Sous pression, Netanyahu ordonne la reprise de l’aide à Gaza
La décision est prise sans vote ministériel après deux mois et demi de blocage sur fond d’offensive renouvelée

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ordonné dimanche soir la reprise immédiate de l’acheminement de l’aide humanitaire « de base » vers la bande de Gaza, une décision extrêmement mal accueillie par ses cercles de droite, alors que les États-Unis intensifient leur pression visant à mettre fin à un blocus qui dure depuis des mois.
La mesure a été validée au cours d’une réunion du cabinet de sécurité, sur recommandation de hauts responsables militaires qui auraient averti que les stocks alimentaires détenus par l’ONU et les organisations humanitaires étaient désormais épuisés, provoquant une crise humanitaire aiguë.
Aucun vote n’a été organisé parmi les ministres, dont certains se seraient vivement opposés à la décision, qui contredit les déclarations répétées de plusieurs hauts responsables ces derniers mois, selon lesquelles l’aide ne reprendrait que lorsqu’un nouveau mécanisme serait mis en place pour empêcher le Hamas de détourner les livraisons. Finalement, l’aide sera acheminée selon les mécanismes antérieurs.
Dans un communiqué confirmant la décision, le bureau du Premier ministre a indiqué que le flux d’aide avait été rétabli « sur recommandation de Tsahal et en raison de la nécessité opérationnelle de permettre l’intensification des combats visant à vaincre le Hamas ».
Le gouvernement israélien a indiqué qu’il autoriserait « l’entrée d’une quantité de base de nourriture pour la population, afin d’éviter une crise de la faim dans la bande de Gaza », ajoutant qu’une telle crise risquerait de compromettre la poursuite de l’opération militaire visant à vaincre le Hamas.
« Israël agira pour empêcher le Hamas de prendre le contrôle de la distribution de l’aide humanitaire et veillera à ce qu’elle ne parvienne pas aux terroristes du Hamas », a conclu le communiqué.
La décision aurait été prise sans vote formel, une procédure habituellement suivie, même si elle n’est pas requise par la loi, du fait de l’opposition exprimée par une majorité des membres du cabinet. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a réclamé un vote, qui lui a été refusé. Le cabinet a ensuite débattu de la réalité ou non d’un état de famine à Gaza.
« Le Premier ministre commet une grave erreur en prenant une décision qui n’a même pas été approuvée par la majorité. Nous devons écraser le Hamas, pas lui fournir de l’oxygène », a dénoncé Ben Gvir dans un communiqué, rejoint peu après par d’autres responsables et groupes de droite, qui ont fustigé la reprise de l’aide.

Peu après l’annonce officielle du bureau du Premier ministre, un second communiqué a été adressé aux journalistes, cette fois au nom d’un « haut responsable », précisant que la reprise de l’aide constituait une « mesure temporaire », valable pour environ une semaine, le temps que de nouveaux centres de distribution soient opérationnels.
La majorité de ces centres seront situés dans le sud de la bande de Gaza, sous contrôle sécuritaire de Tsahal et gérés par des sociétés privées américaines, selon ce responsable anonyme.
Eri Kaneko, porte-parole de Tom Fletcher, coordinateur de l’aide humanitaire de l’ONU, a confirmé que les autorités israéliennes avaient demandé à l’agence onusienne de « reprendre l’acheminement d’une aide limitée », ajoutant que des discussions étaient en cours sur la logistique, « compte tenu des conditions sur le terrain ».

Cette décision intervient alors que les pressions américaines se font de plus en plus fortes pour que soit levé le blocus imposé à Gaza et pour prévenir une crise humanitaire que les organisations humanitaires affirment déjà bien installée depuis plusieurs semaines.
Jusqu’ici, Israël avait refusé de renouveler l’aide, accusant le Hamas de détourner les livraisons à son profit.