Israël en guerre - Jour 502

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Si les Etats-Unis peuvent décrypter des transmissions vitales d’Israël, qui d’autre le peut ?

La révélation que des alliés d’Israël ont surveillé pendant des années les flux de l’armée de l’air en temps réel est choquante ; il est encore plus préoccupant que nos ennemis puissent aussi le faire

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Un drone israélien en plein vol (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash 90)
Un drone israélien en plein vol (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash 90)

La nouvelle que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont espionné pendant des années les communications encodées des drones de l’Armée de l’Air israélienne et des avions de combat a eu l’effet d’une onde de choc à travers Israël vendredi, et l’histoire a fait la une de tous les journaux du pays.

Mais l’Amérique et le Royaume-Uni sont des alliés d’Israël.

Et si ce n’est jamais agréable d’apprendre que vos amis vous espionnent, la faille, considérée par un officiel comme étant « la pire fuite dans l’histoire du renseignement israélien », n’a pas forcément mis en danger la sécurité d’Israël.

Une préoccupation beaucoup plus importante serait que les nombreux ennemis d’Israël, non ses alliés, aient aussi été capables, ou seront capabables, de pirater les systèmes israéliens et de décrypter les systèmes informatiques israéliens, qui sont de plus en plus importants pour les civils comme pour les militaires.

La faille révélée vendredi souligne à nouveau cette possibilité.

Et la nature même des révélations met en avant une autre préoccupation forte pour les renseignements israéliens : l’article de The Intercept détaillant la faille de 18 ans dans les encodages est basé sur une information qui a fuité par Edward Snowden.

Si la NSA dispose d’un accès aux services de renseignements israéliens, et que les Etats-Unis sont piratés ou ont des informations qui fuient, tous les renseignements israéliens top secret pourraient être divulgués.

Selon les révélations choc de vendredi, les Américains et la Britannique interceptent depuis longtemps et décodent en temps réel des messages encodés entre les drones et les F-16 israéliens et le commandement au sol.

« C’est un tremblement de terre, a déclaré une source de haut rang, sous couvert d’anonymat, au site internet Ynet. Cela signifie qu’ils nous ont mis à nu, et, tout aussi important, que probablement aucun de nos systèmes encodés n’est protégé d’eux ».

En surveillant les flux des drones et des avions, la NSA américaine et le Quartier Général Britannique des Communications pouvaient suivre les actions israéliennes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, et aussi déterminer si Israël se préparait à lancer une attaque contre l’Iran ou d’autres cibles.

Inutile de dire que de telles informations seraient aussi intéressantes pour l’Iran, le Hamas et le Hezbollah. Et l’armée israélienne ne sait que trop bien qu’ils travaillent tous pour casser les systèmes israéliens et décoder les communications opérationnelles.

« Nous savons que les pays autour de nous font beaucoup d’efforts pour obtenir des capacités informatiques, a déclaré Oron Mincha, le porte-parole du Corps de Télécommunications C4I de l’armée, aux journalistes le mois dernier dans une conversation sur la base du groupe à Tzrifin, en banlieue de Tel Aviv.

« Lorsqu’un pays aide à la prolifération de roquettes, nous ne sommes pas surpris de voir qu’ils utilisent aussi des outils électroniques pour aider nos ennemis », a déclaré l’officier, sans citer le nom d’un pays, mais laissant clairement entendre l’Iran.

« Nous observons une relation forte entre la cinétic et la cybernétique », a-t-il déclaré.

Ce n’était pas la première fois que des groupes étrangers interceptaient des flux de drones israéliens. On sait, en effet, que le Hezbollah y était parvenu avec des conséquences fatales. En 1997, le Hezbollah a réussi à intercepter le flux (non encodé) d’un drône israélien et a utilisé l’information pour préparer une embuscade contre des membres de l’unité navale d’élite de Shayetet, tuant 12 soldats.

Une telle vulnérabilité est un problème inhérent à la communication sans fil, une difficulté à laquelle les militaires sont confrontés depuis des années, puisqu’ils cherchent à communiquer sur des longues distances sans que leurs messages ne soient interceptés.

Après l’incident de 1997, connu en hébreu comme la « catastrophe Shayetet », Israël a commencé à encoder ses communications, mais pas de manière suffisante, comme en atteste la période de 18 ans au cours de laquelle les Etats-Unis et l’Angleterre ont été capables de décoder ces transmissions.

« Le défi de l’utilisation des drones se situe dans votre capacité à gérer la question de la sécurité », a déclaré Mincha.

S’exprimant en décembre, Mincha a affirmé qu’Israël était « plutôt bon » en matière de sécurité informatique, même s’il a admis qu’il y a des choses qui « empêchent mon patron de dormir la nuit ».

« L’armée israélienne, a-t-il dit en touchant du bois, maintient jusqu’à présent un haut niveau de capacités de défense, grâce à la mise au point d’outils maisons pour la défense de notre système ».

Les révélations de vendredi contredisent clairement la pertinence de cette déclaration.

Pour essayer d’assurer le secret des flux de drones, l’armée a mis au point ses propres systèmes de protection des réseaux internes de communication UAV ; ces éléments semblent de toute évidence vulnérables. Même si les drones et leurs capacités de communication sans fil sont complexes et chères, la technologie nécessaire pour les pirater est étonnamment accessible et peu coûteuse.

En 2009, les Etats-Unis ont fait directement cette expérience lorsque les forces américaines ont découvert qu’elles étaient victimes d’un type d’attaque électronique comme celle que la NSA a menée contre Israël.

Des insurgés irakiens, utilisant des équipements achetés dans des magasins et un programme informatique pour le grand public, ont pu intercepter des flux vidéos de drones Predator, qui n’étaient pas encodés à l’époque, pour les surveiller.

« N’importe qui peut aller dans un magasin et acheter un équipement pour 10 000 dollars qui peut copier notre capacité », a déclaré Robert Elder, un lieutenant général de l’armée de l’air américaine, au magazine Wired en 2014.
Puisqu’Israël utilise des transmissions encodées, la NSA et le GCHQ ont dû investir dans des outils informatiques beaucoup plus puissants que ceux des insurgés irakiens, selon The Intercept.

Il n’était pas tout de suite clair avec les articles de vendredi de savoir si les Etats-Unis et l’Angleterre sont toujours capables de contrôler le flux des drones israéliens, et si l’armée israélienne ne ferait pas de commentaire officiel pour expliquer si la nouvelle de la faille entraînerait une réponse ou un changement de politique dans l’armée de l’air.

Le ministre de l’Energie Yuval Steinitz a affirmé qu’Israël était « déçu » mais pas « surpris » par la faille de renseignements. D’où la question : si, comme Steinitz le dit, Israël pense que les Etats-Unis l’espionnent, pourquoi le pays n’a-t-il pas pris des mesures plus sophistiquées pour protéger ses communications ?

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