Shaked de HaYamin HaHadash courtise les électeurs ultra-orthodoxes
La ministre de la Justice a rencontré des "haredim libéraux" au cours d'une réunion, expliquant que son nouveau parti veut afficher un candidat ultra-orthodoxe
La ministre de la Justice Ayelet Shaked s’est introduite sur un nouveau territoire de campagne jeudi, présentant son parti HaYamin HaHadash lors d’une réunion d’électeurs ‘haredim dans le bastion ultra-orthodoxe de Bnei Brak.
Tentant de séduire les électeurs ultra-orthodoxes, Shaked s’est fait l’écho du leader de sa nouvelle formation, le ministre de l’Education Naftali Bennett, et elle a attaqué le parti politique de Benjamin Netanyahu au pouvoir, a fait savoir le site Walla.
« Le Likud n’est pas de droite », a déclaré Shaked, face à un auditoire masculin, majoritairement constituée de juristes et réunie dans un salon, que le parti avait soutenu le désengagement de Gaza en 2005.
Cette apparition de Shaked à Bnei Brak, à l’est de Tel Aviv, a créé la surprise au vu des déclarations antérieures des leaders de HaYamin HaHadash laissant entendre qu’ils souhaitaient uniquement attirer les votes des électeurs de droite au sein des partis rivaux. Ils avaient indiqué qu’ils prendraient pour cible les soutiens les plus à droite du parti d’opposition Yesh Atid de Yair Lapid et ceux du tout nouveau Hossen LeYisrael, dirigé par l’ancien chef d’Etat-major Benny Gantz.
La majorité des sujets soulevés lors de cette réunion ont paru être une main tendue aux électeurs ultra-orthodoxes « modernes ».
« HaYamin HaHadash peut être un foyer pour les ultra-orthodoxes qui travaillent et qui veulent s’intégrer au sein de la société », a dit Shaked, se référant au nombre croissant de ‘haredim dans la population active israélienne.
« Nous faisons la promotion de l’intégration des ‘haredim sur le marché du travail et c’est le plus important dans ce cas – plus que la question du service militaire », a-t-elle continué. « Bennett fait la promotion de l’enseignement supérieur religieux, où hommes et femmes sont séparés, malgré l’opposition massive de la part des médias et du monde universitaire ».
Shaked a également vanté les liens qu’elle et Bennett entretiennent avec les membres ultra-orthodoxes de la Knesset, soulignant la coopération établie au cours de leur dernier mandat et disant que malgré les différences d’opinion, ces relations ont été marquées par le dialogue et la compréhension.
« Il y a une place pour un représentant ultra-orthodoxe au sein de notre parti », a-t-elle expliqué.
Un participant l’a interrogé sur les relations existant entre elle et Bennett et le leader de Yesh Atid, Yair Lapid, au cours de la précédente coalition qui avait exclu les partis ultra-orthodoxes du gouvernement en raison des demandes de Lapid d’imposer le service militaire aux ultra-orthodoxes.
Shaked a alors répondu que « tout ce qui est arrivé à ce moment-là est arrivé parce que Netanyahu nous avait mis dans l’impasse et qu’il fallait que nous le rejoignions ».
Elle a vivement critiqué Yesh Atid, estimant que « Lapid est un fake de la droite, il appartient typiquement à la gauche ». Néanmoins, malgré ses critiques du Likud, Shaked a déclaré aux personnes présentes « qu’après l’élection, il est clair que nous recommanderons Netanyahu au poste de Premier ministre mais vous aurez besoin de nous pour former une droite forte à ses côtés ».
L’appel du pied de Shaked et Bennett en direction des ‘haredim plus libéraux et travailleurs ne vient pas en dehors de tout contexte. 30 000 ‘haredim, selon les estimations, se seraient trouvés ces dernières années hors du cadre des partis traditionnels ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah, votant pour des formations non-ultra-orthodoxes et notamment pour le Likud.
Yisrael Cohen, journaliste ultra-orthodoxe présent lors de cette rencontre, a qualifié la démarche de Bennett et Shaked aux Haredim libéraux « d’appropriée ».
« Il y a des dizaines de milliers d’ultra-orthodoxes qui ont quitté les frontières de l’establishment ‘haredi et qui ne se considèrent pas toujours comme faisant partie du courant traditionnel », a-t-il expliqué.
« Certains d’entre eux sont allés à l’université, d’autres sont allés travailler immédiatement après leur mariage et ils sont plus libéraux que l’establishment et parfois, ce libéralisme se venge des partis habituels. Cela fait longtemps qu’ils recherchent un nouveau cadre politique et peut-être que Bennett et Shaked peuvent répondre à cette demande ».
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.