Israël en guerre - Jour 537

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Opinion

Smotrich perd le soutien de ses électeurs pour avoir soutenu la dérobade des Haredim

S'opposer à un accord pour les otages ne permettra pas au ministre des Finances de regagner des partisans - qui cherchent un parti qui donnerait au service militaire la place qui lui revient

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, chef du parti HaTzionout HaDatit, s'exprimant à côté d'une tente de protestation organisée par les familles endeuillées des soldats tués pendant la guerre à Gaza, près de la Cour suprême, à Jérusalem, le 3 juin 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, chef du parti HaTzionout HaDatit, s'exprimant à côté d'une tente de protestation organisée par les familles endeuillées des soldats tués pendant la guerre à Gaza, près de la Cour suprême, à Jérusalem, le 3 juin 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Alors que les négociations sur le budget national sont en cours, le ministre des Finances Bezalel Smotrich est en chute libre dans les sondages et ne bénéficie d’aucun soutien de la part de l’opinion publique. Sa base électorale est consternée, pour ne pas dire plus, par son silence assourdissant sur la question des exemptions du service militaire obligatoire pour les hommes ultra-orthodoxes – ou Haredim.

Smotrich a subi une véritable déperdition de soutien au cours de l’année écoulée, mais ses électeurs semblent aujourd’hui plus insatisfaits que jamais. Un sondage publié vendredi par le quotidien Maariv a confirmé cette tendance, en plaçant à nouveau son parti sous le seuil électoral de quatre sièges à la Knesset, qui en compte 120, comme de nombreux sondages l’ont fait depuis des mois.

Avant la guerre à Gaza, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, les sondages montraient que son partenariat politique avec le parti Otzma Yehudit d’Itamar Ben Gvir leur permettait d’obtenir 10 à 12 sièges à la Knesset. Mais après la scission des deux factions, Ben Gvir a obtenu à lui seul six à huit sièges selon les sondages – et jusqu’à 12 l’hiver dernier – tandis que Smotrich n’a pas franchi le seuil de la Knesset la plupart du temps.

La distinction initiale entre eux concernait leur position sur le premier accord de « trêve contre libération d’otages » conclu avec le Hamas, en novembre 2023. Smotrich avait voté en faveur de cet accord, malgré ses objections antérieures, après avoir été convaincu par des responsables de l’establishment de la sécurité. En revanche, Ben Gvir s’est catégoriquement opposé à tout accord dès le départ.

Des manifestants ultra-orthodoxes bloquant une route et se heurtant à la police lors d’une manifestation contre le projet de loi d’exemption des Haredim dans l’armée, sur la Route 4, à l’extérieur de Bnei Brak, le 2 mai 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Ben Gvir bénéficie du soutien de quelque 300 000 Israéliens qui semblent préférer la poursuite de la campagne militaire à tout prix à la libération des otages. Ceux qui ont voté pour Smotrich en 2022 semblent avoir une position plus nuancée et plus complexe.

Au début de la guerre, Smotrich pensait que le rejet d’un quelconque accord pour les otages l’aiderait à regagner les électeurs perdus. Il a donc rapidement manifesté son opposition à toute velléité de négociation entre Israël et ses ennemis.

Mais ses électeurs n’ont pas été impressionnés, et ce n’est pas parce qu’il est l’un des pires ministres des Finances de l’Histoire d’Israël. C’est plutôt en raison de son rôle indirect dans la préservation de la coalition actuelle et de son soutien tacite aux exemptions générales de service militaire pour les Haredim.

Cette rage contre le chef du parti est évidente ; par exemple, les flots de messages sur les réseaux sociaux par des femmes sionistes religieuses dont les époux servent dans les réserves.

Des soldats ultra-orthodoxes sur la scène lors d’une cérémonie de Yom HaZikaron pour les soldats haredim tombés au combat, à Jérusalem, le 24 avril 2023. (Crédit : Chaïm Tovito)

Un nouveau groupe Facebook s’intitulant « Partners in Service » (Partenaires en service) en est un bon exemple. Il est dirigé par Ofra Lifshitz, qui envoie des mises à jour dans des groupes Facebook ou WhatsApp et qui est également fréquemment interviewée par les médias. Ces dernières semaines, ses groupes se sont fait l’écho d’appels à l’action publique, tout en affirmant l’évidence : « Smotrich, si vous restez silencieux, nous ne voterons plus pour vous. »

Dans une publication datant du 19 octobre, elle a félicité son mari – un colonel réserviste de l’armée israélienne qui dirige la yeshiva Siach-Yitzhak dans l’implantation d’Efrat, en Cisjordanie – pour avoir servi plus de 250 jours en service de réserve, et a noté que leur fils était lui aussi un soldat de combat.

« Il est inconcevable qu’une année se soit déjà écoulée depuis que la guerre a éclaté. Au cours de cette période, ils auraient pu recruter et former trois, voire quatre, nouvelles brigades de conscrits haredim pour alléger le fardeau [surnom du service militaire en Israël]. Mais cela ne s’est pas produit », a-t-elle écrit.

« Au lieu de cela, mon fils, qui est commandant d’équipe dans la Brigade Givati, a vu son service prolongé de quatre mois. »

Le chef du parti Otzma Yehudit et ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir dirigeant une réunion de sa faction, à la Knesset, le 10 juin 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Au cours d’une interview accordée vendredi à la radio 103FM, Lifshitz a fait une prédiction que de nombreux membres de la communauté ultra-orthodoxe ne réalisent pas, mais qui est largement répandue à l’extérieur de celle-ci : ils sont sur le point de devenir leur propre État, séparé du reste d’Israël.

Son groupe Facebook comprend des messages d’autres femmes religieuses qui partagent des expériences similaires et expriment leur consternation face aux mesures prises par le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le Likud, et d’autres petits partis de la coalition pour adopter une nouvelle loi cimentant l’exemption de la plupart des Haredim du service militaire obligatoire.

Ces groupes ne mentionnent presque jamais les Juifs laïcs, qui supportent la majeure partie du service de réserve, car ils considèrent qu’il s’agit d’un débat intra-religieux. Les sionistes religieux ont été furieux lorsque le chef du parti Yahadout HaTorah, Yitzhak Goldknopf, a indiqué qu’ils n’étudiaient pas vraiment la Torah. Lifshitz, dont l’époux est en service actif tout en dirigeant une yeshiva, leur donne raison.

Il semble que Smotrich, Ben Gvir et le chef du parti Shas, Aryeh Deri, ne soient pas perturbés par les critiques croissantes et donnent la priorité à la survie de la coalition. Et Smotrich, au lieu de reconnaître qu’il s’est aliéné ses partisans, continue apparemment à croire que le fait de s’opposer à un accord pour les otages l’aidera à conserver sa force politique. C’est ce que reflètent ses menaces de dissoudre le gouvernement si un accord de « trêve contre libération d’otages » se concrétisait.

Le chef de Yahadout HaTorah, Yitzhak Goldknopf, rencontrant des parents d’otages détenus par le Hamas à Gaza, le 3 juin 2024. (Crédit : Porte-parole Yahadout HaTorah/X)

Garder le silence sur la question de l’exemption des Haredim et permettre son inscription dans la loi prolongerait la durée de vie de la coalition d’une année supplémentaire, au cours de laquelle il pense manifestement que l’opinion publique acceptera la nouvelle réalité et le soutiendra une fois de plus.

Si Smotrich est en grande difficulté électorale, comment se fait-il que le parti au pouvoir, le Likud, progresse constamment dans les sondages tout en soutenant l’évasion des Haredim – et en représentant simultanément les électeurs en service de réserve actif ?

D’importantes personnalités sionistes religieuses sans lien avec le parti estiment que si l’ancien Premier ministre Naftali Bennett, qui s’est concentré sur la conscription militaire, présentait officiellement sa candidature, il siphonnerait immédiatement un grand nombre de voix du Likud.

Même l’ancien ministre Yoaz Hendel, qui est à la tête d’un mouvement de réservistes, remporte jusqu’à six sièges à la Knesset dans certains sondages. La société sioniste religieuse cherche désespérément un nouveau foyer politique qui accorderait au service militaire la place qui lui revient.

C’est la raison pour laquelle Bennett a lancé une campagne politique autour du projet de loi. « Ils parlent de [conscrire] 3 000 [Haredim] par an alors qu’il en faudrait 20 000 », a-t-il déclaré dans une vidéo publiée vendredi.

Bennett serait en mesure d’obtenir des sièges à la Knesset au détriment du Smotrich et du Likud, ainsi que du centre politique représenté par le chef du parti Yesh Atid, Yaïr Lapid, et par le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz. Le projet de loi sur les Haredim sera la pierre angulaire de sa campagne électorale.

Traduit et édité à partir de l’original du site Zman Yisrael, la version en hébreu du Times of Israel.

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