Suisse : un Franco-israélien poursuivi pour détournement de 5,7 millions d’euros
L'homme a utilisé la technique de « l'arnaque au faux technicien bancaire » pour extorquer des millions à des entreprises de Suisse romande depuis son domicile de Netanya

Lundi 7 avril dernier, au tribunal pénal de Bellinzone (Suisse), un Franco-israélien de 37 ans a comparu pour répondre d’accusations portées par 19 entreprises de Suisse romande dans une affaire d’escroquerie à grande échelle, d’après une information publiée dans la Tribune de Genève.
Poursuivi pour soustraction de données, accès indu à un système informatique et utilisation frauduleuse d’un ordinateur par métier, l’homme était soupçonné de faire partie d’un réseau cybercriminel international ayant détourné pas moins de 5,7 millions d’euros appartenant à des entreprises de la région entre 2016 et 2018.
L’homme, basé à Netanya (centre d’Israël), se faisait passer pour un technicien bancaire au téléphone. Il gagnait ainsi la confiance de ses interlocuteurs qui lui donnaient accès à leurs comptes bancaires depuis lesquels il pouvait transférer d’importantes sommes d’argent vers des comptes enregistrés au nom de sociétés partout dans le monde.
Une activité qui « n’était pas propre », de l’aveu-même du prévenu, qui avait été recruté contre un salaire mensuel de 6 000 euros entre décembre 2016 et août 2018.
D’après l’acte d’accusation, il se prétendait être un technicien bancaire appartenant à une banque suisse et convainquait un employé de l’entreprise ciblée d’ouvrir une session d’e-banking sur son ordinateur, ainsi que de rentrer un URL dans une nouvelle barre de recherche internet qui permettait de télécharger un logiciel de prise de contrôle à distance de l’ordinateur. Il transférait alors de l’argent vers des comptes bancaires basés en Allemagne, en Chine, à Hong Kong, en Bulgarie, aux Pays-Bas, en République tchèque, en Pologne, en Hongrie ou encore à Genève.

Seul membre de son réseau criminel à avoir été identifié par la police, l’homme n’a été interpellé qu’en 2022 à l’aéroport de Newark, aux États-Unis, avant d’être extradé vers la Suisse pour être jugé. L’homme nie au moins une partie des faits qui lui sont reprochés, selon ses avocates Me Miriam Mazou et Me Marie Besse.
De son côté, Sébastien Fanti, avocat d’une des entreprises plaignantes, a déclaré qu’il espérait que la « justice suisse saisira l’occasion de prononcer une peine exemplaire à même de dissuader de nouvelles vocations. Le rôle du prévenu dans l’activité de l’organisation a été essentiel. Ce n’est pas un petit poisson qui est présenté aux juges, ce qui est rare dans les affaires de cybercriminalité en Suisse ».
L’entreprise qu’il défend aurait perdu un peu plus d’1,6 million d’euros dans l’affaire.
Le magazine 20Minutes rapporte que le prévenu aurait « beaucoup de remords », expliquant qu’il avait accepté le contrat pour « améliorer son quotidien », en dépensant l’argent qu’il avait reçu en voyages, sorties et vêtements.