personnes, le 17 décembre 2017 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Dans un contexte de colère nationale et d’une grève en cours en raison de licenciements majeurs chez le géant pharmaceutique en difficulté Teva, le principal conseiller économique du Premier ministre Benjamin Netanyahu a averti que le gouvernement ne pouvait pas exercer de trop fortes pressions sur la firme, le risque étant que l’entreprise ne quitte le territoire israélien pour installer ailleurs ses activités.

« Si nous faisons trop pression sur Teva, Teva peut décider de partir d’Israël », a déclaré le professeur Avi Simhon. « L’Etat ne peut pas gérer Teva. Il s’agit d’une entreprise privée ».

Dans une interview accordée au Times of Israel, Simhon a rejeté les demandes émanant de certains politiciens et des syndicats qui réclament le remboursement par Teva des avantages fiscaux dont a bénéficié l’entreprise au fil des années, ainsi que celui des primes versées aux anciens directeurs-généraux.

Il n’a pas exclu une forme d’assistance économique gouvernementale pour Teva, spécifiant que si le plan de l’entreprise est de fermer son usine de Jérusalem en raison de problèmes de trésorerie à court-terme, l’Etat devrait pouvoir offrir son aide. Il a néanmoins reconnu qu’une telle assistance risquait de créer un précédent en termes de remise à flot par le gouvernement d’autres entreprises en difficulté.

Le professeur d’économie, le docteur Avi Simhon, le 16 juin 2010 (Crédit : Flash90)

Simhon, qui est à la tête du Conseil économique national du Premier ministre Benjamin Netanyahu, répondait aux appels lancés par les politiciens et la puissante Histadrout qui demandent au gouvernement d’adopter un positionnement ferme envers Teva Pharmaceutical Industries Ltd., et d’amener l’entreprise à mettre un terme au licenciement prévu de 1 700 personnes localement.

Netanyahu, le ministre des Finances Moshe Kahlon et le ministre de l’Economie et de l’Industrie Eli Cohen doivent rencontrer le directeur-général de Teva mardi, a-t-il dit, pour tenter de trouver les meilleurs moyens d’atténuer l’impact du programme du fabricant de médicaments israéliens de réduire sa main-d’oeuvre au sein de l’Etat juif.

Teva a dévoilé la semaine dernière son programme de licenciement mondial de 14 000 personnes, plus de 25 % de ses effectifs, au cours des deux prochaines années, une initiative visant à remettre l’entreprise sur pied. Elle est endettée et a souffert de la réduction des prix des médicaments génériques et de la concurrence à son médicament phare, le Copaxone, qui soigne la sclérose en plaque, survenue plus tôt que prévu.

Teva, qui est l’un des plus grands fabricants de médicaments génériques dans le monde et l’un des employeurs les plus importants de la nation, a été jusqu’à récemment un fleuron de la fierté israélienne, symbole de sa réussite industrielle. Les actions de la compagnie ont jusqu’à récemment été l’un des produits de base des plans d’épargne israéliens, gagnant le surnom « d’action du peuple ».

Le fabricant a fait savoir que les licenciements en Israël concerneraient environ 1 700 employés à la fin de l’année 2019, selon une lettre envoyée aux salariés israéliens. La restructuration verra la fermeture de l’usine de fabrication de Jérusalem fin 2019 et les activités de recherche et développement seront réduites dans le pays. L’entreprise va également chercher à vendre son centre logistique de Shoham et son usine à Kiryat Shmona.

« L’objectif de la réunion [de mardi] est d’entendre directement quelle est la situation et quels sont les plans envisagés et également de faire savoir au directeur-général quelle est la position adoptée par Israël », a expliqué Simhon. « Cette position est qu’il est très important pour nous de minimiser le plus possible les licenciements et de conserver Teva comme entreprise israélienne ».

Simhon a ajouté que le gouvernement cherche une formule pour encourager Teva à conserver l’usine de fabrication de Jérusalem en fonctionnement – peut-être même en donnant à l’entreprise une forme d’assistance pour l’aider à dépasser une pénurie de fonds si tel est le problème.

« Je ne veux pas aborder la question des mesures spécifiques parce que nous n’avons pas eu de conversation avec Teva », a-t-il poursuivi. Si l’usine de Jérusalem « est un site qui ne mérite pas d’être préservé, nous n’obligerons pas Teva à le conserver ouvert. Mais si c’est un problème de trésorerie, alors peut-être qu’il sera possible de trouver une manière, pour le gouvernement, d’aider Teva à dépasser cet obstacle ».

Dans un laboratoire de l’usine médicale de Teva à Har Hotzvim, à Jérusalem, le 15 mars 2010 (Crédit : Nati Shohat/Flash90)

La question doit être examinée, a-t-il dit. « Nous espérons qu’il y aura un moyen ».

Les ministres Kahlon et Cohen ont rencontré lundi des représentants de la Histadrout pour écouter leurs revendications.

Kahlon a promis lors de cette rencontre que le gouvernement « n’abandonnera pas » les salariés et qu’il utilisera tous les outils à sa disposition pour tenter de réduire le nombre de licenciements et de fermetures d’usines, selon un communiqué émis par le ministre des Finances.

« Nous voulons stopper le processus et commencer à discuter » pour trouver la meilleure manière d’effectuer des changements qui sauront s’adapter à l’entreprise, a déclaré Eliran Kozlik, le chef du syndicat des travailleurs de Teva, lors d’un entretien téléphonique avec le Times of Israel, alors qu’il se trouvait dans la fumée émanant des pneus brûlés par les employés de Teva lors de leur mouvement de protestation devant le bureau du Premier ministre de Jérusalem. Les employés ont également organisé des manifestations dans les usines de Teva de tout le pays.

« La réorganisation est un processus qui prendra deux ans », les décisions ne devraient donc pas être précipitées, a-t-il dit. « Personne ne veut voir Teva endommagé ».

Simhon a indiqué avoir réalisé que toute assistance qui serait offerte à Teva serait remarquée par les autres entreprises en difficulté qui ont des activités en Israël. « Nous devons être capables de prendre en compte le précédent que viendrait à créer cette aide », a-t-il dit.

Avi Nissenkorn, chef de la Histadrout, a demandé l’intervention gouvernementale pour empêcher les licenciements et le syndicat a organisé une grève générale de la main-d’oeuvre israélienne dimanche matin en réponse à ces réductions d’emploi. Les politiciens ont accusé Teva « d’ingratitude et de cupidité » pour avoir la chutzpah de procéder à des licenciements en Israël après avoir reçu des milliards de shekels en avantages fiscaux au fil des années.

Le chef de la Histadrut Avi Nissenkorn à la cour nationale du travail à Jérusalem, le 5 décembre 2017 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

L’entreprise a ainsi reçu 22 milliards de shekels en allègements depuis 2006, a fait remarquer Nissenkorn.

« Je n’accepte pas cette approche », a déclaré Simhon. Au cours de la dernière décennie au moins, Teva n’a pas reçu de subventions mais seulement des avantages fiscaux, comme n’importe quelle entreprise ayant établi des opérations de fabrication et d’exportation en Israël.

Les avantages fiscaux sont un outil pour attirer les opérations de fabrication des entreprises au sein de l’Etat juif, ce qui mène à des emplois et à des impôts, a-t-il dit. Même avec les avantages fiscaux qui sont déjà en place, de nombreuses corporations ne s’installent pas dans le pays, a-t-il ajouté. « Et parce que les conditions que nous leur offrons sont inférieures à celles qu’elles peuvent obtenir dans d’autres pays », comme l’Irlande, par exemple, a-t-il poursuivi.

Les employés de Teva manifestent devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem contre le plan de licenciement de plusieurs centaines de personnes, le 17 décembre 2017 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Simhon a cité comme exemple l’acquisition de Kite Pharma par Gilead Sciences, Inc, pour la somme de 12 milliards de dollars au mois d’août. Kite Pharma n’est pas une société israélienne mais la technologie qu’elle utilise a été développée à l’institut de science Weizmann, en Israël, le même institut où a été développé le Copaxone de Teva.

Kite Pharma « n’est pas une entreprise israélienne et nous n’obtenons pas un centime de taxes même si son développement s’est fait au sein du même institut Weizmann », a-t-il expliqué.

Et des entreprises comme Apple et IBM développent des technologies en Israël et les emmènent ailleurs pour la production, a-t-il continué.

« L’Etat ne peut pas gérer Teva », a-t-il dit. « C’est une entreprise privée. Je voudrais rappeler à tous que Teva a payé, au cours des années, des dizaines de milliards de shekels en impôts. L’entreprise n’a pas obtenu un centime de la part de l’Etat. Elle a bénéficié d’avantages ».

« Nous devons nous souvenir que si nous mettons trop de pressions sur Teva, Teva peut décider de quitter le territoire israélien et qu’alors l’entreprise… ne paiera plus un shekel en impôt et n’emploiera plus personne – alors que Teva fera toujours travailler 5 000 personnes » même après les licenciements ».

Simhon a dit croire que les employés qui seront licenciés par Teva à la fin du processus de restructuration seront en mesure de retrouver du travail sur le marché local. « Chaque année, environ 15 000 employés rejoignent l’économie – des jeunes, des nouveaux arrivés qui rejoignent le marché du travail. La majorité d’entre eux trouvent quelque chose ».

« La manière de garantir que les gens trouvent un emploi, c’est de préserver une économie qui fonctionne et qui croît, a-t-il continué. « Cela souligne même encore davantage la nécessité de gérer une politique économique qui soit avisée ».

Kåre Schultz, nouveau directeur et président de Teva (photo publiée avec son autorisation)

Il est également important pour Israël que Teva continue à être enregistrée comme entreprise israélienne, a-t-il expliqué.

Dans une lettre écrite la semaine dernière à Netanyahu, Schultz, le nouveau directeur-général, a présenté ses excuses au nom de l’ancienne équipe d’administration de Teva pour la situation que doit affronter la firme aujourd’hui. Il a également déclaré qu’il était déterminé à conserver le siège mondial de Teva en Israël et a répété l’engagement envers l’Etat juif du géant pharmaceutique.

Même si Schultz a d’ores et déjà promis de conserver Teva en Israël, a indiqué Simhon, il est important qu’il « prenne place dans la même pièce que le Premier ministre, le ministre des Finances et celui de l’Economie, et qu’il dise la même chose et qu’il écoute ce que nous avons à dire », a-t-il conclu.

Pour sa part, Avi Nissenkorn, chef de la Histadrout, a choisi de marquer d’une pierre blanche cette journée de rencontre au sommet en appelant tous les employés de Teva à faire une grève générale dans le cadre des manifestations continues contre les licenciements massifs.

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