Selon un sénateur américain, Biden aimerait limiter l’influence Smotrich et Ben Gvir
La Maison Blanche, reste discrète sur ses inquiétudes concernant la montée de l’extrême droite dans le prochain gouvernement, mais elle travaillerait en coulisses pour la contrer
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Un sénateur américain démocrate a affirmé jeudi que l’administration Biden cherche à limiter l’influence des législateurs d’extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir dans le prochain gouvernement israélien attendu.
Alors que la Maison Blanche s’est montrée discrète et réservée quant à ses préoccupations face à la montée des leaders des partis HaTzionout HaDatit et Otzma Yehudit, le démocrate Chris Van Hollen, qui serait proche du président américain Joe Biden, a décrit les inquiétudes de Washington de manière plus franche.
Il a révélé que l’administration ne comptait pas attendre que l e gouvernement du Premier ministre désigné Benjamin Netanyahu soit assermenté pour commencer à agir.
« Je sais que l’administration Biden est en train de faire tout ce qu’elle peut pour tenter au mieux de limiter les dégâts potentiels de l’inclusion de ces éléments extrémistes au sein de la coalition gouvernementale », a déclaré Van Hollen, faisant référence aux noms de Ben Gvir et Smotrich dans ses remarques au Sadat Forum à l’université du Maryland.
L’administration Biden s’est abstenue de tout commentaire public sur Smotrich et Ben Gvir, qui devraient tous deux devenir obtenir des postes de ministres dans le prochain gouvernement.
Le porte-parole du département d’État, Ned Price, au lendemain de la victoire du bloc de Netanyahu à l’élection du 1er novembre, avait juste déclaré que les États-Unis « espèrent que tous les responsables du gouvernement israélien continueront à partager les valeurs d’une société ouverte et démocratique, notamment la tolérance et le respect pour tous dans la société civile, en particulier pour les groupes minoritaires. »
Si Price a qualifié « d’odieux » un service commémoratif en l’honneur du défunt rabbin extrémiste Meir Kahane, auquel Ben Gvir devait assister une semaine plus tard, il n’a pas fait de commentaire spécifique sur le leader d’Otzma Yehudit.
Lors des négociations de coalition, Netanyahu a accepté de confier à Ben Gvir le nouveau rôle de ministre de la Sécurité nationale, qui aura autorité sur la police israélienne et la division de la police des frontières en Cisjordanie.
Smotrich est appelé à devenir ministre des Finances et un autre membre de son parti obtiendra un rôle ministériel au sein du bureau du Premier ministre, qui aura l’autorité sur deux organes du ministère de la Défense chargés des autorisations en matière de nouvelles implantations, des destructions de maisons palestiniennes et de la gestion des affaires courantes des Palestiniens dans 60 % de la Cisjordanie.
Dans un premier temps, Smotrich avait fait pression pour être nommé ministre de la Défense, ce qui avait suscité des inquiétudes à Washington en raison du soutien de ce premier à l’annexion [de la Cisjordanie], à l’effondrement de l’Autorité palestinienne, au rejet d’un État palestinien et à son refus d’accorder aux Palestiniens de Cisjordanie l’égalité des droits. Smotrich a également exprimé des opinions hostiles à l’égard des Arabes israéliens et des personnes LGBTQ.
L’ambassadeur américain en Israël, Tom Nides, a rencontré Netanyahu au début du mois et, bien qu’il n’ait pas mentionné les noms de Smotrich et de Ben Gvir, il a fait allusion aux préoccupations de l’administration Biden concernant la nomination de ces deux personnes à des postes leur permettant de définir la politique israélienne à l’égard des Palestiniens, selon un fonctionnaire au fait de la question.
Nides a tenté de démentir l’idée qu’il cherchait à intervenir dans le processus de formation du gouvernement israélien, déclarant à la Douzième chaîne lors d’une interview jeudi, « Je ne peux pas dire à Bibi Netanyahu ce qu’il doit faire ».
« Nous travaillerons avec la personne nommée par le Premier ministre à ce poste », a déclaré Nides à propos du ministre de la Défense, une position qu’il lui a été plus facile à assumer à présent que Netanyahu a déclaré que le poste serait occupé par un membre de son propre parti.
En ce qui concerne Ben Gvir, Nides a refusé d’exclure la possibilité de le rencontrer, malgré les positions de longue date de Ben Gvir en faveur de l’expulsion des Arabes israéliens « déloyaux », de l’imposition de la peine de mort pour les terroristes condamnés, de l’assouplissement des règles de Tsahal en matière de tirs à vue sur les Palestiniens et de l’autorisation de la prière juive sur le mont du Temple.
« Je ne vais pas dire qui nous allons rencontrer et qui nous ne rencontrerons pas », a déclaré Nides à la Douzième chaîne, tout en répétant que l’administration Biden souhaite préserver les chances d’une solution à deux États et maintenir le statu quo actuel sur le mont du Temple, point névralgique de Jérusalem, où les Juifs peuvent se rendre mais pas prier, contrairement aux musulmans.
Parlant de Ben Gvir et de Smotrich, Van Hollen a fait valoir que Netanyahu lui-même avait par le passé refusé de les inclure dans ses gouvernements. Si c’est vrai dans le cas de Ben Gvir, que Netanyahu avait déclaré inapte à être ministre l’année dernière, cela n’est pas exact en ce qui concerne Smotrich, qui était ministre des Transports dans la dernière coalition du leader du Likud.
Van Hollen a ouvert sa réponse à la question sur les résultats des dernières élections israéliennes en se décrivant comme un « ami de longue date et un partisan des relations entre les États-Unis et Israël ».
Âgé de 63 ans, il a servi sept mandats à la Chambre des représentants des États-Unis et a récemment été réélu pour un second mandat au Sénat américain au début du mois. En tant que membre de la commission des relations étrangères, il commente régulièrement les affaires internationales, en particulier le conflit israélo-palestinien, et a longtemps été soutenu par J Street, le lobby modéré du Moyen-Orient.
« Je pense que les États-Unis vont devoir établir de manière très claire que nous condamnerons les violations des droits de l’homme chaque fois que nous les constaterons, sans quoi nous risquons de perdre toute crédibilité si nous nous contentons de dénoncer les violations des droits de l’homme lorsque nous traitons avec nos ennemis ou nos adversaires », a-t-il déclaré.
« Nous verrons de quelle manière tout cela va se passer, mais je pense que l’administration Biden réfléchit sérieusement à la manière dont nous allons procéder, en fonction des actions qui seront entreprises, car les États-Unis ne pourraient être mêlés à toute tentative de consolider, de réprimer ou d’aggraver l’occupation de la Cisjordanie », a-t-il ajouté.