Shaare Zedek conjugue robotique et réalité augmentée lors d’une opération chirurgicale
Un patient de 25 ans avec une grave fracture à la colonne, entraînée par une chute, a pu marcher sans aide moins de 24 heures après l'intervention à l'hôpital de Jérusalem
Une intervention chirurgicale sans précédent dans le monde a été réalisée, au début du mois, à l’hôpital Shaare Zedek de Jérusalem, impliquant l’utilisation de la technologie robotique de réalité augmentée (AR) au cours d’une procédure chirurgicale mini-invasive qui visait à réparer une fracture complexe de la colonne vertébrale.
L’AR a été utilisée dans des opérations mini-invasives impliquant la colonne vertébrale dans le passé mais, selon Medtronic, qui a fabriqué cette technologie, jamais elle n’avait été combinée à la technologie robotique.
Lorsqu’un patient âgé de 25 ans a été amené aux urgences de l’hôpital, présentant une fracture sévère dans la région du bas du thorax après une chute faite depuis une certaine hauteur, le docteur Cezar Mizrahi a décidé que l’affaire nécessitait d’utiliser l’AR, à la fois pour obtenir un positionnement optimal de ses instruments et pour maximiser les chances de rétablissement du malade.
Mizrahi, spécialiste des chirurgies de la colonne vertébrale et des interventions neurochirurgicales, a indiqué au Times of Israel qu’il était partisan des actes chirurgicaux mini-invasifs, avec l’assistance des robots.
« Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai fait une opération ouverte, selon les règles de la vieille école. Personnellement, je crois dans la chirurgie mini-invasive et j’ai envie de dire que dans plus de 90 % des cas, j’utilise les robots les plus avancés dont nous disposons pour les instruments », a-t-il commenté.
C’est toutefois la première fois que Mizrahi ajoute à ce protocole l’utilisation de l’AR. Lors d’une conférence à Madrid, il y a quelques semaines, il avait eu la chance d’essayer le système proposé par Medtronic, une multinationale technologique spécialisée dans les soins de santé avec un bureau israélien à Herzliya. Il avait demandé aux représentants de la compagnie s’il lui serait possible d’accéder à la technologie AR – qui en est encore à ses essais-pilotes – si c’était nécessaire.
« Ils m’ont répondu par l’affirmative et quand ce patient est arrivé, j’ai réalisé que la technologie AR augmenterait mes chances en matière d’exactitude et de précision dans mon positionnement et je suis entré en contact avec eux… J’ai vraiment pensé que cela me donnerait un avantage face à cette fracture très complexe », continue Mizrahi.
Avec une course contre la montre dorénavant engagée et les chances de paralysie et de déficits neurologiques se renforçant pour le patient, Mizrahi a fait appel à ses contacts de Medtronic en Israël qui lui ont immédiatement fait parvenir le système AR.
Ce bras robotique est capable de faire une reconnaissance en trois dimensions du patient, sur la base de scanners réalisés antérieurement. Selon le chirurgien, le robot réalise « des enregistrements parfaits », ce qui offre au médecin la trajectoire idéale pour les instruments qu’il utilise.
Cette technologie réduit également le risque de placer une vis sur la moëlle épinière ou sur les racines nerveuses en permettant au chirurgien de voir le système de navigation au sein du robot. C’est comme si le médecin se trouvait à l’intérieur du robot, voyant ce que voit ce dernier.
De plus, le casque d’AR porté par le chirurgien lui permet de voir tous les scanners et toutes les planifications faites avant l’opération, qui ont été téléchargés avant cette dernière.
« Il suffit de bouger les yeux dans ce champ visuel – à gauche, à droite, en haut, en bas – et vous avez tout. C’est comme une PlayStation, » s’amuse Mizrahi.
L’intervention chirurgicale visant à stabiliser la fracture a duré quelques heures et dès le lendemain, le patient était sur ses pieds, marchant seul et se préparant lui-même un café, selon le médecin.
Cinq jours plus tard, une fois la douleur du patient maîtrisée, ce dernier a pu quitter l’hôpital.
« L’intervention s’est bien passée et nous sommes extrêmement reconnaissants à l’égard du docteur Mizrahi pour ses soins. Avant la chirurgie, nous étions très inquiets et nous ne savions pas ce qui allait se passer et heureusement, je me suis rétabli bien plus rapidement que prévu. Je peux marcher maintenant… J’éprouve une telle gratitude, elle vient du fond du cœur », a dit le patient.