Serbes et Juifs boycottent les cérémonies à Jasenovac – « l’Auschwitz croate »
"L'Etat n'a pas pris les mesures nécessaires pour faire cesser ou au moins réduire la négation de l'Holocauste (...) et le révisionnisme historique", a souligné Sasa Milosevic
Serbes et Juifs croates ont annoncé mardi qu’ils boycotteraient pour la quatrième année consécutive l’hommage aux victimes du camp de Jasenovac, le « Auschwitz croate » pendant la Seconde Guerre mondiale, en raison du « révisionnisme » des autorités sur le passé du pays.
Le camp de Jasenovac était dirigé par le régime oustachi, allié des nazis, qui a persécuté et tué des centaines de milliers de Serbes, Juifs, Roms et anti-fascistes croates.
« Rien n’a changé depuis un an » sur cette question, a déclaré mardi devant la presse Ognjen Kraus, responsable d’un organisme représentatif de plusieurs associations juives.
La réaction était identique chez les Serbes croates.
« L’Etat n’a pas pris les mesures nécessaires pour faire cesser ou au moins réduire la négation de l’Holocauste (…) et le révisionnisme historique », a souligné Sasa Milosevic, responsable adjoint de l’organisme SNV, regroupant différentes associations de Serbes, sur le site d’information Novosti.
La cérémonie à la mémoire des victimes de Jasenovac se tient en avril sur l’emplacement du camp.
Les anti-fascistes croates ont pour leur part indiqué qu’ils décideraient jeudi de leur présence ou pas.
Avec les Serbes et les Juifs croates, ils boycottent cette cérémonie depuis trois ans et tiennent leurs propres commémorations.
Selon les médias croates, le gouvernement conservateur du Premier ministre Andrej Plenkovic s’efforce de les convaincre de participer à la cérémonie.
Juifs, Serbes et anti-fascistes avaient été ulcérés par l’apposition d’une plaque par d’anciens para-militaires à Jasenovac, en 2016, qui était accompagnée d’un slogan du régime oustachi.
Cette plaque a été déplacée un an plus tard à une dizaine de kilomètres de là.
Le camp de Jasenovac fut le camp de la mort croate le plus vaste et le plus brutal, où de nombreux détenus furent achevés à coups de marteaux, couteaux ou encore lapidés.
Le nombre total des victimes suscite encore des controverses. Il varie entre des dizaines de milliers à 700 000 morts.