Smotrich : Herzog, « gauchiste », ne peut pas être médiateur dans les négociations
Benny Gantz, leader du parti de centre-droit HaMahane HaMamlahti, a rétorqué que le président faisait tout pour empêcher la destruction de la démocratie
Le ministre des Finances, Bezalal Smotrich, a estimé mardi que le président Isaac Herzog était « un gauchiste ». Il a en conséquence accusé le chef de l’État d’être dans l’incapacité de tenir le rôle de médiateur neutre dans le cadre des pourparlers visant à trouver un compromis dans la réforme du système judiciaire israélien.
« Je vous rappelle que le président a diffusé son plan [de réforme judiciaire] de manière unilatérale. Il s’aligne sur la gauche à 100 % . Le président est un gauchiste et malheureusement, il est incapable de jouer le rôle d’intermédiaire neutre et équitable », a dit Smotrich, membre de l’extrême-droite, au micro de la station de radio ultra-orthodoxe Kol BaRama, faisant référence à la proposition de compromis – quasiment aussitôt rejetée – qui avait été faite par Herzog au mois de mars en amont des négociations qui se déroulent actuellement sous les auspices du président.
« J’ai pensé que prendre part aux pourparlers à la résidence du président n’était pas une bonne chose démocratiquement – il y a une Knesset. Le seul fait que ce débat ait été sorti des murs du Parlement est une décision qui n’a rien de démocratique. En même temps, nous sommes arrivés en ayant l’esprit ouvert mais nous avons découvert que nous n’avions pas de partenaire », a-t-il ajouté.
Le député Benny Gantz, leader du parti de centre-droit HaMahane HaMamlahti, a rétorqué que Herzog faisait tout son possible pour empêcher « la destruction de la démocratie » dont Smotrich faisait la promotion avec le plan de réforme du système israélien de la justice.
« Le président du pays œuvre, nuit et jour, à empêcher la destruction de la démocratie, la fracture de la nation et de graves dégâts commis dans l’économie israélienne », a dit Gantz dans une déclaration. « Les ministres du gouvernement seraient bien inspirés de cesser les graves atteintes aux citoyens d’Israël qu’ils infligent dans le cadre de ce coup d’État au lieu de blâmer ceux qui font tout pour le prévenir ».
Yitzhak Kroizer, de la faction d’extrême-droite Otzma Yehudit, a lui aussi répondu à Smotrich.
« On peut soutenir la réforme judiciaire ou s’y opposer. Mais ce qui est certain, c’est que le président ne fait pas partie de l’équation, le président Herzog est un homme qui a de nombreuses vertus et l’État d’Israël est très important pour lui », a écrit Kroizer sur Twitter.
Smotrich a tenu ces propos vingt-quatre heures après l’annonce faite par le gouvernement de la ligne dure du Premier ministre Benjamin Netanyahu qu’il ferait avancer de manière unilatérale un projet de loi qui prévoit de limiter l’utilisation de la notion juridique de « raisonnabilité » dans le réexamen, par les juges, des décisions gouvernementales – et que la législation serait approuvée avant la fin de la session estivale de la Knesset, le mois prochain. Ce texte est un élément central du plan de refonte du système judiciaire israélien.
En réponse à l’annonce faite par la coalition, Herzog a diffusé un communiqué disant qu’ « aucune ébauche contraignante n’a été envoyée par la résidence du président aux parties en lice et, bien sûr, aucun accord n’a été trouvé sur les problématiques soulevées ».
« Naturellement, des idées ont été proposées dans les discussions internes et dans le public en général concernant les sujets figurant à l’ordre du jour mais ces derniers n’ont entraîné pour le moment ni accord, ni conclusion », a ajouté Herzog.
Herzog a aussi demandé aux représentants de la coalition et de l’opposition de revenir à la table des négociations, malgré les lignes rouges qui ont pu être franchies par les uns ou par les autres.
« J’ai toujours cru – et je le crois aujourd’hui plus que jamais – que le dialogue est la meilleure solution pour l’État d’Israël. Je répète mon appel à la responsabilité nationale, à continuer le dialogue fructueux et substantiel qui a eu lieu ces derniers mois dans le cadre de la résidence du président », a-t-il dit.
La décision prise par les leaders de la coalition de présenter le projet de loi a probablement sonné le glas des pourparlers dans l’impasse qui étaient accueillis par Herzog, avec pour objectif de trouver un compromis.